Le ministre d'Etat pour les Affaires du Parlement, Mahmoud Comati, membre du Hezbollah, a prévenu que le parti chiite allait riposter aux attaques de drones attribuées à Israël contre la banlieue sud de Beyrouth le 25 août dernier, alors que sa formation a déjà riposté le 1er septembre aux frappes israéliennes en Syrie qui ont tué deux de ses cadres le 24 août.
"L'ennemi israélien a voulu changer les règles du jeu (...) en ciblant nos frères en Syrie et en envoyant deux drones contre la banlieue sud de Beyrouth. Mais il y a eu une riposte contre le bombardement d'un poste du Hezbollah en Syrie, et il y aura une riposte contre l'opération de drones contre la banlieue sud, afin que l'équilibre de la dissuasion qui protège la nation ne soit pas modifié. Car plus la Résistance est vigilante, plus la guerre s'éloigne", a affirmé M. Comati, lors d'une réunion partisane dans le cadre des commémorations de Achoura dans le village de Arabsalim.
Les commémorations de la Achoura marquent la mort du troisième imam des musulmans chiites, l'imam Hussein, tué en "martyr" en 680 lors de la bataille de Kerbala contre le calife Omeyyade Yazid.
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"Le rempart de ce pays"
La dernière confrontation entre le Hezbollah et Israël était allée crescendo. Elle avait commencé par un bombardement de l'armée israélienne en Syrie qui a tué deux combattants du Hezbollah le 24 août, avant de se poursuivre par des accusations d'attaques de drones israéliens, le lendemain, contre la banlieue sud de Beyrouth - fief du Hezbollah -, qualifiées de "déclaration de guerre" par le président de la République, Michel Aoun. Le 1er septembre, le Hezbollah avait tiré des missiles antichars sur le nord d'Israël, qui a répliqué par des frappes dans le sud du Liban, provoquant des incendies. Les tirs du Hezbollah étaient une riposte au bombardement israélien en Syrie, ce qui fait que le doute persiste autour d'une autre riposte du parti chiite à l'attaque des drones. Mais depuis l'accès de tension du 1er septembre, la tension était quelque peu retombée.
"Nous ne permettrons pas au vaincu de nous imposer ses règles qui sont dans l'intérêt de l'ennemi israélien. Nous ne permettrons pas que les règles d'engagement soient modifiées dans l'intérêt de l'ennemi israélien", a insisté M. Comati. "La Résistance (le Hezbollah, ndlr) est le rempart de ce pays. La Résistance est l'équation dure sur les plans local, régional et international. Elle est prête et se porte bien. Elle est forte pour défendre la nation aux côtés de l'armée et du peuple", a conclu le ministre.
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"Plus de lignes rouges"
Vendredi, le président Michel Aoun a prôné la "légitime défense" du Liban face à toute agression israélienne contre le pays du Cèdre. Il a également estimé que la dernière attaque de drones israéliens contre la banlieue sud de Beyrouth constitue "un écart majeur des règles d'engagement fixées par la résolution 1701 (du Conseil de sécurité de l'ONU) que le Liban respecte depuis 2006".
La veille, le Premier ministre Saad Hariri avait réaffirmé l'engagement du Liban à appliquer la résolution 1701, trois jours après que le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, eut affirmé que sa formation avait "brisé les lignes rouges" dans sa confrontation avec Israël, menaçant de frapper "en profondeur" le territoire d'Israël en cas d'attaque.
Même son de cloche de la part du ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohammad Fneich, lui aussi membre du Hezbollah, qui a affirmé aujourd'hui qu'"il n'y a désormais plus de lignes rouges ou quoi que ce soit d'autre". Le ministre se prononçait également dans le cadre des commémorations de Achoura à Bin Jbeil, au Liban-Sud. "Nous ne pouvons plus accepter l'équation selon laquelle notre force réside dans notre faiblesse. Cette affirmation a été rendue caduque depuis les exploits de la Résistance", a-t-il affirmé.
Pour sa part, le cheikh Ali Daamouche, vice-président du Conseil exécutif du Hezbollah, a affirmé qu'Israël, "à travers ses récentes agressions contre la Syrie et la banlieue sud de Beyrouth, a voulu briser l'équation qui prévaut et les règles d'engagement militaire afin d'en instaurer de nouvelles".
Jeudi, le bloc parlementaire du Hezbollah avait promis une "riposte dissuasive" en cas de nouvelle attaque israélienne.
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L'absence totale de discipline gouvernementale est affligeante: chaque ministre s'exprime quand il veut, comme il veut, ici M. Comati, là M. Bou-Faour ou encore (et toujours) M. Bassil. À croire qu'ils sont chacun le porte-parole d'un parti politique et pas des membres du gouvernement. Je pense que le PR et le PM doivent y mettre le holà. C'est insupportable!
23 h 26, le 08 septembre 2019