Le leader druze Talal Arslane s'en est pris verbalement dimanche au Premier ministre Saad Hariri, a l'occasion de la commémoration du quarantième du décès de deux de ses partisans, Samer Abi Farraj et Rami Salmane, tués lors des affrontements armés de Qabr Chmoun, dans le caza de Aley, avec des partisans de son rival druze Walid Joumblatt.
"Q'u'il cesse de nous adresser des messages car le pays ne peux plus supporter cela. Envoyer des messages depuis les capitales étrangères est un crime contre le pays et les Libanais. Nous n'avons rien à nous reprocher quant à nos alliances. Celui qui attend de recevoir des messages d'outre-mer est celui qui se trouve en position de faiblesse", a lancé Talal Arslane, lors d'un discours qu'il a tenu à Khaldé devant ses partisans et des responsables politiques de formations alliées.
Lors de déclarations accordées à la presse jeudi alors qu'il se trouvait à Washington, Saad Hariri avait fermement exprimé son soutien à son allié Walid Joumblatt, mettant en garde contre toute tentative de s'en prendre à ce dernier physiquement et affirmant que cela mènerait le Liban vers la guerre civile, dans une claire critique à l'adresse de Talal Arslane et ses alliés.
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Le discours de M. Arslane intervient après la réconciliation qui a été scellée entre lui, le 9 août au palais présidentiel de Baabda sous la houlette du président Aoun, du Premier ministre Saad Hariri, et du président du Parlement Nabih Berry, et du chef du PSP, Walid Joumblatt. La rencontre avait mis fin à une crise politique qui avait paralysé le gouvernement depuis le 30 juin, jour des affrontements inter-druzes de Qabr Chmoun. Ce jour-là, des échanges de tirs avaient eu lieu entre partisans de Walid Joumblatt et de son rival Talal Arslane (allié au Hezbollah), au passage du convoi du ministre d’État pour les Affaires des réfugiés Saleh Gharib (membre du Parti démocrate libanais de M. Arslane). L'incident était intervenu alors que le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil, qui dirige le Courant patriotique libre fondé par le président Aoun, effectuait une visite dans le caza de Aley, où il avait notamment tenu des propos controversés sur la guerre druzo-chrétienne de la Montagne dans les années 80. Le chef de l’État avait affirmé que la fusillade a été provoquée par une embuscade visant Gebran Bassil, une version réfutée par Walid Joumblatt. Talal Arslane affirmait pour sa part que Saleh Gharib était visé par ce qu'il qualifiait de guet-apens.
"Le but de Samer et Rami était de mourrir en martyr, et leur mort est une grande perte. Ce qui s'est passé avec +mon fils+, Saleh Gharib, n'est pas anodin. Ce n'était pas une dispute ou une bagarre, ni un incident né le jour-même. Mais (...) l'orgueil ne résoudra pas le problème. Nous ne faisons pas partie de l'école qui laisse le sang couler en vain", a martelé Talal Arslane.
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"Le sang de Samer et Rami"
"J'ai devant moi quatre initiatives (de médiation), la première ayant été lancée par le président du Parlement, Nabih Berry. La réunion qui s'est tenue à Baabda (le 9 août) était le résultat de toutes ces initiatives. Nous n'avons jamais accepté de compromis à ce sujet, ni de loin, ni de près, a insisté le chef du PDL. On nous accusait de bloquer le pays au moment où des échéances financières se faisaient pressantes. Comme si le pays, avant ces quarante jours (de blocage) se portait bien. Malgré tout cela, nous avons dit que nous sommes prêts à régler la question de la paralysie du gouvernement, toutefois sur la base d'une nette distinction entre les processus, politiques judiciaire et sécuritaire (dans l'affaire). Nous n'avons jamais dit non à chacune des quatre médiations", a-t-il encore rappelé. "Tout le monde doit assumer ses responsabilités dans le sens du renforcement de l'Etat (...) sur tout le territoire. Et cela ne peut faire l'objet de négociations", a insisté Talal Arslane.
"Nous sommes tous prêts à aller devant la justice pour les besoins de l'enquête, à leur tête Saleh Gharib. Personne ne bénéficie de couverture politique. Mais nous voulons savoir comment le sang de Samer et Rami a été versé", a souligné le leader druze, faisant savoir que "le plan sécuritaire sérieux et transparent pour la Montagne (druzo-chrétienne) est une responsabilité que l'Etat assume".
"Nous sommes en faveur de la réconciliation, mais c'est un long processus qui nécessite davantage d'actions", a conclu le chef du PDL.
Talal Arslane a également profité de cette occasion pour saluer le président syrien, Bachar el-Assad, dont il est proche, alors que l'ambassadeur de Syrie au Liban, Ali Abdel Karim Ali, se trouvait dans l'assistance. Talal Arslane s'est également attardé sur le 13e anniversaire de la guerre de juillet 2006 entre le Hezbollah et Israël. Cette guerre de 34 jours s'est soldée par la mort de 1.200 Libanais, en majorité des civils, et de 160 Israéliens, la plupart des soldats, sans que Tel Aviv ne parvienne à anéantir le Hezbollah.
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commentaires (14)
le conflit inter druzes a toujours existe et il existera toujours. Ne mêlez pas les autres à vos chamailleries de princes féodaux
Lecteur excédé par la censure
22 h 00, le 18 août 2019