De gauche à droite : le chef du Parti démocratique libanais, Talal Arslane, le président du Parlement, Nabih Berry, le président Michel Aoun, le Premier ministre Saad Hariri et le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, le 9 août 2019 au palais de Baabda. Photo Dalati et Nohra
Quarante jours après les affrontements meurtriers de Qabr Chmoun dans le caza de Aley qui ont paralysé le gouvernement libanais, le Premier ministre Saad Hariri a annoncé vendredi soir la tenue d'un Conseil des ministres samedi à 11 heures au palais de Baabda. Ces propos ont été tenus au terme d'une réunion de "réconciliation" entre les deux leaders druzes rivaux Walid Joumblatt et Talal Arslane au palais présidentiel, sous la houlette du chef de l’État Michel Aoun, du Premier ministre Saad Hariri, et du président du Parlement Nabih Berry.
"La réconciliation a été scellée et à partir d'aujourd'hui, nous ouvrons une nouvelle page de coopération pour l'intérêt du Liban et des Libanais", a déclaré M. Hariri dans une courte allocution à l'issue d'une "réunion franche et de réconciliation". "Les participants à cette réunion ont condamné les regrettables incidents de Qabr Chmoun, dont le dossier se trouve désormais aux mains de la justice militaire qui enquête sur leurs circonstances. A l'issue de cette enquête, le gouvernement prendra alors une décision", a fait savoir le Premier ministre.
Le gouvernement ne s'est plus réuni depuis les incidents de la Montagne, notamment en raison des divergences sur la saisine ou non de la Cour de justice pour juger ces affrontements.
A l'issue de cette rencontre, M. Joumblatt s'est déclaré "soulagé" par cette réconciliation. Dans la soirée, une vidéo du leader druze conduisant sa voiture dans les rues de Qabr Chmoun circulait sur les réseaux sociaux.
Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), M. Arslane a quitté Baabda avec le sourire. Le chef du Parti démocratique libanais doit s'exprimer lors d'une conférence de presse qu'il tiendra à Khaldé samedi à midi.
"Ce qui s'est passé est une réussite", a déclaré de son côté M. Berry à l'issue de cette rencontre.
Le 30 juin, des échanges de tirs ont eu lieu entre partisans de Walid Joumblatt et de son rival, le chef du Parti démocratique libanais Talal Arslane (allié au Hezbollah), au moment du passage du convoi du ministre d’État pour les Affaires des réfugiés Saleh Gharib (membre du PDL). Parallèlement, le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil effectuait une visite dans le caza de Aley, où il avait notamment tenu des propos controversés sur la guerre druzo-chrétienne de la Montagne dans les années 80. Deux partisans du parti de M. Arslane ont été tués lors de ces affrontements.
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Ces accrochages avaient débouché sur une crise politique, le gouvernement de Saad Hariri ne s'étant plus réuni depuis cet incident. Le Premier ministre craignait des divisions au sein du cabinet. La semaine dernière, les Forces de sécurité intérieure avaient clôturé leur enquête et remis leur rapport au chef de l’État, au président de la Chambre et au Premier ministre. Cette enquête écartait la piste d'une embuscade tendue en vue d'assassiner le ministre Saleh Gharib par des partisans joumblattistes, comme le prétendait M. Arslane et ses alliés. Mais l'affaire est encore entre les mains de la Justice militaire, au moment où M. Arslane et ses alliés réclament qu'elle soit transférée à la Cour de justice, une instance d'exception. Cette demande a été catégoriquement rejetée par M. Joumblatt, le Premier ministre, ainsi que le président Berry.
Dans la semaine, le Parti socialiste progressiste avait accusé les proches du président Aoun d'avoir "monté de toutes pièces un dossier politique" autour des affrontements. De son côté, Talal Arslane avait affirmé "rejeter en bloc toute initiative ne comprenant pas une clarification de la tentative d'assassinat du ministre Gharib", sans réclamer la saisine de la Cour de justice. Lundi, le président Aoun avait affirmé, selon des proches, que c'est Gebran Bassil qui était visé par "l'embuscade" et non Saleh Gharib.
Saad Hariri, qui se trouvait depuis la fin de la semaine dernière à l'étranger dans le cadre d'un déplacement familial, était rentré mercredi soir à Beyrouth et prévoit de se rendre à Washington prochainement . Dans la capitale américaine, le Premier ministre doit s’entretenir avec le secrétaire d’État, Mike Pompeo, et d’autres responsables américains.
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20 h 21, le 09 août 2019