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Liban - Repère

Qui sont les saints, bienheureux et vénérables du patrimoine libanais

Voici une liste dans laquelle il ne s'agit pas uniquement de figures de sainteté nées dans le Liban de l'Indépendance, mais aussi de figures nées dans les premiers siècles de l'ère chrétienne ou sous l'empire ottoman et qui font partie du legs spirituel et chrétien du Liban.

Mosaïque représentant les saints Nehmetallah el-Hardini (g) et Charbel (d) et sainte Rafqa, tous trois originaires du Liban, exposée au domaine vinicole Château Ksara, dans la vallée de la Békaa. Photo tirée de Facebook

Dans un décret signé la semaine dernière par le pape François, le Vatican a reconnu les "vertus héroïques" du patriarche Elias Hoyek, qui a dirigé l'Eglise maronite de 1899 à 1931.
Avec cette décision de la plus haute instance de l'Eglise catholique, le patriarche Hoyek est désormais reconnu comme vénérable, une procédure qui précède une éventuelle béatification. Grâce à ce décret, l'ancien patriarche, considéré comme le "père fondateur du Grand Liban" rejoint la longue liste des personnalités religieuses libanaises ou du patrimoine spirituel chrétien libanais, majoritairement maronites, décédées en odeur de sainteté et reconnues par le Vatican comme vénérables et bienheureuses. Ces procédures ont comme objectif, pour l'Eglise catholique, d'offrir ces personnalités en modèles de vie chrétienne.

Qui sont les saints, bienheureux et vénérables du "patrimoine libanais" ? Ci-dessous une liste dans laquelle il ne s'agit pas uniquement de figures de sainteté nées dans le Liban de l'Indépendance (forgé en 1920 sous puissance mandataire française et consolidé en 1943), mais aussi de figures nées dans les premiers siècles de l'ère chrétienne ou sous l'empire ottoman et qui font partie du legs spirituel et chrétien d'un Liban dont Jean-Paul II a dit que "les racines historiques sont de nature religieuse".



Comment devient-on vénérable, bienheureux ou saint ? 

Au décès d'une figure ayant mené une vie qui pourrait être considérée comme exemplaire par les chrétiens, toute personne peut proposer que ses vertus soient reconnues comme héroïques par l'Eglise catholique. L'introduction de la demande se fait auprès de l'évêque du diocèse auquel appartenait le défunt, qui mène une enquête préliminaire, dont les résultats sont envoyés au Vatican. Après étude du dossier par la Congrégation pour les Causes des Saints, une commission composée de différents cardinaux revoit les résultats des enquêtes et décide de reconnaître, ou non, l'héroïcité des vertus de la personne décédée. Ces vertus sont la foi, l'espérance, la charité, la force d'âme, la prudence, la tempérance et la justice. En cas d'avis positif, le défunt est alors reconnu comme vénérable.

Pour statuer sur l'éventualité qu'un vénérable devienne bienheureux (c'est à dire qu'il soit béatifié), il doit être prouvé qu'il a accompli au moins un miracle. Si le défunt est mort en martyr, aucun miracle n'est exigé au cours du procès en béatification. Une fois béatifié, le défunt peut être vénéré et peut faire l'objet de prières.

La canonisation fait, elle, l'objet d'un "procès" au cours duquel un second miracle doit être étudié par un comité scientifique et deux parties, le "postulateur de cause" et le "promoteur de la justice", débattent du mérite du candidat à être canonisé. Une fois le verdict émis, c'est au pape de décréter, ou pas, la canonisation. 



Les saints



Sainte Barbara ou Sainte Barbe

Sainte Barbe aurait vécu au IIIe siècle de l'ère chrétienne. Elle serait née à Baalbeck (Békaa), dans une famille païenne. Après avoir refusé de se marier afin de se consacrer au Christ, son père l'enferme dans une tour, où elle est baptisée en cachette. Après avoir tenté de s'enfuir, elle est amenée devant le gouverneur romain de la région, où elle doit abjurer sa foi, ce qu'elle refuse. Elle est torturée puis meurt en martyre, décapitée. Elle est fêtée, au Liban, le 4 décembre, date à la veille de laquelle les enfants se déguisent, tradition rappelant la fuite de Sainte Barbe de la tour où elle était enfermée.


Image de sainte Barbe, tirée d'une page Facebook lui étant dédiée.



Saint Maron et saint Jean-Maron

Saint Maron, ou Maroun, est un prêtre anachorète (qui vit dans la solitude) syriaque ayant vécu entre le IV et Ve siècles dans la région d'Antioche. Il est le modèle fondateur de l’Eglise maronite, née plusieurs siècles plus tard avec l'élection de saint Jean-Maron, son premier patriarche (VIIIe siècle). Saint Maron est fêté le 9 février, jour déclaré férié au Liban. Une relique de son crâne est vénérée dans le couvent de Kfarhay, siège de l’évêché maronite de Batroun. Saint Jean-Maron est fêté le 2 mars.


Image tirée de la page Facebook du couvent d'Annaya. 


Sainte Marina

Sainte Marina aurait vécu entre les VIIe et VIIIe siècle de notre ère. Née au Liban-Nord, elle serait rentrée au couvent, déguisée en homme, afin de suivre son père. Chassée du couvent après avoir été accusée du viol d'une jeune fille de la région, elle refuse de révéler sa véritable identité. Elle fut réintroduite au monastère après avoir fait preuve d'une grande piété. Sainte Marina est fêtée le 17 juillet, selon le calendrier maronite. Sa dépouille a été amenée à Venise par les Croisés, mais une relique de son bras est placée dans une grotte de Qannoubine, dans la vallée de la Qadicha (Liban-Nord).



Icône montrant Sainte Marina, tirée d'une page Facebook lui étant dédiée. 


Saint Charbel

Il s'agit de l'un des saints les plus populaires du Liban. Né Youssef Zaarour Makhlouf, en 1828, à Békaa Kafra (Liban-Nord), il prend le nom de Charbel en prononçant ses vœux monastiques, et passe une vingtaine d'années principalement au couvent Saint Maron d'Annaya (Jbeil), avant de devenir ermite, pendant 23 ans. Il est décédé en 1898. On lui attribue des centaines de miracles, principalement des guérisons, dont trois sont retenus par le Vatican lors des procès de béatification et de canonisation. Il est béatifié en 1965 et canonisé par Paul VI, en 1977. Sa tombe se trouve au couvent d’Annaya (Jbeil), l’un des plus importants centres de pèlerinage du Liban.


Photo tirée de la page Facebook du couvent d'Annaya. 



Sainte Rafqa

Rafqa Rayès est une religieuse maronite née en 1832, à Hemlaya, dans le Metn. Après être rentrée dans la section féminine de l'Ordre libanais maronite, elle passe sa vie dans plusieurs couvents du Liban. Devenue aveugle et souffrant de tuberculose osseuse, elle meurt en 1914. Plusieurs miracles ont eu lieu sur sa tombe, qui se trouve au couvent de Jrebta (Batroun). Elle a été béatifiée en 1985 et canonisée par Jean-Paul II en 2001.


Image pieuse de Sainte Rafqa, tirée d'une page Facebook lui étant dédiée. 



Saint Nehmetallah el-Hardini

Nehmetallah Kassab el-Hardini, né en 1808 à Hardine (Liban-Nord) et décédé en 1858, était un moine maronite, qui a notamment occupé la fonction d'Assistant général de l'Ordre libanais maronite. Plusieurs miracles lui sont attribués, de son vivant, notamment des prophéties et guérisons, et par intercession après sa mort, comme lorsque la Libanaise Rose Saad a recouvré la vue, le jour de la béatification de Nehmetallah el-Hardini, en mai 1998. Il a été canonisé six ans plus tard par le pape Jean-Paul II en mai 2004. Sa tombe peut être visitée au couvent de Kfifane (Batroun).


Image pieuse montrant Saint Nehmetallah Kassab el-Hardini, tirée d'une page Facebook lui étant dédiée. 



Les bienheureux


Les frères Francis, Abdel Moati et Raphaël Massabki

Tous trois laïcs, ces frères de confession maronite sont morts en martyrs à Damas, en Syrie. Ils ont été victimes des massacres de 1860, ayant refusé de renier leur foi, dans la nuit du 9 au 10 juillet, au pied de l'autel où ils s'étaient réfugiés. Ils ont été béatifiés par Pie XI, en octobre 1926. Leur tombe se trouve à Damas.


Image pieuse montrant les trois frères Massabki, tirée de Facebook.


Père Jacques de Ghazir

Né Khalil Haddad, en 1875 à Ghazir (Kesrouan), le père Jacques était un prêtre capucin, qui a fondé la congrégation des Sœurs de la Croix, tout comme de nombreuses institutions religieuses et éducatives au Liban. Il est décédé en 1954. Le père Jacques a été béatifié en juin 2008, par le pape Benoît XVI. Il repose dans le couvent des Sœurs de la Croix, à Jal el-Dib (au nord de Beyrouth).
 

Père Jacques le Capucin. Photo tirée d'une page Facebook lui étant dédiée. 



Frère Estephan Nehmé

Estephan Nehmé est né en 1889 à Lehfed (Jbeil, Mont-Liban). Laboureur et cultivateur hors pair, menuisier, maçon et moine, il a passé la majeure partie de sa vie au service de l'Ordre libanais maronite et les couvents de cet ordre se disputaient ses services. Il meurt en août 1938. Le frère Estephan Nehmé est béatifié en 2010, par le pape Benoît XVI. Son corps repose au couvent de Kfifane (Batroun).

Photo du père Estephan Nehmé, tirée d'une page Facebook de l'Ordre libanais maronite dédiée au père Estephan. 



Les Vénérables

Estephan Douaihy

Né à Ehden (Liban-Nord) en 1630, Estephan Douaihy a été patriarche de l'Eglise maronite de 1670 jusqu'à sa mort, en 1704. Considéré comme un « pilier » et une « gloire « de son Eglise, il a fondé de nombreuses écoles et couvents, il est également connu comme l’un des historiens les plus prolifiques de l’Eglise maronite. Il a été reconnu Vénérable en 2008 par le pape Benoit XVI. Son corps repose dans le couvent patriarcal de Qannoubine, dans la Vallée sainte, près de l’ermitage de Sainte Marina.

Peinture du patriarche Estephan Douaihy tirée d'une page lui étant dédiée sur les réseaux sociaux. 


Béchara Abou Mrad

Le père Béchara Abou Mrad est né à Zahlé, dans la Békaa, en 1853. Après avoir été prêtre pour la communauté grecque-catholique, et avoir sillonné infatigablement le Liban-Sud (et principalement la région de Saïda), il entre au couvent en 1927, trois ans avant sa mort, en février 1930. Le Vatican a reconnu, sous Benoît XVI, ses vertus héroïques en 2009. Il repose au Couvent Saint-Sauveur, à Joun (Liban-Sud).

Photo du père Béchara Abou Mrad tirée d'une page lui étant dédiée sur les réseaux sociaux. 


Elias Hoyek

L'ancien patriarche maronite Elias Hoyek est né en 1843, à Halta (Batroun, Liban-Nord). Il a notamment fondé, au cours de sa vie religieuse, la congrégation des sœurs maronites de la Sainte Famille. Il est par ailleurs reconnu comme le "père fondateur du Grand Liban", après avoir réclamé, lors de la conférence de Versailles, qui réunissait à l’époque les vainqueurs de la Première Guerre mondiale, un Liban indépendant, ne se limitant pas à la superficie du Mont-Liban. Il a été reconnu comme vénérable le 6 juillet 2019 par le pape François. Son corps repose au couvent des religieuses de la Sainte Famille, à Ibrine (Batroun).


Par ailleurs, certaines causes de saints sont introduites ou sur le point de l’être, comme celles de Fathi Baladi, un jeune grec-catholique, et de Ghassibé Keyrouz, un maronite, deux jeunes hommes décédés de mort violente durant la guerre, dans des circonstances qui laissent penser qu’ils ont subi une forme de martyre. Mais l’héroïcité de leurs vertus doit encore être établie, avant que l’on puisse les offrir en modèles de vie chrétienne.
Dans l'exhortation qu'il a prononcée au tournant du XXe siècle, le pape Jean-Paul II a souhaité que le souvenir de ces martyrs, ainsi que celui d'autres témoins que l'histoire pourrait identifier, "ne se perde pas".



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Dans un décret signé la semaine dernière par le pape François, le Vatican a reconnu les "vertus héroïques" du patriarche Elias Hoyek, qui a dirigé l'Eglise maronite de 1899 à 1931. Avec cette décision de la plus haute instance de l'Eglise catholique, le patriarche Hoyek est désormais reconnu comme vénérable, une procédure qui précède une éventuelle béatification. Grâce à ce...

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IL N,Y A DE SAINT QUE LE SAINT ESPRIT DE DIEU. TOUT LE RESTE DES HISTOIRES.

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 24, le 13 juillet 2019

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Commentaires (5)

  • IL N,Y A DE SAINT QUE LE SAINT ESPRIT DE DIEU. TOUT LE RESTE DES HISTOIRES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 24, le 13 juillet 2019

  • Merci pour cette belle retrospective. En attendant d'y voir figurer prochainement le Grand Patriache Mar Nasrallah Boutros Sfeir

    Le Phenicien

    09 h 47, le 13 juillet 2019

  • Petites précisions concernant Ste Marina: - Sa dépouille n'a pas été amenée à Venise par les croisés. Elle se trouvait à Constantinople depuis un nombre de siècles indéterminé lorsque en 1230, un marchand vénitien l'a achetée à un monastère des environs de Constantinople et apportée à Venise. - Lorsque les Byzantins se sont emparés du corps de la sainte, ils ont laissé sur place sa main gauche qui était conservée à Qannoubine. Elle s'y trouvait encore au temps du patriarche Douayhi. Elle a disparu depuis. Probablement lors du sac du couvent par les sbires du pacha de Tripoli en 1726. - L'image qui est jointe à l'article représente une autre Ste Marina: Ste Marina d'Antioche (XIIIème siècle) ou plus probablement Ste Marina d'Alexandrie (VIIIème siècle.)

    Yves Prevost

    07 h 51, le 12 juillet 2019

  • Et Saint Joseph de Damas?

    Debs Zoe

    21 h 14, le 11 juillet 2019

  • Encore une fois l'Histoire nous prouve que le Liban est le patrimoine des saints , et que la Foi seule peut triompher et sauver son peuple surtout quand le Liban traverse et vit des guerres civiles .

    Antoine Sabbagha

    19 h 27, le 11 juillet 2019

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