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Lifestyle - Beyrouth Insight

Dina Debbas : « J’écoute avec mes mains »

On l’a connue photographe, et initiatrice du projet « Répercussions » en 2011. Aujourd’hui, après le regard, c’est dans le toucher et la thérapie craniosacrale qu’elle a trouvé un langage, un remède et un métier.

Photo Alain Sauma

C’est uniquement pour « inspirer » les autres que Dina Debbas a accepté de sortir de sa réserve, sa « discrétion/protection » et revenir sur le parcours de ces huit dernières années qui l’ont menée ailleurs, mais finalement là où, naturellement, elle voulait être. « Je ne pense pas avoir fait de grandes choses dans ma vie », confie cette femme aujourd’hui (presque) apaisée, arrivée à bon port, au centre même de son « espace ». « J’ai bougé : trois universités, trois métiers différents, de multiples questions… des questions éternelles, d’autres éphémères. Ce sont toutes ces questions qui m’ont fait avancer, qui m’ont ralenti. J’adore mon parcours, poursuit-elle, le rythme, les moments de doute, de victoire. Comme si des graines, aujourd’hui des plantes, des fleurs sont sorties. » Les mots justes mêlent émotion et recul. Ressenti et bilan. Force et sensibilité.


Confessions prudentes
Dina Debbas n’aime clairement pas parler d’elle, même si elle le fait bien. Elle préfère faire parler le silence des autres. Lui donner sa place et toute la place. Ses études de graphisme à l’American University of Paris, à Concordia University puis à Rhode Island School of design rapidement rangées dans un coin de sa vie, elle s’est d’abord fait connaître dans la photographie. Photographe d’enfants favorisés ou défavorisés, dans son studio ou dans des centres et des camps de réfugiés, elle avoue : « J’ai toujours été intéressée par les autres et leurs histoires. Ils me permettent de grandir. Avec les photos j’étais en lien avec l’autre. Je ne me suis jamais sentie photographe, je sentais que j’étais témoin. » En 2011, elle monte le projet Répercussions en coordination avec le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur : une plate-forme qui a réuni des enfants d’origine, de religion et de milieux différents, dans un langage commun qui passait par la percussion corporelle. C’est au moment où elle arrête de chercher ce qu’elle veut faire de sa vie, au moment où elle choisit de « faire rien » plutôt que de ne rien faire, qu’elle trouve les premières réponses. « J’ai été à la recherche de moi et j’ai créé cet espace nécessaire sans comprendre ce que je faisais. Je me suis concentrée sur mon corps, ce corps que l’on ne connaît pas, que l’on n’habite pas et qui nous trimbale partout. »


Retourner à soi
Cette réflexion, un voyage sans itinéraire précis, l’a menée en 2015 à Londres, à The Craniosacral Therapy Education Trust (CTET). « Mon changement de profession n’est qu’une suite très logique et fluide. Ici, c’est le thérapeute qui est témoin. » La thérapie corporelle qu’on lui enseigne et qui passe par des cours d’anatomie et se pratique par le biais de mains sensibles et formés à l’exercice capte les rythmes du corps et invite le « client » à trouver son espace, sa respiration, sans aucune intervention. Angoisses, troubles du sommeil, problèmes de santé, de dos, de joints, malaises physiques ou autres, adultes et enfants sont invités, dans une séance ou plus d’environ 45 minutes, à s’abandonner à leur corps, à leur propre respiration, dans son cabinet, The Wonder in You . « Cette respiration, confirme Dina Debbas, est au cœur de la thérapie craniosacrale. Celle des poumons, qui nous permet de vivre, et l’autre, plus profonde, qui est palpable lorsque le temps se ralentit et que le corps plonge dans une relaxation profonde où il est possible d’entendre le silence. Là, le corps peut se ressourcer, et exprimer ce qu’il a retenu ou qu’il retient. Et d’ajouter : « Je suis persuadée que toute «guérison» ne peut se faire pleinement si l’on n’a pas fait ce voyage d’une manière ou d’une autre. » Témoin des métamorphoses de ces personnes venues vers elle depuis deux ans, inspirée de sa formation, Dina a décidé de se concentrer également sur les enfants, ce terrain encore vierge et sans freins, sans peurs, en créant un cours baptisé Hello Body. « Je ne leur apprends rien, car il ne faut surtout pas leur apprendre, ils savent tout. Je me charge uniquement, à travers des jeux, de préserver leur manière naturelle et sans effort de vivre leur vie et leurs émotions et de les exprimer. » 

Dans ces projets à venir, « peut-être », « on verra », jouer d’un instrument ou chanter. « Mais, pour l’instant, dit-elle avec un beau sourire, je me contente d’écouter, avec tout mon être… » Et ses mains...


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