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Lifestyle - Beyrouth Insight

Nadim Chammas, l’habit ne fait pas le moine

Il a plus d’un arc à ses violons d’Ingres, des intérêts, des passions, et un sourire masqué par une barbe de (faux) ermite. Portrait d’un « artiste du dimanche » qui, le reste de la semaine, gère les affaires de grandes compagnies et apparaît en ce moment à la télévision, dans une émission de mode.

Nadim Chammas dans sa boutique « Slowear ». Photo Joseph Alam

Le look intello, une barbe sel et poivre stylée, Nadim Chammas, caché derrière des lunettes rondes, derrière une discrétion qui lui ressemble, est également capable, quand l’envie le prend, de donner des cours sur les réseaux sociaux sur… l’art de nouer un foulard ! Et de convaincre !

Son parcours, qui, dit-il, « peut sembler chaotique pour certains », l’a mené de Bruxelles à Beyrouth en passant par Paris, avec un fil conducteur apparu plus tard : « la création ». La mode est son péché mignon, la musique son compagnon de route(s), la photo sa fenêtre sur un autre monde. Il pourrait traverser des milliers de kilomètres pour voir une exposition à Milan ou Paris, et assister à un concert (de plus) de Véronique Sanson, où qu’elle soit. « J’ai pris des trains avec Sanson, confie-t-il, fait des voyages avec des artistes qui me touchent. Le cinéma m’a sauvé, quand j’étais seul… J’ai également un rapport très intime avec la musique et la photo. C’est pour moi une question de survie. »

7, chiffre sacré

Ce nostalgique amoureux du beau, et du beau mot, mène sa vie dans un équilibre de choses et de choix, oscillant entre les affaires, le consulting, les cours à prendre ou à reprendre, l’écriture, le grand écran et même le coaching. Trait d’union entre toutes les facettes qui ont construit sa personne, et sa sensibilité, il jongle à présent dans un bel équilibre entre toutes ces (pré)occupations qui meublent sa vie, avec un certain humour et un calme rassurant. Sans forcément être rassuré.

Lorsque l’ado quitte le collège Notre-Dame de Jamhour pour le collège Saint-Michel à Bruxelles, il découvre déjà – tout étant relatif – l’avant-goût d’une certaine liberté. « De là où je venais, c’était le Club Med ! » En 1980, il décroche une licence en sciences économiques de l’Université catholique de Louvain, puis rejoint l’entreprise familiale – son père est négociant en matières premières – installée en Belgique. Enfant de c(h)œur, pas encore enfant terrible, il le sera davantage sept ans plus tard. « J’ai toujours vécu, précise-t-il, des cycles de sept ans, j’en suis à mon septième métier », lorsqu’il décide de tout plaquer et de s’envoler pour Paris. Là, il devient pour deux ans directeur financier d’une compagnie de développement de logiciels d’intelligence artificielle : C2V, avant de s’inscrire en MBA à HEC puis d’être promo consultant chez Bossard Consultants. « On m’appelait “chère madame”, Nadim était un prénom que personne ne saisissait ! » Cette brève collaboration sera interrompue par une urgence : « Le Liban m’a rappelé. Mon oncle maternel Abboud Megarbané venait de décéder. Un affreux accident d’ascenseur. J’ai dû m’occuper pendant sept ans de son entreprise de distribution de transport et de travaux publics avant de décrocher en 2002. »

Diversion

C’est à partir de ces année-là que Nadim Chammas commence à sortir de la marge (et un peu de sa coquille) en retrouvant ses premières amours : le cinéma. Alors qu’il est administrateur indépendant dans le secteur de l’énergie pour la compagnie Falcon à la demande de Maurice Sehnaoui, et qu’il rejoint ce dernier qui vient d’être nommé ministre, en 2004, en tant que consultant technique au ministère de l’Énergie, il est formé à l’écriture du scénario auprès de Marie-Geneviève Ripeau (programme Proffil, Alba-Femis). « Puis, pendant neuf mois, je me suis isolé pour écrire un projet de long-métrage. » Le Russe est venu sera présenté au Festival du film méditerranéen de Montpellier et décrochera un prix spécial du jury. L’année suivante, il est sélectionné au festival des scénaristes de la Ciotat (Forum des auteurs). Et comme si, ou plutôt parce que ce n’était pas assez, il s’inscrit aux Yale Summer Classes qui le forment à la réalisation.

De l’énergie, il en a à revendre, malgré son aspect distant – et élégant – de gentleman anglais. Après le cinéma, c’est vers la mode que Nadim Chammas se tourne. Le groupe Élie Saab dont il devient CEO (2005-2007), le groupe Mikati dont il devient responsable du développement pour la marque Façonnable (2007-2011), et enfin l’ouverture de sa boutique pour hommes baptisée Slowear. « Je suis passé de la mode féminine à celle masculine avec plaisir, c’était un nouveau défi. » En bon élève – on ne se refait pas –, il obtient également un master en global fashion management de l’Institut français de la mode. « À côté de ça », et pour le peu de temps dans son agenda chargé d’homme libre, « je m’occupe de missions de conseil dans le développement de marques et d’entreprises dans le domaine de la mode et du cosmétique ». À côté de ça, aussi, Nadim Chammas a obtenu un certificat en coaching professionnel de la University of Texas at Dallas (UTD).

Alors, pour se détendre, pour se retrouver aussi, dans ses mots, dans ses envies, il s’est attelé avec Joëlle Kosremelli à l’écriture d’un long-métrage intitulé Les violons de mon cœur. Et parce qu’il aime être, mais aussi paraître, parce qu’il aime les planches, il s’est timidement aventuré au théâtre dans la pièce Toc toc mise en scène par Nadine Makdessi, et fait partie, pour la deuxième année, du jury de l’émission de mode Fashion Star, auprès de la créatrice Reem Acra et de la mannequin tunisienne Rym Saïdi, le dimanche à 20 heures (heure locale) sur Dubai One. « Pour moi, c’est très intéressant de pouvoir, pendant 10 semaines, juger le travail de ces jeunes sans les démotiver », dit-il, en nouant lentement son foulard. Une expérience qui réunit un peu tous les talents de cet homme discret, cinquantenaire qui garde en lui les émotions d’un adolescent jamais rassasié.


Nadim Chammas sur Instagram : nadim_chammas


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Le look intello, une barbe sel et poivre stylée, Nadim Chammas, caché derrière des lunettes rondes, derrière une discrétion qui lui ressemble, est également capable, quand l’envie le prend, de donner des cours sur les réseaux sociaux sur… l’art de nouer un foulard ! Et de convaincre !Son parcours, qui, dit-il, « peut sembler chaotique pour certains », l’a mené de...

commentaires (2)

""Il a plus d’un arc à ses violons d’Ingres"", voilà qui dit tout sur lui. J’ai aimé le portrait, très hipster le jeune homme, Mais quel C.V. avec ces références culturelles plus qu’évidentes ! Si j’ai encore bonne mémoire, je crois l’avoir croisé il y a bien longtemps à Bruxelles, au rond-point Montgomery proche de son collège, ou à la Bastoche au rond-point du Cimetière d’Ixelles, mais je n’en suis pas sûr. Avec la barbe, on ne reconnait plus le Nadim… C.F.

L'ARCHIPEL LIBANAIS

16 h 59, le 14 mars 2019

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Commentaires (2)

  • ""Il a plus d’un arc à ses violons d’Ingres"", voilà qui dit tout sur lui. J’ai aimé le portrait, très hipster le jeune homme, Mais quel C.V. avec ces références culturelles plus qu’évidentes ! Si j’ai encore bonne mémoire, je crois l’avoir croisé il y a bien longtemps à Bruxelles, au rond-point Montgomery proche de son collège, ou à la Bastoche au rond-point du Cimetière d’Ixelles, mais je n’en suis pas sûr. Avec la barbe, on ne reconnait plus le Nadim… C.F.

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    16 h 59, le 14 mars 2019

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