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Lifestyle - Beyrouth Insight

Le circuit Empire, 100 ans et autant d’étoiles

C’est à Cannes, temple du cinéma international, que Mario, Mario Jr, Gino et Georges Haddad célèbrent le 18 mai, en collaboration avec le magazine « Variety », les 100 ans d’un Empire érigé sur la passion du cinéma.

Mario Haddad entouré de Mario Jr (à gauche) et Gino, l’esprit de famille. Photo DR

De père en fils, et même petit-fils, ils ont accompagné l’histoire du cinéma au Liban, introduit ce grand écran dans l’esprit des gens, ouvert des salles, signé des contrats avec de grands distributeurs étrangers (United Artist, Colombia TriStar, Twentieth Century Fox, Jaguar Film International). Osé.

Cette passion qu’ils se sont transmise de père en fils, de frère en frère et cousins, ils l’ont également inculquée aux Libanais depuis cent ans. Et plus précisément en 1919, lorsque Georges Haddad, 29 ans, fasciné par une nouvelle machine qu’il découvre avec un ami grec, y recèle, en visionnaire, les possibilités infinies d’un nouveau loisir. Cette machine à rêver, à voyager dans sa tête, projette des films dans des cafés devenus pour l’occasion des cafés-cinémas. Les chanteurs et autres artistes sont remplacés par les acteurs du muet. La graine est ainsi semée et justifie une association avec Nicolas Cattan, qui portera pendant de longues années et jusqu’en 1956, à la mort de Georges Haddad, le nom de Cattan et Haddad. Y consacrer une salle, très vite, a paru évident. En 1926, ils installent le Cosmographe à la fameuse place des Canons. Un an plus tard, l’Empire voit le jour et se décline sous ce label en 36 salles de plus de 1 500 places au Liban, mais aussi en Syrie. Lorsque Michel et Mario Haddad prennent la relèvent, c’est sous l’appellation Les Fils de Georges Haddad & Co. qu’ils poursuivent leur expansion. Michel, baptisé « l’empereur du cinéma », formera un parfait tandem avec son frère jusqu’à son décès en 1999. « D’un petit cinéma, nous sommes passés à un énorme circuit qui a continué à grandir, se diversifier, en dépit de plusieurs guerres – une guerre mondiale et deux guerres civiles au Liban –, et un flot de migrations », précise Mario Haddad. Témoins de l’histoire du Liban, mais aussi celle du cinéma, le cinéma sonore, le cinéma parlant, le cinéma en couleurs, les comédies musicales, ainsi que le CinémaScope et le Dolby, le circuit Empire connaîtra les beaux jours de Hamra avec l’Eldorado, l’Étoile, l’Edison et le Colisée (1960 à 1975), puis Zouk avec le circuit Espace (1978), Sofil (1982), Dunes Verdun, (1997), Dubaï (1998), Galaxy Mall Hadath (2000) et ABC Achrafieh (2004), en s’adaptant aux circonstances, voire en devançant les besoins. « Il n’y a pas eu, pendant ces cent ans, un seul circuit qui a duré au-delà de 30 ans », poursuit-il. « Hamra a été le grand boum, on venait des pays arabes pour voir des films, se souvient-il. Avec le temps, nous avons voulu nous diversifier pour couvrir tout le cercle des amoureux du cinéma, avec des salles d’art et d’essai, des salles de luxe, des salles plus commerciales et enfin des salles prestigieuses », raconte Mario Jr, restaurateur réussi, certes, mais aussi marketing manager de la compagnie.


La fête dans quelques jours

« Ces 100 ans, on les attendait depuis 15 ans », confient en chœur les deux Mario dans leur bureau truffé de photos, de souvenirs, de diplômes, de lettres de reconnaissance affichées au mur. L’illustration d’un parcours parfait où tout a été fait graduellement et au bon moment. Aujourd’hui, outre la musique, avec le label Top Ten lancé en 1960 et les boutiques qui ont suivi, le groupe s’intéresse également à la coproduction. « Malgré la rude concurrence de Netflix, du Home Entertainement, avec des écrans géants et un confort chez soi, le cinéma reste une sortie, souligne Mario Jr. C’est une expérience et un partage ». « Quand on voit un film ensemble, qu’on rit ensemble, on rit plus », poursuit le père. Alors, Cannes pour célébrer ce parcours, cet amour du 7e art disséminé aujourd’hui sur 4 générations, et des personnages-clés et complémentaires, mus par une même vision et les mêmes objectifs, l’occasion était idéale. « On sort de nos frontières géographiques, et Cannes est la capitale du cinéma. Le seul lieu qui réunit avec autant de glamour vedettes, coproducteurs, agents et réalisateurs du monde entier. 800 personnes sont attendues à cet événement grandiose préparé avec la revue Variety. Le lieu ? La mythique villa Domergue – c’est au sein de cette propriété que le jury du Festival du film délibère pour choisir la Palme d’or –, où le cinéma et le Liban sont à l’honneur avec les artistes Aziza, Guy Manoukian, Remie Akl, la DJ Jana Saleh et un menu concocté par Tawlet. Célébrer, oui, mais en exportant le Liban et en le faisant participer à la fête…

Dans les projets du circuit Empire, enfin, le développement de salles de cinéma en Arabie saoudite, une première depuis 35 ans, le premier multiplex d’ici à la fin de l’année et 110 écrans d’ici à trois ans.

100 ans d’Empire(s)

1919  : le premier cinéma de la région est construit par Georges Haddad à la place des Canons. Il le baptise « Cosmograph». Peu après, il s’associe avec Nicolas Cattan pour fonder Cattan & Haddad. Une association qui va durer 37 ans.

1926  : le duo ouvre plusieurs salles au Liban et en Syrie, et notamment le cinéma Empire à la rue Gouraud.

1930-1935 : Cattan & Haddad ouvrent plus de 36 salles entre Beyrouth, Damas, Alep, Tripoli, Tyr, Homs et Hama.

1954 : Empire programme, en même temps que New York, Londres et Paris, la projection de The Robe, le premier film projeté en Cinémascope et stéréo.

1956 : à la mort de Georges Haddad, l’association Cattan & Haddad cesse. Ses fils Michel et Mario prennent la relève et créent, sous l’appellation les Fils de Georges Haddad & Co., le concept de salles Empire logées dans plusieurs régions de Beyrouth (Hamra, Borj et Achrafieh).

1958 : Empire devient le distributeur exclusif des films United Artists pour le Liban et le Koweït. La collaboration prend fin en 1947 lorsque MGM acquiert UA.

1960-1975 : les salles Colisée, Edison, Eldorado et Étoile ouvrent à Hamra.

1960  : Empire ouvre un modeste magasin de disques qui va devenir un des labels les plus importants dans le domaine, connu sous le nom de Top Ten.

1964 : contrat exclusif de distribution avec Colombia Pictures.

1976  : suite au début de la guerre civile, Empire s’installe dans l’auditorium du Casino du Liban.

1978 : ouverture du circuit Empire à Zouk baptisé cinémas Espace.

1982  : ouverture de Empire II et III au centre Sofil à Achrafieh.

1988 : Empire devient le distributeur exclusif de Twentieth Century Fox au Liban et dans les pays du Golfe.

1997  : inauguration des luxueuses salles Empire à Dunes Verdun.

1998 : ouverture d’Empire à Dubaï.

2000 : ouverture de Galaxy Mall à Hadath

2004 : lancement du premier multiplex à l’ABC Achrafieh, avec 7 écrans et une capacité de 1 200 sièges.



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Un mini-souvenir de novembre 1948, j'ai assisté gratuitement quatre fois de suite au film "South of Pago Pago" avec Victor McLaglen, lorsque j'ai travaillé quatre jours au guichet "balcon" au cinéma Empire, rue Gouraud. C'était mon entrée dans le monde du travail il y a 71 ans.

Un Libanais

12 h 22, le 09 mai 2019

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Commentaires (1)

  • Un mini-souvenir de novembre 1948, j'ai assisté gratuitement quatre fois de suite au film "South of Pago Pago" avec Victor McLaglen, lorsque j'ai travaillé quatre jours au guichet "balcon" au cinéma Empire, rue Gouraud. C'était mon entrée dans le monde du travail il y a 71 ans.

    Un Libanais

    12 h 22, le 09 mai 2019

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