« Je ne suis pas née avec le virus du cinéma », avoue Maya de Freige. Cette étudiante en sciences politiques, qui aurait bien pu embrasser une carrière diplomatique, si « je n’avais pas épousé un homme dont l’avenir était au Liban », a été journaliste et conseillère auprès des anciens ministres de la Culture, Ghassan Salamé, puis Ghazi Aridi, de 2000 à 2006. Son premier « bouillon de culture », comme elle le qualifie, elle l’a vécu avec le Sommet de la francophonie dont elle s’est chargée de la coordination des activités culturelles, et qui eut lieu à Beyrouth en 2002. « C’est là, dit-elle, que j’ai pu constater le potentiel qui existait dans les domaines des industries culturelles et que le cinéma était un secteur prometteur, négligé par l’État, qui avait besoin d’être développé. »
Pas de passion naturelle et, pourtant, pas une action, pas une idée, pas une envie qui ne passe, chez elle, par le 7e art dont elle est, à sa manière, depuis 2012, une ambassadrice de tête. Ce mandat de deux ans, déjà renouvelé 4 fois, confirme, s’il le fallait, le bilan plus que positif de la Fondation, dans un climat général particulièrement morose. De la diplomatie, de la persévérance, et une vision, Maya de Freige en a et les rajoute à tous ces outils de travail : une équipe efficace, des sponsors présents, même si plus rares cette année (autant que la « situation » le permet), de plus en plus de talents qui méritent qu’on s’y arrête et un agenda, une vision qu’elle mène d’une main de maître. Organisée, elle l’est clairement. Dans toutes ses interviews, véritable fourmi, elle a préparé ses notes, et débarque ainsi les idées claires, le mot juste, et les arguments solides. Pas de place pour le glamour ou les mondanités. Même à Cannes, Maya de Freige, méthodique, travaille dans les coulisses, loin des crépitements des flashs et des strass des marches du Festival. « Pour nous, le Festival de Cannes, ce n’est pas qu’un tapis rouge ! C’est plus l’action qui permet de développer ce secteur qui me motive, que les films eux-mêmes… », précise-t-elle. Trop concentrée à créer des opportunités, être un « organisme fédérateur », une véritable plate-forme à tous les niveaux du processus entre réalisateurs et producteurs, projets à peine éclos et projets aboutis, le Liban et l’étranger, ses journées sont chargées de rencontres utiles. « Nous sommes présents au Festival de Cannes chaque année, en dépit des difficultés matérielles et des budgets très restreints, car c’est là que tout se passe », souligne-t-elle. « Nous sommes beaucoup dans l’action, dans le faire, le devenir de cette industrie du cinéma libanais qui a connu un énorme succès à l’étranger ces deux dernières années. » Car, il faut le rappeler, chaque année, 250 jeunes, passionnés par ce métier, sont diplômés des écoles d’audiovisuel, « dont nous complétons la formation », précise-t-elle. Et, en cinq ans, le nombre de films produit annuellement est passé de 10 à plus de 25. « Ces cinq dernières années, nous avons soutenu plus de 70 cinéastes et plus de 20 projets de films. »
Crédibilité
Cannes certes, mais également plus de 50 festivals internationaux et manifestations cinématographiques au Liban et à l’étranger, et un travail « crédible et sérieux » pour « mettre en place un écosystème favorable à cette industrie ». « J’ai eu la chance de croiser le chemin de Rony Arayji qui a compris qu’avec si peu de moyens, il fallait s’associer avec les acteurs de la société civile, » souligne-t-elle. Ainsi, la FLC a signé en 2015 un accord de coopération avec le ministère de la Culture qui a « officialisé notre rôle dans le développement du secteur du cinéma en nous mandatant d’entreprendre toute initiative utile au développement de l’industrie du cinéma sur les plans local et international ». « Cette action, poursuit Maya de Freige, nous a permis de négocier de nouveaux accords de coproduction avec la France et bientôt la Belgique, le Brésil et, nous l’espérons, l’Argentine. Nos films peuvent ainsi bénéficier d’une double nationalité et des nombreux avantages qu’apporte chaque pays à ce secteur, tant au niveau de la production que de la distribution. Nous œuvrons aussi à encourager des coproductions entre pays arabes. »
Actions
Les actions de la Fondation Liban Cinéma se situent également sur d’autres plans, comme l’explique Maya de Freige. La Fondation prend le projet du scénario à l’écran. Elle l’accompagne jusqu’au bout. « Nous agissons sur tous les maillons de la chaîne : au niveau du scénario, nous mettons en place des formations dont un atelier d’écriture de long métrage de fiction en présence de professionnels locaux et étrangers, deux fois par an. Nous tenons aussi, à travers l’organisation de plateformes de coproduction, à mettre en rapport les différents partenaires de l’industrie cinématographique : réalisateurs, producteurs, coproducteurs, distributeurs et festivals. Nous récompensons le cinéma dans le cadre de la Nuit des Mabrouk, nos César libanais ; nous établissons des partenariats pour offrir des résidences et des formations à l’étranger mais aussi pour mettre en lumière nos films à travers des focus internationaux qui contribuent au rayonnement de notre cinéma et, à travers lui, du Liban. »
Mais pour pouvoir continuer avec cette même énergie, plus de fonds sont nécessaires, car la demande devient plus grande et « il y a tant à faire à tous les niveaux, dans cette industrie qui peut être très utile à l’économie libanaise ». De nombreux partenariats aident la Fondation à poursuivre ses objectifs, parmi lesquels IDAL, la Chambre de commerce, le ministère de la Culture, Kafalat, certaines ambassades, l’Institut français et l’Union européenne, ainsi que des donateurs privés et des établissements financiers, même si de plus en plus rares, mais ces aides demeurent insuffisantes devant une industrie en plein développement…
Ainsi, le 7 mai, la Fondation Liban Cinéma organise une levée de fonds avec la projection de l’avant-première du film Celle que vous croyez avec Juliette Binoche, François Civil et Nicole Garcia. Elle sera suivie d’un dialogue avec le réalisateur Safy Nebbou et le compositeur de la BO Ibrahim Maalouf, qui en dévoilera quelques morceaux à la villa Audi. « C’est surtout l’impact du cinéma sur l’image du Liban qui anime mon action, conclut Maya de Freige, ainsi que ses retombées positives sur son développement. Et c’est ce discours que nous prônons auprès des responsables politiques mais aussi des mécènes et des sponsors : avec deux films libanais nominés aux Oscars, le cinéma libanais a prouvé qu’il avait de beaux jours devant lui. »
Pour plus de renseignements : info@fondationlibancinema.org /WhatsApp : 961 3 892118
Pour mémoire
Maya de Freige défend la cause du cinéma libanais
Ça tombe bien Mme de Freige , j'ai justement besoin d'une forte wasta pour un comédien/ journaliste koweïtien, spécialisé dans les romans S.A.S à l'eau de boudin . Pourriez vous me réserver une place pour lui svp ? Merci .
14 h 28, le 25 avril 2019