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Liban - Décryptage

Abbas Ibrahim à Téhéran : le retour de l’homme « des missions impossibles »

Abbas Ibrahim avec Nizar Zakka, durant sa première visite à Téhéran.

Ce week-end, le patron de la Sûreté générale sera en train de faire ses valises pour être à Téhéran en début de semaine. « L’homme des missions impossibles », comme certains médias ont surnommé Abbas Ibrahim, a repris du service pour obtenir, cette fois-ci, la libération du détenu libanais en Iran Nizar Zakka.

Pour rappel, ce dernier avait été arrêté en septembre 2015 alors qu’il était à Téhéran sur la base d’une invitation officielle pour participer à un congrès. Il a été condamné à dix ans de prison en 2016 pour espionnage pour le compte des Américains. Selon les autorités iraniennes, Nizar Zakka aurait profité de sa présence en Iran pour faire des contacts avec différentes personnalités de l’opposition. Ce qui avait été jugé suspect par ces mêmes autorités, d’autant que M. Zakka travaille la plupart du temps aux États-Unis. Mais il est surtout un citoyen libanais, et le Liban a multiplié les contacts pour tenter d’obtenir sa libération. À plusieurs reprises, il a été question d’un dénouement heureux à cette affaire, et le général Abbas Ibrahim s’est rendu à Téhéran où il a rencontré le détenu sans parvenir à obtenir sa libération. Mais son expérience dans ce genre d’affaire a montré au général Ibrahim qu’il s’agit souvent d’un processus lent qui peut s’accélérer brusquement pour des raisons qui ne sont pas directement liées au cas précis, mais dépendent d’un contexte géopolitique particulier. En général, pour les experts de ce genre de dossier, le bon négociateur est donc celui qui sait saisir le moment favorable pour relancer les négociations et trouver le bon scénario pour un dénouement qui sauve la face de toutes les parties concernées.

Dans le cas de Nizar Zakka, les autorités libanaises ont eu beau réclamer sa libération depuis son arrestation, pour le pouvoir iranien son cas était lié aux États-Unis et à leurs relations mouvementées avec eux. Dans ce cas précis, le Liban n’était, aux yeux du pouvoir iranien, qu’un interlocuteur secondaire, son objectif réel étant d’en discuter avec les Américains, directement ou non. Selon ceux qui connaissent ce genre de processus, le cas de Nizar Zakka serait proche de celui du pasteur américain Andrew Brunson qui avait été arrêté en Turquie avant d’être libéré en octobre 2018 après presque trois ans de détention. C’est vrai que la justice turque a donné l’ordre de le relâcher, mais cela s’est passé à un moment précis où les autorités d’Ankara souhaitaient sans doute faire un geste en direction des États-Unis.


(Lire aussi : Nizar Zakka sera relâché à l'occasion de la fête du Fitr, confirme la diplomatie libanaise)

Dans le cas de Nizar Zakka, les faits sont connus depuis longtemps ainsi que les accusations iraniennes qui ont été couronnées par un jugement judiciaire. Face à ces données et en dépit de la campagne menée en faveur de sa libération au Liban et ailleurs, la seule possibilité d’un dénouement heureux se limitait à un accord entre Téhéran et le Liban. Il y a eu au cours des derniers mois plusieurs tentatives en ce sens, le ministère des Affaires étrangères libanais ayant entrepris des contacts dans ce sens et le chef de l’État ayant adressé une lettre officielle dans ce but à son homologue iranien. Mais il fallait encore trouver le bon moment et les bonnes conditions.

Avec sa discrétion et son efficacité habituelles, Abbas Ibrahim a relancé les contacts à un moment qu’il estimait propice, sachant qu’en raison de ses relations multiples, dans plusieurs pays influents où il est considéré comme un interlocuteur agréé, il est en mesure de flairer l’instant favorable. À ceux d’ailleurs qui lui demandent comment il fait pour être reçu partout, même dans les pays qui sont en conflit entre eux, comme les États-Unis, l’Iran, la Syrie, le Qatar, sans parler des pays européens, Abbas Ibrahim répond avec un sourire : « L’honnêteté et la sincérité sont à la base de la crédibilité. »

En effet, dans toutes les négociations qu’il a menées et qui ont abouti à des résultats positifs, il n’y a jamais eu, de sa part, des promesses impossibles à tenir et encore moins des conditions rédhibitoires. Il connaît les enjeux à la perfection et il avance entre les pièges et les mines avec une précision et une minutie de joaillier. À la question de savoir si les négociations pour la libération de Nizar Zakka englobent un éventuel échange avec des détenus iraniens aux États-Unis ou un deal de ce genre, Abbas Ibrahim ne répond pas. La discrétion est d’ailleurs une de ses qualités et probablement une des conditions de sa réussite. De plus, son principal souci, dans ce dossier et dans d’autres, est de parvenir à des résultats concrets dans les plus brefs délais. Il espère ainsi que la visite qu’il entame en début de semaine à Téhéran sera cette fois décisive pour la libération de Nizar Zakka, mais il reconnaît qu’il y a encore quelques ultimes arrangements à mettre au point.


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