Le ministre des Affaires sociales, Richard Kouyoumjian, a accusé hier le Hezbollah d’être le pourfendeur du principe de distanciation, et l’a mis en garde, sur son compte Twitter, contre une tentative d’impliquer le pays dans une guerre pour servir les intérêts de l’Iran.
M. Kouyoumjian réagissait ainsi au discours prononcé vendredi par le secrétaire général du parti chiite, Hassan Nasrallah. Ce dernier y avait accusé le chef du gouvernement, Saad Hariri, d’avoir violé le principe de distanciation lors des deux sommets extraordinaires du Conseil de coopération du Golfe et de la Ligue arabe, tenus le même jour à La Mecque, et au cours desquels le Premier ministre a exprimé « la solidarité » du Liban avec les pays arabes contre « les ingérences extérieures ». Hassan Nasrallah avait d’autre part menacé les États-Unis de construire une usine pour la fabrication de missiles balistiques de précision.
Défendant avec vigueur la position du chef du gouvernement, M. Kouyoumjian (affilié aux Forces libanaises) a estimé sur Twitter que « M. Hariri a exprimé le respect du Liban à l’égard des pactes de la Ligue arabe et de la défense arabe commune, ainsi que son rejet des agressions iraniennes », soulignant que « les ingérences du Hezbollah et ses guerres en Syrie, en Irak et au Yémen torpillent la distanciation ». Il a en outre accusé Hassan Nasrallah de « tenter, à travers ses propos, de transformer le Liban en une scène de confrontation par procuration, au service d’un pays étranger ».
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Boîte postale
« La vie des Libanais et leurs intérêts ne sont pas une boîte postale à travers laquelle l’Iran envoie ses messages aux autres États », s’est insurgé le ministre des Affaires sociales, lançant à l’adresse du parti chiite : « Prouvez que vous êtes un parti libanais et non une usine de missiles iraniens qui pourraient détruire le Liban et ses habitants. » Étayant ses propos, M. Kouyoumjian affirme à L’Orient-Le Jour que « le Liban n’enfreint pas le principe de distanciation lorsqu’il condamne les agressions de l’Iran ou des pays relevant de l’Iran, puisqu’il est engagé dans les pactes de la Ligue arabe et de la Défense arabe commune ». « Notre dimension est arabe et nos liens avec les États arabes sont profonds et historiques », ajoute-t-il, soulignant que ceux-ci « sont tissés dans l’intérêt national et économique du Liban ». Mentionnant à ce propos « les prêts, aides et dons provenant de l’Arabie saoudite et des pays du Golfe, ainsi que le grand nombre de Libanais travaillant dans ces pays », le ministre FL fait observer qu’une telle attitude de Hassan Nasrallah « peut nuire au pays, alors que nous sommes à l’orée de la saison estivale où touristes et expatriés sont attendus ».
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« De par son affiliation à l’Iran, le Hezbollah porte lui-même atteinte à la distanciation à travers l’abondance de ses armes et ses ingérences dans les guerres en Syrie, au Yémen et en Irak », enchaîne M. Kouyoumjian, rejetant « absolument » les propos de Hassan Nasrallah qui affirme être « en droit de détenir, confectionner et même vendre des armes ». « Le Hezbollah veut faire du Liban un champ de bataille », déplore-t-il, estimant que « le Liban ne doit pas être utilisé comme un outil pour les guerres régionales », et se demandant « pourquoi devrait-il entrer en guerre à cause de l’Iran ? ». Et d’accuser le leader chiite « d’adresser un message sanglant aux États-Unis sur injonction de l’Iran, qui, étant sous pression, lui demande d’adopter la même ligne d’escalade que celle des gardiens de la révolution ». « Par son discours, le chef du Hezbollah a encore prouvé qu’il représente un bras de l’Iran », lance-t-il. « Or il oublie que nous sommes dotés d’un État à qui seul reviennent les décisions de guerre ou de paix », martèle encore le ministre FL, évoquant « la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, l’armée et la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban) » qui, à ses yeux, « sont suffisantes pour veiller à la situation aux frontières sud, est et nord ».
Compte-t-il évoquer ce sujet au prochain Conseil des ministres ? M. Kouyoumjian répond par l’affirmative, tout en notant que le gouvernement ne devant se réunir qu’après la fête du Fitr, le chef du gouvernement aura probablement réagi d’ici là aux propos de Hassan Nasrallah.
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Avis à tous les fauteurs de guerres : Le Liban n'est pas un pays guerrier. Le Liban, comme tous les pays libres et souverains, s'il lui arrive de faire la guerre, il faut que ce soit sa guerre et non la guerre des autres sur son territoire. Ceux qui veulent libérer le Golan y compris les fermes syriens de Chebaa, qu'ils aillent en Syrie. La route du Golan passe par la Syrie et non par Arida et Wadi-Khaled.
Un Libanais
18 h 25, le 03 juin 2019