Darin Hachem printemps-été 2019. Photo DR
C’est un long et beau parcours qui a finalement conduit Darin Hachem à travailler dans la mode. Un parcours à méandres, comme tout ce qui est organique, et ces méandres font éminemment sens aujourd’hui, dans une des premières collections de la marque inspirée de la Terre mère et à elle dédiée.
Libanaise, Darin Hachem est née au Gabon, et c’est au cœur de l’Afrique qu’elle grandit. Elle affirme y avoir passé jusqu’à l’adolescence les moments les plus précieux et inspirants de sa vie. Dans son école française, elle est en contact avec toute sorte de cultures et de nationalités et développe une passion pour les traditions africaines. Elle est particulièrement fascinée par le savoir-faire du wax, cette technique d’impression qui permet de créer des tissus narratifs singuliers, à la fois rattachés aux coutumes tribales et favorisant l’expression de l’identité individuelle.
En 2004, elle entreprend ses études universitaires à Beyrouth. Son esprit curieux l’attire vers les sciences. Elle s’inscrit à l’AUB en biologie. À peine diplômée, elle se tourne vers les arts et entreprend une nouvelle formation en arts plastiques, toujours à l’AUB où elle achève le cursus avec un BA. Nous sommes en 2010, et la jeune femme n’est pas rassasiée d’apprendre. Elle s’envole vers Londres où elle fait des études de mode à Central Saint Martins, puis se rend à Milan où elle s’engage, à l’institut Marangoni, dans un programme intensif d’un an de création de mode qu’elle couronne par un master en 2015. Son objectif est d’investir ses formations et connaissances dans une mode où la culture moyen-orientale fusionnerait avec toutes les autres pour créer un vestiaire de toutes influences, bannissant la notion de barrières. C’est avec Fernanda Gallardo, une créatrice mexicaine rencontrée à Marangoni, que Darin Hachem fonde sa marque éponyme. Née de l’autre côté de l’Atlantique, Fernanda Gallardo irrigue de son propre parcours le concept pluriculturel de l’enseigne. Née à Puebla, passionnée de son côté par le tissage manuel et les techniques de teinture propres à son pays, elle fait ses études de mode à la Trozmer Universidad di Diseno et enchaîne avec une année intensive en vestiaire féminin à Marangoni Milan. Elle y bénéficie d’une bourse pour son master et entre en formation chez Moschino homme où elle travaille par la suite dans la création et la communication visuelle.
Écologie et modes de production durables sont les conditions essentielles de la marque de mode fondée par les deux jeunes femmes. Leur première collection printemps-été 2019 est marquée par un mélange de références au patrimoine et à la tradition ainsi que de textures et de références artistiques précises. Parmi celles-ci, les architectures et jardins surréalistes d’Edward James à Las Pozas, Xilitla, au Mexique ; les sculptures existentialistes d’Alberto Giacometti ; la poésie de la cinéaste afro-américaine Julie Dash ; les installations « Inchworm » de Françoise Grossen, sculptures de tuyaux noués qui donnent forme à des créatures surréalistes. Raconter la Terre d’abord, matière physique et nourricière.
La collection se traduit en formes asymétriques, drapés féminins sur costumes d’inspiration masculine, nuances minérales et tissus naturels comme le coton, le chiffon et la soie. Des plis insolites accentuent l’effet subtil du corps féminin en mouvement.
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