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À La Une - Liban

Décès d'un Libanais en détention : l'ONU demande une enquête "exhaustive, efficace et indépendante"

Pour la Haut-commissaire de l'ONU pour les Droits de l'homme, cette affaire "met en lumière un certain nombre de manquements importants au sein des systèmes judiciaire et carcéral libanais".

La haute-commissaire de l'ONU pour les Droits de l'homme, Michelle Bachelet, à son bureau à Genève, le 3 septembre 2018. Photo d'archives AFP / Fabrice COFFRINI

La Haut-commissaire de l'ONU pour les Droits de l'homme, Michelle Bachelet, a réclamé mardi une enquête "exhaustive, efficace et indépendante" sur la mort en détention du Libanais Hassan el-Diqqa,  décédé à la suite de violences et tortures selon sa famille, ce que démentent les Forces de sécurité intérieure. Dimanche, la ministre libanaise de l'Intérieur, Raya el-Hassan avait déjà réclamé l'ouverture d'une enquête.

"La mort de Hassan Diqqa est survenue en dépit de nombreuses interventions de diverses entités de l'ONU, y compris le Bureau pour les Droits de l'Homme", précise un communiqué de presse publié par le bureau de Mme Bachelet. Elle indique qu'outre les interventions des bureaux en charge des droits de l'homme à Beyrouth et Genève, trois experts indépendants ont adressé une lettre au gouvernement libanais le 25 janvier, dans laquelle ils exprimaient "leur grande inquiétude concernant la détention arbitraire présumée et les accusations de mauvais traitements subis par M. el-Diqqa depuis son arrestation".

Ces enquêteurs affirmaient qu'après son arrestation, le 3 novembre 2018 par les FSI, l'homme âgé de 44 ans a été maintenu au secret et frappé, notamment sur ses parties génitales, électrocuté, forcé à la nudité et ensuite contraint de signer une confession.

Le communiqué de Michelle Bachelet rappelle que fin novembre, une plainte a été déposée devant le Parquet pour arrestation arbitraire, torture et mauvais traitements, sans qu'aucune enquête ne soit menée, jusqu'à ce que la plainte soit retirée (supposément, sous la pression des autorités), en mars 2019. Le texte ajoute qu'une deuxième plainte avait été déposée en décembre 2018, sans aucun suivi. 

"En avril, M. el-Diqqa a finalement été admis à l'hôpital, sa jambe gauche partiellement paralysée et souffrant de douleurs sévères au niveau du dos. Il était incapable de parler ou de se tenir debout", ajoute la responsable onusienne, précisant que le détenu est décédé le 11 mai. 


(Lire aussi : Guerre des communiqués autour du décès de Hassan el-Diqqa)



"Manquements importants"
Pour Mme Bachelet, le décès du Libanais, qui avait été arrêté pour narcotrafic, "met en lumière un certain nombre de manquements importants au sein des systèmes judiciaire et carcéral libanais".

Elle reproche aux responsables libanais d'avoir "ignoré les lois du pays", en n'enquêtant pas sur les accusations de torture, "rapports de médecins légistes à l'appui", et en refusant de procurer des soins médicaux au détenu. Les procédures judiciaires "semblent avoir été méprisées depuis l'arrestation d'el-Diqqa par les Forces de sécurité intérieure jusqu'à son décès", relève encore la responsable onusienne. Dans ce contexte, la diplomate chilienne appelle à "une enquête indépendante, rapide et crédible sur cette affaire, afin d'assurer que de telles situations ne se reproduisent plus au Liban". 

Elle appelle également, s'il s'avère que M. el-Diqqa a bien été torturé, à ce que "les personnes qui ont ordonné et commis ce crime et toutes les personnes qui lui ont refusé le droit à recevoir des soins médicaux et ses droits judiciaires, rendent des comptes".  

Michelle Bachelet invite enfin les autorités à allouer un budget prévu pour le financement de la Commission nationale libanaise pour les Droits de l'Homme, dont dépend le mécanisme de prévention de la torture qui "pourrait faire une différence significative dans la mise en œuvre de la Convention contre la torture, notamment dans les lieux de détention". 

Les FSI, qui avaient arrêté el-Diqqa, avaient nié toute pratique de torture, pointant du doigt à leur tour le père, mais aussi un médecin-légiste non identifié, accusé d'avoir "falsifié un rapport médico-légal", selon un communiqué. Les deux hommes se seraient mis d'accord pour inscrire dans ce rapport que Hassan el-Diqqa présentait des ecchymoses en raison de "torture", selon les forces de sécurité. Le médecin-légiste a été interpellé et il aurait fait des aveux, selon elles.

Lundi, l'organisation internationale de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW) avait déjà réclamé une "enquête impartiale" sur la mort du détenu. L'ONG Amnesty International avait, elle, appelé l'Etat libanais à faire preuve de zéro tolérance vis-à-vis du crime de torture". Dimanche, le ministère de l'Intérieur avait envoyé "un rapport détaillé au bureau du Commissariat aux Droits de l'homme de l'ONU concernant les accusations de torture dont aurait été victime Hassan el-Diqqa" et assurant que le Liban "respecte l'application des conventions internationales en matière de droits humains".


Le Liban a adopté en septembre 2017 une loi anti-torture, mais les ONG ont régulièrement documenté des cas de torture dans le pays, estimant que les autorités n'enquêtaient pas sérieusement sur les affaires qui impliquent les services de sécurité. Une institution a été mise sur pied pour enquêter sur les affaires liées à des violations des droits humains, mais le gouvernement ne lui a toujours pas alloué de budget. Si les véritables circonstances du décès du détenu n’ont pas encore été éclaircies, cette nouvelle "bévue" présumée risque de noircir un peu plus l’image d’un pays qui gagne jour après jour sa réputation d’État policier.


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commentaires (3)

ENQUETE EXHAUSTIVE... EFFICACE ET INDEPENDANTE... CHERCHEZ AILLEURS QU,AU LIBAN !

LA LIBRE EXPRESSION

23 h 20, le 14 mai 2019

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Commentaires (3)

  • ENQUETE EXHAUSTIVE... EFFICACE ET INDEPENDANTE... CHERCHEZ AILLEURS QU,AU LIBAN !

    LA LIBRE EXPRESSION

    23 h 20, le 14 mai 2019

  • La torture qui survit chez nous depuis 1960 pour obliger les prisonniers à avouer parfois des choses dont ils ne sont pas responsables devra s'arrêter.

    Antoine Sabbagha

    17 h 05, le 14 mai 2019

  • Mais de quoi je me mêle,ONU? c est les affaires internes de la justice libanaise! Quand il y a des carnages de peuples,et au Liban,ONU,ou êtes vous?!? vs approuvez alors ....

    Marie Claude

    16 h 33, le 14 mai 2019

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