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Liban - Justice

Des « divergences d’optique » divisent le corps judiciaire

Un groupe de magistrats avait appelé vendredi à cesser le travail, mais le CSM a désavoué la démarche.


Suite à un appel lancé vendredi appelant les juges à suspendre leur travail jusqu’à mercredi pour protester contre d’éventuelles baisses de leurs émoluments que pourrait adopter le gouvernement dans le cadre de son prochain budget, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) a précisé samedi dans un communiqué que cette demande n’émanait pas de lui et a appelé les magistrats à « poursuivre leur travail comme à l’accoutumée ».

La grève préventive avait été décidée par un groupe de juges, vendredi, après une séance de quatre heures à laquelle avait participé le président du CSM, Jean Fahd. Les auteurs de l’appel, qui ne l’ont pas signé, avaient averti que cette grève risque d’être suivie d’une grève ouverte dans le cas où les mesures d’austérité seraient effectivement décidées par le gouvernement mardi lors de la séance du Conseil des ministres. Ils avaient en outre déclaré qu’ils maintiendront leurs réunions ouvertes jusqu’au lendemain de la séance ministérielle, à savoir mercredi, date à laquelle ils tiendront une grande réunion pour décider du suivi de leur mouvement.

Le CSM, qui maintient de son côté ses réunions ouvertes pour accompagner les développements liés aux mesures concernant le corps de la magistrature dans le projet du budget, a indiqué dans son communiqué qu’il n’hésitera pas à « prendre des positions adéquates pour empêcher l’atteinte aux garanties des membres du pouvoir judiciaire, garanties qui sont le fruit de nombreuses années de souffrance et de lutte ». « Nous sommes attachés à coopérer avec les autres pouvoirs en vue de préserver la dignité et l’indépendance des magistrats », ajoute le texte.

Mais le Club des juges, fondé il y a un an par une trentaine de magistrats dans la volonté d’œuvrer pour la consolidation des droits et de l’indépendance du corps de la magistrature, et la lutte contre la corruption (voir ci-dessous), a publié un peu plus tard, samedi, un communiqué dans lequel il a appuyé la décision de la suspension du travail dans les tribunaux. « Nous faisons partie des juges qui ont décidé de s’abstenir de travailler pour protester contre les lois inconstitutionnelles portant atteinte à la justice », a indiqué le texte, soulignant que « le Club des juges soutient la grève d’avertissement, et assure que celle-ci se poursuivra jusqu’à mercredi, en vue d’obtenir la satisfaction des revendications du Conseil supérieur de la magistrature ».

Un proche du Club des juges, interrogé par L’Orient-Le Jour sur la raison pour laquelle le club a adopté une attitude différente de celle du CSM à l’égard de la décision de grève, affirme que « rien n’empêche une divergence d’optique ». « Nous avons une manière différente de voir les choses tout en ayant les mêmes buts », note-t-il, soulignant que « le mouvement de protestation a été lancé pour soutenir les demandes que le CSM adresse à la classe politique ».

Il rappelle qu’« en mars 2018, ce sont les juges qui ont décidé d’observer une grève avant de voir le président du CSM, Jean Fahd, se joindre à eux ». Il s’étonne qu’« aujourd’hui, un an plus tard, le gouvernement tente à nouveau de porter atteinte aux droits du corps judiciaire alors qu’il affirme vouloir aller à l’encontre de la corruption », notant qu’« un des critères d’une lutte efficace contre ce fléau est d’accorder toute la force au pouvoir judiciaire ». « Par ailleurs, la loi interdit au pouvoir de toucher aux droits des magistrats sans prendre l’avis du Conseil supérieur de la magistrature », lâche enfin le Club des juges.



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