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Liban - Grille des salaires

Les magistrats en grève hier pour dénoncer une atteinte à leurs « garanties »

Leurs droits et leur indépendance « sont en de bonnes mains », a assuré le ministre de la Justice, Salim Jreissati.

Le chef de l’État a reçu hier le président du Conseil supérieur de la magistrature, Jean Fahd, à la tête d’une délégation du CSM. Photo Dalati-Nohra

Les magistrats ont observé hier une grève dans la plupart des régions libanaises, pour demander que les « garanties » dont ils bénéficient soient préservées, à l’heure où elles sont menacées par la nouvelle grille des salaires, adoptée l’été dernier.

Le président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), Jean Fahd, a été reçu hier par le président de la République, Michel Aoun, à Baabda, au moment où on assistait à une grève inégalement respectée par les magistrats. « Le président de la République est attaché aux droits et aux acquis des magistrats, tout en prenant en compte la situation financière de l’État », a déclaré à la presse le juge Fahd, qui présidait une délégation du CSM, à l’issue de son entretien avec M. Aoun.

Pour rappel, les magistrats refusent le projet de suppression de l’autonomie de leur caisse de solidarité qui interviendrait en vue de l’unification de toutes les mutuelles des fonctionnaires, selon la loi sur la grille des salaires. Ils refusent aussi que soient ramenées à un mois et demi les vacances judiciaires, au lieu de deux mois. Ils réclament par ailleurs une nouvelle grille des salaires ou l’ajout à la grille existante de trois échelons exceptionnels.

À Beyrouth, certains juges ont reporté les audiences, d’autres ont travaillé uniquement sur les dossiers en cours de personnes arrêtées tandis que d’autres ont poursuivi leurs activités normalement. Par contre, les magistrats ont entièrement suspendu leurs activités à Zahlé-Baalbeck, Tripoli, Zghorta, Jezzine, Batroun, Bécharré et Hasbaya. À Qobeyate et Halba, le travail a été suspendu, excepté pour les cas urgents et les dossiers de personnes arrêtées. En revanche, la grève n’a pas été respectée au Hermel et à Ras Baalbeck, Nabatiyé, Saïda, Bint Jbeil, au Chouf et à Aley.


(Pour mémoire : Jreissati promet une loi pour séparer les caisses de solidarité de la grille des salaires)


« La façon de traiter le judiciaire »
Interrogé par L’Orient-Le Jour, un responsable judiciaire qui a requis l’anonymat estime que le gros du problème réside « dans la façon de traiter le judiciaire ». « Il y a eu plusieurs prises de position qui ont dérangé les magistrats et qui ont fait fi des spécificités du pouvoir judiciaire », a déclaré ce responsable.

« Ils sont en train de toucher à notre mutuelle et nos salaires. On est en train de s’en prendre aux garanties du judiciaire. Attention au danger de priver les magistrats de leurs garanties. Cela pourrait affecter leur qualité de vie, leur sécurité et par extension leur travail », a-t-il ajouté.

« Même le projet du budget 2018, qui touche aux mutuelles en général, menace la nôtre. Mais nous avons vu hier la commission parlementaire des Finances qui a promis de retirer l’article 36 touchant aux caisses mutuelles », a souligné le responsable, avant d’ajouter : « Nous payons le prix de la politique de l’État visant à réduire les dépenses. »

« Nous sommes en train de faire un suivi de la situation pour voir ce qui peut être fait. Mais tout dépend de la volonté des politiques de résoudre le dossier avant ou après les législatives », a indiqué le responsable qui révèle le passage prochain des magistrats à la télévision « pour expliquer aux gens ce qui se passe ».

« L’article 5 de la loi régissant le travail du judiciaire suppose qu’il faut prendre l’avis du CSM concernant les décisions ou projets de loi qui touchent au judiciaire. Malheureusement, cela n’a pas été fait », a déploré le responsable qui a toutefois estimé que le ministre de la Justice, Salim Jreissati, est du côté des magistrats.

M. Jreissati a pour sa part réagi hier dans un communiqué dans lequel il a réaffirmé son soutien à la magistrature. « Les droits et garanties de l’indépendance des magistrats sont en de bonnes mains (…). La réunion aujourd’hui (hier) avec la commission des Finances et du Budget a remis les choses en place après que le ministre de la Justice a expliqué les droits (en termes d’échelons) et les garanties que la Constitution et la loi donnent aux magistrats et qui ne peuvent pas être touchés », peut-on lire dans le communiqué.



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