Même si elle ne le concerne pas directement, le Libanais lambda ne considère pas qu’une éventuelle réduction des salaires et ou des pensions des retraités de l’administration ou des fonctionnaires, évoquée notamment par le chef du CPL, Gebran Bassil, pourrait contribuer à assainir les finances publiques. Interrogés sur les décisions impopulaires que le gouvernement s’apprête à entériner pour réduire le déficit budgétaire, la plupart des Libanais s'en prennent aux dirigeants et à leurs avantages, et, plus généralement, le manque de politiques sociales.
Dans un magasin de peinture à Badaro, Elie a la solution. « Avant de prendre de telles mesures à l’encontre de la population, qu’ils les appliquent aux ministres et aux députés qui non seulement perçoivent d’énormes salaires mais qui bénéficient également de nombreuses facilités. Les députés par exemple sont exemptés de taxes à l’achat de voitures. Les anciens députés devraient aussi arrêter de percevoir des salaires », dit-il, avant d’ajouter : «Il faut qu’ils mettent un terme aussi à la dilapidation des fonds publics et qu’ils pensent à des projets qui peuvent générer de l’argent. »
La vingtaine, Cynthia et Mariam travaillent dans la même entreprise. Elles prennent le soleil durant leur pose déjeuner sur l’avenue Sami el-Solh. Elles abondent dans le même sens qu’Élie. « Il faut avant tout réduire les salaires des ministres et des députés et arrêter de payer des salaires aux anciens députés ou encore à leurs familles lorsque ces derniers décèdent. C’est de cette façon que l’État pourra arrêter les abus », note Mariam. « L’État devrait entreprendre des projets pour relancer la croissance », renchérit Cynthia. « Au lieu de réduire les salaires, pourquoi n’aident-il à relancer les petites industries et l’agriculture ? » demande encore Mariam.
Non loin de là, Souad, la soixantaine, s’écrit : « Qu’ils arrêtent de voler et tout ira bien. Ils veulent réduire les salaires, qu’ils commencent plutôt à nous aider à vivre dans un pays car nous payons tout deux fois, que ce soit l’électricité ou l’eau, qu’ils nous assurent une bonne sécurité sociale et une bonne assurance vieillesse pour que nous dépensions moins. Ils pourront ensuite réduire nos salaires ! » « Je suis moi-même retraitée. Ce que j’encaisse ne me suffit pas et si cette mesure est appliquée, je crèverai vraiment de faim », souligne une autre femme, marchant au soleil à la rue Badaro.
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Premiers touchés, les petits employés
Sur le trottoir faisant face au bureau de la poste de Badaro, Hussein, la trentaine, enfourche sa moto. Il vient d’acheter des cartes de rechargement téléphonique d’Ogero qu’il vendra en percevant une commission.
« J’ai un master en génie civil, mais depuis la crise de l’immobilier je ne trouve plus d’emploi. Je tente de joindre les deux bouts en faisant de petits boulots, dit-il. Si l’État veut faire des économies, il peut commencer par annuler les effets de la dernière augmentation de l’échelle des salaires, faire comme si elle n’avait jamais été adoptée, sinon nous allons à grande vitesse droit dans le mur », ajoute-t-il, donnant l’exemple, chiffres à l’appui, des salaires des enseignants. « La nouvelle échelle des salaires a touché tous les fonctionnaires et les militaires et elle a créé un trou supplémentaire dans le Trésor », poursuit-il. « Et de grâce, qu’ils arrêtent de payer les anciens députés ! » lance-t-il.
(Lire aussi : La réduction des salaires des fonctionnaires annoncée par Bassil provoque un séisme)
En début d’après-midi, devant le bâtiment d’Ogero à Badaro, de nombreux employés sortent fumer une cigarette. « Voilà comment est fait le Liban. On s’en prend toujours aux petits employés alors que c’est à la tête de l’État qu’il faut agir. Dans les affaires de corruption, c’est toujours un petit employé qui paie les pots cassés, jamais un gros bonnet qui prend les décisions. Si la décision de réduire les salaires ou les retraites est prise, ce sont les petits employés qui vont en pâtir uniquement », s’indigne Élie, 24 ans, diplômé en relations publiques. Georges et d’autres employés acquiescent. Donald est d’un autre avis. Il se dit « optimiste quant aux décisions prises et aux réformes entreprises au cours de ce mandat présidentiel ».
Pour mémoire
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commentaires (9)
LE PEUPLE PARLE MAIS ELIT LES MEMES POURQUOI VOULEZ VOUS QUE NOS POLITICIENS FASSENT AUTRE CHOSE QUE CE QUI LEUR A REUSSI A CE JOUR? AVANT DE TOUCHER AU PEUPLE, FERMER LES ROBINETS DE LA CORRUPTION EN ENVOYANT EN PRISON QUELQUES POLITICIENS CORROMPUS MALHEUREUSEMENT LA JUSTICE DANS CE PAYS EST PRESQUE NULE QUAND IL S'AGIT DE PERSONNALITES UN TOUT PETIT EXAMPLE: QU'EST IL ARRIVE A CE MINISTRE QUI A ACHETE DES ARMES EN SUISSE ET QUI 'A PAS PU LES MONTRER AUX CONTROLEURS SUISSE ? CETTE AFFAIRE A ENTRAINE LA SUISSE A BLOQUE TOUTE VENTE D'ARMES AU LIBAN CE QUI EST QUAND MEME UN MESSAGE TRES GRAVE ET NEGATIF POUR LA REPUTATION DU LIBAN LA JUSTICE S'EST ELLE SAISIE DE CETTE AFFAIRE? LE GOUVERNEMENT A T IL FAIT QUELQUE CHOSE POUR CONNAITRE LA VERITE? RIEN RIEN RIEN CAR CELUI QUI N'A POINT PECHE ME JETTE LA PREMIERE PIERRE
LA VERITE
13 h 14, le 17 avril 2019