L'ancien PDG de Nissan Motor, Carlos Ghosn, et sa femme Carole, le 8 mars 2019 à Tokyo. Photo REUTERS/Issei Kato/File Photo
L'épouse de Carlos Ghosn a quitté le Japon après la nouvelle arrestation de l'ex-patron de Renault parce qu'elle s'est "sentie en danger", a-t-elle affirmé au Journal du Dimanche (JDD), alors que la justice voulait l'interroger selon plusieurs médias japonais.
Des procureurs japonais voulaient poser des questions à Carole Ghosn, sur la "base du volontariat", selon la chaîne publique NHK, la télévision privée Asashi et l'agence de presse Kyodo, cette dernière affirmant que des sommes éventuellement détournées, reprochées à son mari, pourraient avoir transité par une société dirigée par Mme Ghosn.
M. Ghosn, patron déchu de Renault, Nissan et Mitsubishi, a été interpellé jeudi matin à son domicile de Tokyo en raison de nouveaux soupçons de malversations financières, un mois à peine après avoir été libéré sous caution. Mme Ghosn, qui était présente lors de l'arrestation, a indiqué avoir regagné la France malgré la confiscation de son passeport libanais par la police japonaise, en utilisant son autre document de voyage, américain.
"L'ambassadeur de France m'a accompagnée à l'aéroport, il ne m'a pas lâchée jusque dans l'avion", a-t-elle raconté. "Jusqu'à la dernière seconde je ne savais pas si on me laisserait décoller. C'était irréel". Elle a aussi dit avoir "refusé" de "signer un mandat en japonais" pendant l'interpellation de son mari. "Puis ils ont voulu m'emmener avec eux. Sur le conseil de mon avocat, j'ai refusé", a ajouté Mme Ghosn.
Carole Ghosn a également déclaré au JDD que son mari avait enregistré un message pour "désigner les responsables de ce qui lui arrive" et qui sera "bientôt" diffusé.
Placé une nouvelle fois jeudi en garde à vue, après 108 jours passés derrière les barreaux, M. Ghosn avait annoncé la veille qu'il comptait tenir une conférence de presse le 11 avril pour "dire la vérité à propos de ce qui se passe".
(Commerce du Levant : Une société libanaise au cœur de la nouvelle affaire Carlos Ghosn)
"Quand il a compris qu'il allait être arrêté, il a enregistré une interview par Skype pour TF1 et LCI", a expliqué Carole Ghosn au JDD. "Il a aussi enregistré une vidéo en anglais où il donne sa version de l'affaire. Il avait envie de désigner les responsables de ce qui lui arrive. Ce sont les avocats qui l'ont, elle sera diffusée bientôt", a-t-elle promis.
Réitérant sa foi dans l'innocence de son mari, Mme Ghosn a assuré ne pas vouloir qu'il soit "au-dessus des lois mais qu'il soit jugé de façon équitable (...) Je demande solennellement qu'on lui laisse la présomption d'innocence comme à tout citoyen français et j'en appelle au président de la République".
Samedi, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, avait appelé le Japon à respecter les droits et la présomption d'innocence de Carlos Ghosn lors d'un entretien avec son homologue nippon en marge d'une réunion du G7 à Dinard (nord-ouest de la France).
La nouvelle arrestation de M. Ghosn est fondée sur des soupçons d'avoir transféré des fonds de Nissan à une société "de facto contrôlée par lui", via un distributeur de véhicules du constructeur japonais à l'étranger, selon le parquet japonnais. Carlos Ghosn est déjà sous le coup de trois inculpations: deux pour déclarations inexactes de revenus durant les années 2010 à 2018, dans des documents remis par Nissan aux autorités financières, et une pour abus de confiance.
Lire aussi
Carlos Ghosn dans les méandres du système judiciaire japonais
Ghosn veut être jugé séparément de Nissan pour un procès « équitable »
Renault fait le ménage dans ses comptes et charge Carlos Ghosn
Renault signale à la justice des flux suspects entre Oman et le Liban remontant à l'ère Carlos Ghosn
A quelles règles précises doit Carlos Ghosn se conformer ?
Renault et Nissan refondent leur gouvernance après Ghosn
Ghosn libéré en tenue d'ouvrier : son avocat reconnaît un "échec" désastreux
Ghosn privé de conseil chez Nissan, Renault discute de l'alliance
commentaires (9)
Dès qu’il peut qu’il parte de ce pays qui a commis en Asie les pires atrocités de la planète . Ils ne sont pas crédibles , les droits de la défense sont bafoués, la présomption d’innocence est piétinée , ils n’ont pas le moindre égard de la personne humaine. Il agissent comme au moyen âge ; ils extirpent des « aveux « sous la contrainte !
L’azuréen
21 h 51, le 08 avril 2019