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Liban - Polémique

Et rebelote pour une nouvelle querelle « électrique » CPL-FL

Le plan Boustani envenime à nouveau les rapports entre les deux formations chrétiennes majoritaires.


Samir Geagea et Michel Aoun lors de la signature de l’accord de Meerab. Photo d’archives

La trêve médiatique observée par le Courant patriotique libre et les Forces libanaises n’a pu tenir que quelques semaines. Près d’un mois après une séance incendiaire du Conseil des ministres, qui avait témoigné d’un profond désaccord entre les deux formations chrétiennes majoritaires autour de la normalisation des rapports avec la Syrie et du retour des réfugiés, le plan pour l’électricité élaboré par la ministre de l’Énergie, Nada Boustani (CPL), a une fois de plus « électrisé » l’atmosphère entre les deux « partenaires » chrétiens.

Tout a commencé lundi soir, lorsque le chef des FL Samir Geagea s’est exprimé à l’issue d’une réunion du groupe parlementaire « La République forte » de son parti. L’occasion pour le leader maronite de réitérer son appel à une solution permanente pour la crise de l’électricité. Selon lui, ce plan devrait commencer par une lutte contre le gaspillage à caractère technique entachant le processus de production du courant électrique. Des propos auxquels Nicolas Sehnaoui, député de Beyrouth et vice-président du CPL, n’a pas tardé à réagir.

Dans un entretien accordé à la chaîne OTV, organe du parti de Gebran Bassil, M. Sehnaoui a jugé « suspect » le comportement « d’un parti qui veut mettre en échec le plan (de production) de l’électricité et y imposer ses conditions ».


(Lire aussi : Geagea : C’est d’une résistance politique, et non économique, dont le pays a besoin)


Contactés par L’Orient-Le Jour, des observateurs rappellent que les positions de Samir Geagea à l’égard du plan de Mme Boustani ne sont pas nouvelles, et s’inscrivent dans le prolongement de l’opposition des FL au projet mis sur pied par César Abi Khalil, ex-ministre de l’Énergie et relevant lui aussi du parti fondé par le chef de l’État. Il n’en demeure pas moins que ce nouveau round de la polémique n’a pas tardé à prendre une tournure personnelle. Et pour cause : Eddy Maalouf, député CPL du Metn, a posté hier un tweet dans lequel il a implicitement attaqué le locataire de Meerab, l’accusant en substance de vouloir s’exprimer sur le dossier de l’électricité, alors qu’il fait de faux choix aussi bien sur le plan personnel qu’en matière de stratégie. Plusieurs faucons des FL sont aussitôt montés au créneau pour prendre naturellement fait et cause pour leur chef et stigmatiser la gestion aouniste du secteur de l’électricité. C’est dans ce cadre que s’inscrit un tweet posté hier par Joseph Ishac, député de Bécharré. Rappelant que les gens « attendent que le CPL leur assure l’électricité depuis 2010 », il a mis l’accent sur l’importance pour sa formation de commencer par mettre fin au gaspillage technique pour éviter des pertes supplémentaires.

À son tour, Georges Okaïss, député de Zahlé, est intervenu dans la polémique. Sur son compte Twitter, il a écrit : « Il est intolérable que nos remarques concernant le plan de l’électricité fassent l’objet d’une attaque personnelle. » Appelant à des avancées concrètes, il a déclaré : « Répondre à des faits scientifiques par une campagne arbitraire à caractère personnel est intolérable, et va à l’encontre de l’éthique politique. » « Quelqu’un aurait peut-être oublié qu’il est député », a-t-il encore lancé dans une allusion à peine voilée à Eddy Maalouf.


(Lire aussi : Électricité : que prévoit le plan de Nada Boustani ?)



Quant à Fady Saad, député de Batroun, il s’est livré à une diatribe particulièrement violente à l’encontre du CPL. « Nous comprenons la révolte de certains qui seraient lésés de voir le vrai visage de leur tendance à la réforme, mais qui cache mal la corruption entachant leur projets douteux, dévoilé au grand jour », a-t-il vitupéré dans un communiqué publié hier, assurant que son parti continuera à s’opposer à la corruption, aux marchés douteux et au gaspillage des deniers publics « envers et contre tous les efforts visant à masquer la réalité ».

Mais bien au-delà de la position traditionnelle des FL dans le dossier de l’électricité, c’est surtout par son timing que la nouvelle phase de la querelle attire l’attention. Elle intervient en effet avant la nouvelle séance de la commission ministérielle chargée de l’examen du plan de la ministre de l’Énergie. C’est d’ailleurs sur cette dimension que Nada Boustani a axé sa réponse aux FL sur son compte Twitter : « Nombreuses sont les campagnes lancées par certains protagonistes contre le plan de l’électricité afin de faire du parasitage et pousser l’opinion publique à avoir des idées erronées. » Et de poursuivre : « Il vaut mieux qu’ils (les protagonistes concernés) formulent leurs remarques dans le cadre de la commission ministérielle, au lieu de verser dans les fanfaronnades. » Et la ministre de se dire « prête à une collaboration constructive à la recherche d’une solution qui réjouirait les Libanais ».

De même, Eddy Maalouf, député CPL du Metn, a dénoncé « le fait que Meerab ait pris de court la commission ministérielle chargée du dossier, soulignant que cela est intolérable ». Contacté par l’agence locale al-Markaziya, il a déclaré sans détour : « Il est inacceptable que l’on continue à attaquer politiquement le CPL, à l’heure où tous les protagonistes se disent déterminés à régler la question de l’électricité. »


(Pour mémoire : Bassil tancé par le Futur et les FL pour son escalade verbale)


La politique politicienne

Il va sans dire que la mésentente CPL-FL autour de la question de l’électricité aura des répercussions politiques qui se feront notamment sentir en Conseil des ministres. Et pour cause : le nouveau désaccord entre les deux partis intervient quelques semaines après leur virulente polémique en Conseil des ministres, et des mois après les tractations gouvernementales dans le cadre desquelles l’entente de Meerab avait subi de sérieuses secousses.

À la faveur de cette logique, un analyste politique estime via L’Orient-Le Jour que l’accord de Meerab, au moins dans son volet politique, n’est plus de mise, soulignant par la même occasion la nécessité d’œuvrer plus sérieusement pour pouvoir préserver la réconciliation interchrétienne de 2016.

Même son de cloche chez May Chidiac, ministre d’État pour le Développement administratif (FL). Dans une déclaration à L’OLJ, elle reconnaît que l’entente entre sa formation et celle de Gebran Bassil ne tient plus, dans la mesure où des divergences fondamentales existent, tant en ce qui concerne la normalisation des rapports avec le régime Assad, que pour ce qui est de la souveraineté et du monopole du port des armes.

Concernant ce dernier épisode de la mésentente, Mme Chidiac ne mâche pas ses mots : « Nous ne faisons qu’exprimer notre avis et nous opposer à des pratiques jugées douteuses, et ce conformément à une logique institutionnelle. Cela est un droit élémentaire. Et ne devrait provoquer la colère de qui que se soit. » « Nous ne céderons pas à ce genre d’intimidations et continuerons à nous opposer à tout ce qui va à l’encontre de l’intérêt des gens », ajoute-t-elle.


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La trêve médiatique observée par le Courant patriotique libre et les Forces libanaises n’a pu tenir que quelques semaines. Près d’un mois après une séance incendiaire du Conseil des ministres, qui avait témoigné d’un profond désaccord entre les deux formations chrétiennes majoritaires autour de la normalisation des rapports avec la Syrie et du retour des réfugiés, le plan pour...

commentaires (5)

Il n'y a pas 36 solutions. Laissez Nada Boustani poursuivre ce qu'avaient fait ses prédécesseurs . Laissez-la louer une trentaine de bateaux turcs centrales électriques puis les placer tous les 8 kilomètres le long de nos côtes . Ainsi le problème serait définitivement réglé. Cela coûtera cher au Trésor public mais permettra d'ajouter un peu d'huile sur les épinards de quelques uns.

Un Libanais

11 h 50, le 28 mars 2019

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Commentaires (5)

  • Il n'y a pas 36 solutions. Laissez Nada Boustani poursuivre ce qu'avaient fait ses prédécesseurs . Laissez-la louer une trentaine de bateaux turcs centrales électriques puis les placer tous les 8 kilomètres le long de nos côtes . Ainsi le problème serait définitivement réglé. Cela coûtera cher au Trésor public mais permettra d'ajouter un peu d'huile sur les épinards de quelques uns.

    Un Libanais

    11 h 50, le 28 mars 2019

  • Personne n’arrêtera les FL de dire et faire ce qui est dans l’intérêt du peuple et du pays. Personne! Ni les Palestiniens ne l'ont pu, ni les Syriens ne l'ont pu et surement pas des Tartempions comme le CPL ou autres ne le pourrons. ON CONTINUE!

    Pierre Hadjigeorgiou

    10 h 08, le 28 mars 2019

  • ON TOURNE ET ON RETOURNE AUX BARGES TURQUES, SCANDALE DU SIECLE ET LATTA PAR EXCELLENCE, QU,ON NE VEUT PAS LACHER, POUR DES INTERETS PERSONNELS DES POCHES PROFONDES. LE DEPART DES ABRUTIS CORROMPUS, IGNORANTS, INCOMPETENTS ET M,ENFOUTISTES EST UNE NECESSITE DES PLUS URGENTES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    05 h 36, le 28 mars 2019

  • En tt cas chapeau aux FL réconciliation entre chretien c’est fait maintenant si les autres veulent se fâcher à cause de la politique alors ils n’ont rien compris et ne comprendront jamais et resterons des enfants !! On continue

    Bery tus

    05 h 11, le 28 mars 2019

  • On se fiche de vos avis, les uns comme les autres. Qu’est-ce que vous en savez en matière d’électricité? Rien! Nada! Laisser les techniciens proposer un plan technique, neutre, apolitique, et laissez-les l’implémanter sans vous mêler. Ou alors privatisez le secteur, partagez-vous les deniers publics, mais surtout ensuite foutez-nous la paix!!!! Y’en a marre, marre, marre de votre amateurisme!

    Gros Gnon

    01 h 10, le 28 mars 2019

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