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Liban - Partielle de Tripoli

Le 8 Mars face à un dilemme : se retirer de la bataille de Tripoli ou risquer de perdre la face

Taha Nagi temporise, Samer Kabbara toujours dans la course.

Achraf Rifi s’entretenant, lundi à son bureau, avec Dima Jamali et Rachid Derbas, ancien ministre des Affaires sociales. Photo ANI

En tournant la page de sa longue querelle avec son plus grand opposant sunnite depuis 2016, Achraf Rifi, ancien ministre de la Justice, le Premier ministre, Saad Hariri, a fait d’une pierre deux coups : il a resserré les rangs de la communauté sunnite autour de lui et s’est assuré de l’appui de M. Rifi à la candidate du Futur, Dima Jamali, lors de l’élection partielle prévue à Tripoli le 14 avril prochain pour pourvoir au siège sunnite vacant de la ville après l’annulation, par le Conseil constitutionnel, de la députation de Mme Jamali. Du coup, les choses se présentent bien pour cette dernière. Mais qu’en est-il des sunnites du 8 Mars, ceux-là mêmes qui, voulant incarner une alternative sunnite aux haririens, ont bloqué des mois durant la formation du gouvernement, avec l’appui décisif du Hezbollah ?

Provoquée par le recours en invalidation devant le Conseil constitutionnel présenté par Taha Nagi, candidat malheureux des Ahbache (islamistes prosyriens) qui avaient mené bataille côte à côte avec Fayçal Karamé, député de Tripoli, lors des législatives de mai dernier, la partielle est donc censée représenter une opportunité pour les adversaires du Premier ministre de prouver ce qu’ils n’ont cessé de répéter depuis mai, à savoir que le Futur n’a guère vocation à accaparer la représentation sunnite.

Y parviendront-ils ? Rien n’est moins sûr, ce qui peut-être explique le silence qu’observent jusqu’ici les sunnites gravitant dans l’orbite du 8 Mars, qui préfèrent temporiser et procéder à une minutieuse étude de terrain avant de se lancer dans la bataille, celle-ci pouvant être désastreuse pour eux si l’écart des voix est énorme avec le score de la candidate du Futur. Une chose est sûre pour le moment : si le 8 Mars décide de prendre part à la compétition, ce sera par le biais du même Taha Nagi. Contacté par L’Orient-Le Jour, M. Nagi confie que le groupe dont il fait partie n’a pas encore pris de décision finale, et préfère profiter des dix jours qui lui restent avant l’expiration du délai de dépôt des candidatures (fixé au 29 mars). « Je mise sur le soutien populaire dont j’avais été l’objet à la suite de la décision injuste du Conseil constitutionnel », déclare-t-il, rappelant ainsi qu’il aurait préféré que le CC proclame d’emblée sa victoire plutôt que de décider de la tenue d’un nouveau scrutin.

En face, les milieux du courant du Futur se félicitent du fait que Saad Hariri soit parvenu à se débarrasser de son « adversaire » de poids, en l’occurrence Achraf Rifi, sans toutefois céder à la tentation de crier victoire trop tôt.


(Lire aussi : Rifi soutient Jamali pour « faire échec au projet iranien »)

Samer Kabbara

L’absence, jusqu’ici, d’une compétition sérieuse ne signifie pas pour autant que Mme Jamali sera réélue d’office à son siège, constate-t-on, même si la candidate bénéficie de l’appui de poids lourds tels que l’ancien Premier ministre Nagib Mikati, Mohammad Safadi, ex-ministre des Finances, et, désormais, Achraf Rifi. Samer Kabbara, neveu de Mohammad Kabbara, député de Tripoli et proche des haririens, est de plus en plus déterminé à se lancer dans la compétition électorale. Mais contrairement à ses concurrents du 8 Mars, le jeune candidat est loin de porter une vision politique alternative à celle du Futur. Il saisit l’occasion de la partielle pour tester son poids politique et populaire, dans la perspective de futures échéances à caractère politique, estiment les observateurs, minimisant ainsi l’importance des résultats qu’il pourrait obtenir.

Contacté par L’OLJ, Samer Kabbara se contente d’assurer que sa décision de se porter candidat tient toujours, dans la mesure où il faut « permettre à Tripoli de choisir librement ses représentants à l’hémicycle », dit-il.


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En tournant la page de sa longue querelle avec son plus grand opposant sunnite depuis 2016, Achraf Rifi, ancien ministre de la Justice, le Premier ministre, Saad Hariri, a fait d’une pierre deux coups : il a resserré les rangs de la communauté sunnite autour de lui et s’est assuré de l’appui de M. Rifi à la candidate du Futur, Dima Jamali, lors de l’élection partielle prévue à...

commentaires (3)

Ce n'est pas grave du tout, Taha Nagi, candidat des Ahbache (islamistes pro-syriens) pourrait aller se présenter en Syrie. Moralement, on ne peut pas être pro-syrien et se présenter à la députation dans un autre pays. Je lui rappelle que Tripoli est la deuxième ville du Liban indépendant, libre, souverain et maître de son destin.

Un Libanais

12 h 47, le 20 mars 2019

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Commentaires (3)

  • Ce n'est pas grave du tout, Taha Nagi, candidat des Ahbache (islamistes pro-syriens) pourrait aller se présenter en Syrie. Moralement, on ne peut pas être pro-syrien et se présenter à la députation dans un autre pays. Je lui rappelle que Tripoli est la deuxième ville du Liban indépendant, libre, souverain et maître de son destin.

    Un Libanais

    12 h 47, le 20 mars 2019

  • Pourquoi les sunnites de tripoli du " futur antérieur " ne feraient ils pas comme les kataebs de Sami, élire d' office leur candidate. Ça ferait tellement plaisir aux liba-niais , mais surtout et encore plus aux liba-niaises. Ça leur donnerait une impression d'avoir été IMPORTANT.

    FRIK-A-FRAK

    10 h 04, le 20 mars 2019

  • LES TRAITRES PESENT BIEN LA DONNE QUI LEUR EST DEFAVORABLE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 54, le 20 mars 2019

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