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Liban - Législatives partielles

Partielle de Tripoli : Hariri marque un point, Rifi se retire de la course

Les deux hommes se sont retrouvés hier au domicile de Fouad Siniora. Il s’agit de leur première rencontre depuis 2016.

Saad Hariri et Achraf Rifi : des retrouvailles après une longue rupture. Photos Dalati et Nohra

C’est un important point que le Premier ministre Saad Hariri a marqué hier face à tous ses adversaires, notamment dans le cadre de la compétition de la partielle de Tripoli prévue le 14 avril prochain. Le leader du courant du Futur a réussi à amener son plus grand opposant depuis 2016, l’ancien ministre Achraf Rifi, à se retirer de la course pour pourvoir au siège sunnite vacant de la ville après l’annulation, par le Conseil constitutionnel, de la députation de Dima Jamali (courant du Futur).

Mieux encore : Achraf Rifi appuiera Dima Jamali lors du scrutin d’avril. C’est ce qu’a annoncé l’ancien Premier ministre Fouad Siniora, à l’issue d’une rencontre entre MM. Hariri et Rifi à son domicile, rue Bliss. Une rencontre à laquelle était présent Rachid Derbas, ancien ministre des Affaires sociales. Cette toute première rencontre entre Saad Hariri et Achraf Rifi depuis le 11 février 2016 (date de la démission de M. Rifi du cabinet Tammam Salam) s’inscrit dans le prolongement d’une initiative menée par M. Siniora, avec qui l’ancien ministre s’était entretenu le week-end dernier.

S’exprimant à l’issue de la réunion, Saad Hariri a déclaré qu’une « nouvelle page » s’est ouverte avec Achraf Rifi. « La réunion visait à appuyer Dima Jamali », a-t-il fait savoir, insistant sur « l’importance d’unifier les rangs » et appelant à œuvrer pour « mettre fin à la pauvreté à Tripoli ». « J’appelle tout le monde, tels que (l’ancien Premier ministre Nagib) Mikati et Achraf Rifi, à prendre part aux élections dans le but d’assurer le développement de Tripoli », a ajouté M. Hariri.

Quant à Achraf Rifi, il a fait savoir qu’il passe outre « les petites divergences », parce que « le pays fait face à des dangers ». « J’appelle les Tripolitains à agir conformément à leurs convictions », a-t-il poursuivi. Il va sans dire qu’une telle décision est à même d’améliorer les chances de Dima Jamali. D’autant que celle-ci bénéficie déjà du soutien de l’ex-chef de gouvernement Nagib Mikati et de l’ancien ministre des Finances Mohammad Safadi.Cette « réconciliation intersunnite » ne doit pas

être dissociée de son contexte politique. Elle est intervenue quelques semaines après une virulente campagne menée par le Hezbollah contre Fouad Siniora, grand compagnon de route de Rafic Hariri, avec, en toile de fond, l’affaire des fameux onze milliards de dollars dont l’usage serait, selon les détracteurs du camp Hariri, « douteux ». Une campagne dans le cadre de laquelle Achraf Rifi n’avait pas tardé à se solidariser avec M. Siniora et le Futur en général, en dépit de son positionnement hostile à la ligne politique actuelle.


Craintes liées à la candidature de Kabbara
Pour en revenir à la bataille de Tripoli, il n’en reste pas moins que le Futur devrait encore faire face à ses opposants prosyriens. Ces derniers entendent appuyer la candidature de Taha Nagi, candidat malheureux des Ahbache (islamistes prosyriens), qui avaient mené bataille côte à côte avec Fayçal Karamé, actuel député de Tripoli et membre de la Rencontre consultative sunnite, le sous-groupe rassemblant les députés sunnites alliés au Hezbollah et hostiles à Saad Hariri. D’ailleurs, c’est à la faveur d’un recours en invalidation présenté par M. Nagi lui-même que le CC avait annulé la députation de Mme Jamali et convoqué à une partielle.

Mais c’est surtout la candidature de Samer Kabbara, neveu de Mohammad Kabbara, député de Tripoli (courant du Futur), qui semble susciter de sérieuses craintes quant à la possibilité, pour les haririens, de reconduire Dima Jamali à son siège sans difficultés. Cette décision (annoncée lundi sur les réseaux sociaux) est intervenue une dizaine de jours après un communiqué publié par Mohammad Kabbara dans lequel il avait annoncé qu’il restait à son poste « aux côtés des gens de Tripoli ». Il faisait ainsi barrage à des spéculations selon lesquelles M. Kabbara entendait démissionner afin de paver la voie à son fils, Karim, pour faire son entrée à l’hémicycle.

La candidature de Samer Kabbara n’est naturellement pas sans susciter des craintes quant à un éventuel partage des voix de la machine électorale Kabbara. Il s’agit là d’une éventualité à même de réduire les chances de Dima Jamali de remporter la compétition. Sauf que les milieux de Mohammad Kabbara minimisent, via L’Orient-Le Jour, la portée de la candidature du neveu. Il s’agit d’une opportunité dont les nouvelles générations de jeunes entendent profiter pour exprimer leurs opinions, dit-on.


« Bataille pour affaiblir le Futur »
Les haririens semblent conscients de la complexité de la bataille, dans la mesure où « toute candidature nouvelle est à même de réduire les chances de Dima Jamali », comme le confie à L’OLJ Moustapha Allouche, ancien député de Tripoli et membre du directoire de la formation haririenne, en commentant la candidature de Samer Kabbara. Selon lui, « la partielle de Tripoli est une bataille visant surtout à affaiblir le Futur ».

Sur un registre strictement technique, et quelques jours après la convocation du collège électoral, la ministre de l’Intérieur, Raya el-Hassan, a publié hier un communiqué dans lequel elle a annoncé que le délai de dépôt des candidatures s’étale du 14 au 29 mars inclus. Elle a également fait savoir que le délai de retrait des candidatures expire le 3 avril prochain.

De même, le chef de la diplomatie, Gebran Bassil, a publié une circulaire adressée aux missions diplomatiques et consulaires libanaises à l’étranger, concernant le vote de la diaspora. M. Bassil a demandé à ces missions de publier les listes d’électeurs relatives à Tripoli sur le site web www.dgps.gov.lb/elections/index.php, afin de permettre aux intéressés d’en prendre connaissance. Les missions diplomatiques et consulaires doivent notifier ceux qui désirent participer à la partielle de la nécessité de se rendre personnellement au Liban munis d’une carte d’identité, ou d’un passeport libanais valable, selon la circulaire, le vote ne pouvant se dérouler à l’étranger dans le cas des partielles.


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commentaires (3)

UN BON SIGNE !

LA LIBRE EXPRESSION

21 h 06, le 13 mars 2019

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • UN BON SIGNE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 06, le 13 mars 2019

  • Que le meilleur gagne !

    FRIK-A-FRAK

    08 h 42, le 13 mars 2019

  • Tant mieux si l’épouvantail Hezbollah parvenait à rassembler les Libanais. Et Mabrouk pour Dima Jamali qui profite de l’occasion. Car une fois la mode éphémère de la corruption passée, la menace d’aller en prison oubliée, ce sera à nouveau chacun pour soi. Chapeau à M. Siniora qui a joué les Deus Ex Machina, il faut avouer que M. Rifi n’a jamais été de taille. Georges Tyan

    Lecteurs OLJ 3 / BLF

    08 h 25, le 13 mars 2019

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