Rifi redistribue les cartes avant « son » 14 mars ?

À quelques jours du 14 mars, date particulièrement symbolique qu’il s’était fixé pour se prononcer au sujet de la partielle de Tripoli pour pourvoir au siège sunnite vacant après l’annulation de la députation de Dima Jamali, relevant du courant du Futur, l’ancien ministre Achraf Rifi a entamé une nouvelle phase de contacts. Il s’est ainsi entretenu avec les anciens Premiers ministres Nagib Mikati et Fouad Siniora, comme il a rencontré Samir Jisr, député de Tripoli (courant du Futur).

Si les milieux de M. Rifi, farouche opposant aux choix politiques du Premier ministre Saad Hariri depuis la mise sur pied du compromis présidentiel de 2016, tentent de minimiser la portée politique de ces entretiens, leur timing ne peut que leur conférer une dimension électorale. C’est ainsi qu’il conviendrait d’expliquer la surprise générale qu’a créée la rencontre samedi entre l’ancien ministre de la Justice et Fayçal Karamé, parlementaire de la ville et relevant de la Rencontre consultative, le sous-groupe rassemblant les six députés sunnites hostiles au Futur et alliés au Hezbollah.

M. Rifi a personnellement fait barrage à toutes sortes d’interprétations, surtout que les deux hommes divergent radicalement sur plusieurs questions souverainistes telles que l’arsenal du Hezbollah, ou encore les rapports avec le régime de Bachar el-Assad.

Il a assuré sur son compte Twitter que « la réunion avec Fayçal Karamé est d’ordre social ». « Mes constantes ne changent pas. Ma participation à la partielle se fera sur la base de mon programme axé sur l’attachement à l’État, la lutte contre la corruption et l’importance de mettre fin à la négligence (officielle) dont souffre Tripoli », a-t-il ajouté.Dans une optique strictement électorale, il convient de rappeler que la décision du Conseil constitutionnel a été rendue à la faveur d’un recours en invalidation présenté par Taha Nagi, candidat malheureux des Ahbache (islamistes prosyriens) qui s’étaient alliés à M. Karamé lors des législatives de mai 2018, pour faire face au courant du Futur. Un tableau qui n’est naturellement pas sans susciter des interrogations quant à une éventuelle redistribution des cartes dans la perspective de la bataille prévue le 14 avril prochain.

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Sauf que, dans les milieux d’Achraf Rifi, on est catégorique : pas question de s’allier à Fayçal Karamé lors de la partielle, assure une source proche de M. Rifi à L’Orient-Le Jour, tout en rappelant que les conditions d’un tel rapprochement avec le 8 Mars n’existent pas. La réunion entre les deux hommes est donc strictement sociale, ajoute-t-on de même source.

Les proches de Fayçal Karamé assurent eux aussi à L’OLJ qu’aucune alliance avec Achraf Rifi n’est envisagée. D’autant que les deux parties ne convergent sur aucun principe stratégique. Il n’en

demeure pas moins que ces milieux sont conscients de la difficulté de la bataille dans le cadre de laquelle M. Karamé entend appuyer, une fois de plus0 Taha Nagi, face au camp Hariri qui bénéficie du soutien des grands pôles de la ville. Toujours dans le cadre de sa valse de contacts, Achraf Rifi entend s’entretenir avec Mohammad Kabbara, député de Tripoli (Futur), et Mohammad Safadi, ancien ministre des Finances qui avait annoncé son appui au parti de Saad Hariri.

(Lire aussi : Les législatives partielles de Tripoli fixées au 14 avril)

Le Futur
Pour sa part, le courant du Futur accorde ses violons avant la compétition, qu’il perçoit comme une opportunité de consolider sa prééminence dans les rangs de la communauté sunnite. D’ailleurs, le secrétaire général du courant du Futur Ahmad Hariri n’avait pas mâché ses mots sur ce plan. Dans un entretien accordé au site web Lebanonfiles le 25 février dernier, il avait déclaré : « Nous œuvrons pour confirmer que le siège (de Dima Jamali) appartient au courant du Futur. »

Quoi qu’il en soit, une éventuelle participation d’Achraf Rifi à la compétition semble susciter des craintes haririennes quant à un éventuel partage des voix sunnites entre Mme Jamali et le candidat de M. Rifi (sachant qu’il entendrait prendre personnellement part à la partielle). Mais Moustapha Allouche, ancien député de la ville et membre du directoire de la formation de Saad Hariri préfère attendre que le tableau électoral soit complet. « Mais nous préparons notre base électorale pour une compétition fiévreuse », confie-t-il à L’OLJ.

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