Toujours à la recherche d’une nouvelle polémique pour remplir le temps mort, la classe politique est actuellement divisée sur l’approche à l’égard de la Syrie, surtout dans la perspective de la tenue du sommet arabe pour l’économie et le développement prévu le 20 janvier à Beyrouth.
Les déclarations se multiplient sur le sujet, certains appelant le Liban à prendre l’initiative d’inviter officiellement le régime syrien et d’autres, au contraire, appelant à la retenue et affirmant que le Liban devrait être le dernier des pays arabes à normaliser ses relations avec Damas.
Dans le sillage de cette nouvelle polémique, les figures prosyriennes de l’époque dite de la tutelle ont fait leur réapparition sur toutes les chaînes locales pour critiquer le Liban officiel.
Mais justement, la réalité est que les responsables n’ont pas la même approche sur ce dossier. Le Premier ministre désigné est résolument hostile à toute initiative de la part du gouvernement en direction de la Syrie et, selon ses proches, il ne compte rien entreprendre avant que les autres pays arabes ne prennent la décision de rétablir leurs relations avec le président Bachar el-Assad. D’une part parce qu’il estime que le Liban doit suivre la politique arabe sur ce dossier et non la précéder, et d’autre part pour des raisons personnelles, sachant que Damas considère qu’il a été actif dans l’aide apportée aux différentes factions de l’opposition. Le régime syrien a d’ailleurs récemment publié une liste des personnalités qu’il considère avoir joué un rôle dans l’appui « aux groupes terroristes », et le nom de Saad Hariri y figure. À cet égard, des sources proches du pouvoir syrien à Beyrouth précisent que la publication de la liste a été décidée pour faire en quelque sorte monter les enchères et montrer que Damas n’est pas dupe et ne compte pas faire de cadeau aux personnalités libanaises qui ont activement travaillé contre lui au cours des sept dernières années. Même si au final, il pourrait s’incliner devant les réalités politiques libanaises.
Face à la position du Premier ministre désigné, qui est appuyée par le chef du PSP Walid Joumblatt, il y a celle du président de la Chambre Nabih Berry qui, lui, appelle le Liban à prendre les devants à l’égard du régime syrien. Le président de la Chambre critique même le ministre des Affaires étrangères pour ne pas avoir fait le nécessaire sur ce sujet, de sa propre initiative, car selon lui, le Liban est le pays le plus concerné par le retour de la Syrie sur la scène arabe et il devrait donc être en tête de ceux qui réclament son retour. Pour lui, il faudrait même que le ministre Bassil prenne l’initiative d’inviter la Syrie au sommet pour le développement et l’économie qui doit se tenir à Beyrouth, sans attendre une décision de la Ligue arabe. Nabih Berry et ses proches profitent du froid supposé dans les relations entre Gebran Bassil et les autorités syriennes, après notamment l’incident de la plaque commémorative du retrait syrien d’avril 2005 à Nahr el-Kalb, pour multiplier leurs critiques. Il faut rappeler que le ministre des AE avait demandé qu’une plaque soit posée à Nahr el-Kalb portant la date du retrait des troupes syriennes, à l’instar des plaques annonçant le retrait des différentes troupes ayant occupé le Liban au cours de l’histoire. Ses propos avaient provoqué un tollé dans les milieux politiques proches de la Syrie, qui ont accusé Gebran Bassil de considérer les troupes syriennes présentes au Liban jusqu’en 2005 comme des forces d’occupation. Pourtant, tout au long des années de la guerre en Syrie, le ministre n’a jamais rompu ses relations avec Damas et on se souvient des critiques dont il avait fait l’objet lorsqu’il avait rencontré à New York, dans les coulisses de la session de l’Assemblée générale, en 2014, son homologue syrien Walid Moallem. À ce moment-là, seul le Hezbollah l’avait défendu...
Depuis, la situation en Syrie a certes bien changé et même les irréductibles ennemis de Bachar el-Assad, comme les Britanniques, admettent désormais qu’il restera au pouvoir « pour un bon bout de temps ».
Entre les positions opposées du Premier ministre désigné et du président de l’Assemblée, il y a donc celle du ministre Gebran Bassil et de son camp qui prônent un retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe, mais en respectant les règles. Pour ce camp, le sommet qui doit se tenir à Beyrouth le 20 janvier est organisé par la Ligue arabe, et c’est donc elle qui lancera les invitations. Or, jusqu’à présent, il n’y a pas de décision prise pour adresser une invitation à la Syrie, dont l’appartenance à la Ligue a été gelée depuis 2011. Mais cela n’a pas empêché le ministre des AE de militer en faveur du retour de la Syrie au sein de la Ligue, dans le cadre de toutes ses rencontres avec les dirigeants arabes. D’ailleurs, les représentants des pays membres doivent tenir une réunion demain au Caire pour étudier le cas de la Syrie. Ce qui signifie que les efforts de Gebran Bassil n’ont pas été vains, même si les développements sur le terrain ont été déterminants et ont modifié la position de nombreux pays arabes à l’égard de la Syrie. De toute façon, des sources diplomatiques arabes estiment que si la décision de ramener la Syrie au sein de la Ligue n’est pas prise dans les prochains jours, elle le sera certainement lors du sommet arabe annuel qui doit se tenir en mars à Tunis. La polémique au Liban est donc inutile, car tôt ou tard, les relations avec la Syrie seront normalisées et ceux qui ont encore du mal à l’admettre devront se rendre à l’évidence.
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commentaires (12)
quelqu'un - devinez qui - ?? quelqu'un a donc du souffler a l'oreille de certains & de certains medias de commencer une campagne d'ensencement de GB, touche a tout, l'homme qui tourne justement tout ce qu'il touche en or, aucune faute, aucune erreur dans ses gesticulations. voila le but de plusieurs analyses/decryptages actuels et a venir.
Gaby SIOUFI
16 h 21, le 09 janvier 2019