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À La Une - Japon

Nouveau coup de théâtre : Ghosn reste en prison sur des charges supplémentaires

Selon un communiqué du parquet, le Franco-Libano-Brésilien est soupçonné d'avoir "failli à sa fonction de PDG et d'avoir causé un préjudice à Nissan".

A Tokyo, le 21 décembre 2018, des Japonais suivent les informations concernant l'affaire de Carlos Ghosn. Japan OUT / AFP / JIJI PRESS

Nouveau rebondissement judiciaire, Carlos Ghosn a fait vendredi l'objet d'un troisième mandat d'arrêt au Japon sur des charges supplémentaires, anéantissant ses espoirs d'une libération immédiate.

L'arrestation du PDG de l'alliance automobile Renault-Nissan-Mitsubishi Motors, le 19 novembre à Tokyo, avait fait l'effet d'un coup de tonnerre, sa longue garde à vue avait ensuite étonné à l'étranger et le système judiciaire japonais s'était retrouvé sous le feu des critiques.

Les médias avaient annoncé qu'il resterait sous les verrous jusqu'à la fin de l'année, voire au-delà, mais le tribunal a désavoué jeudi le parquet: geste rarissime, il a refusé d'étendre la garde à vue du dirigeant de 64 ans et rejeté ensuite l'appel des procureurs. Une libération sous caution semblait alors imminente et M. Ghosn se disait déjà prêt à "restaurer sa réputation", selon son avocat cité par les médias, mais c'était sans compter sur la ténacité du parquet, apparemment furieux d'avoir été humilié la veille. Le bureau des procureurs a ainsi décidé de l'arrêter de nouveau, ce qui lui donne 48 heures supplémentaires pour l'interroger sur de nouveaux chefs d'accusation, d'abus de confiance cette fois. La durée de cette garde à vue peut en outre être encore étendue.



(Lire aussi : « Les Échos » font état de donations de Renault-Nissan au Liban)



Pertes imputées à Nissan
Selon un communiqué du parquet, Carlos Ghosn est soupçonné d'avoir "failli à sa fonction de PDG et d'avoir causé un préjudice à Nissan".

Concrètement, le parquet lui reproche d'avoir fait couvrir par Nissan "des pertes sur des investissements personnels" au moment de la crise financière d'octobre 2008, ce qu'il nie selon la chaîne de télévision publique japonaise NHK. La somme incriminée s'élève à 1,85 milliard de yens (14,5 millions d'euros). Pour obtenir l'accord de sa banque sur cette opération, il aurait effectué des virements d'un montant total équivalent, d'une filiale de Nissan vers un compte tiers se portant garant.

Ce type de délits est normalement prescrit au bout de 7 ans, mais la loi permet de suspendre le décompte lors des séjours à l'étranger, nombreux dans le cas de M. Ghosn qui passait seulement un tiers de son temps au Japon.

Pour le moment, le Franco-Libano-Brésilien a été inculpé le 10 décembre pour avoir omis de déclarer aux autorités boursières environ 5 milliards de yens (38 millions d'euros) de revenus sur cinq années, de 2010 à 2015. Son bras droit Greg Kelly, arrêté en même temps que lui, a aussi été mis en examen. Les deux hommes sont également soupçonnés de minoration d'émoluments sur la période 2015-2018, pour un montant de 4 milliards de yens.





Au cours des auditions, M. Ghosn aurait reconnu avoir signé des documents mentionnant des paiements qu'il était censé percevoir au moment de quitter Nissan, mais il assure, selon la presse, que ces montants n'étaient pas définitivement établis et n'avaient donc pas à être inclus dans les rapports publics de l'entreprise. Il "brassait des millions. On aurait dit qu'il dirigeait la compagnie pour son propre profit", dénonce une source proche du dossier.

M. Kelly ne fait pas, lui, l'objet d'un nouveau mandat d'arrêt et ses avocats ont déposé vendredi une demande de libération sous caution, a indiqué le tribunal de Tokyo. Il ne devrait toutefois pas être libéré avant mardi, d'après la NHK.



(Lire aussi : Affaire Ghosn : les regards se tournent vers les finances de Renault-Nissan)



"Brutalité"
Pour Carlos Ghosn, qui séjourne actuellement dans une petite cellule d'un centre de détention de Tokyo, c'est une troisième étape qui s'ouvre sur le front judiciaire. Un imbroglio qui risque d'alimenter les critiques sur la justice nippone.

"Le système pénal japonais a été révélé au grand jour à l'étranger. Ce n'est pas forcément la meilleure face du Japon, ce n'est pas bon pour le monde des affaires", a commenté pour l'AFP Me Lionel Vincent, avocat du barreau de Tokyo. "Les dirigeants d'entreprises étrangères sont surpris de la brutalité de la procédure et craignent à tort d'être pris au piège de règles qu'ils ne connaissent pas et d'un système qu'ils ne maîtrisent pas", a-t-il ajouté.

Pendant ce temps, l'alliance Renault-Nissan est dans la tourmente. Les constructeurs japonais Nissan et Mitsubishi Motors ont déjà révoqué à l'unanimité M. Ghosn de la présidence de leur conseil d'administration, mais le groupe français Renault l'a maintenu jusqu'à présent à son poste, confiant "à titre provisoire" la direction exécutive à son numéro deux Thierry Bolloré.

De son côté, Nissan, lui-même inculpé dans l'affaire, se prépare à une éventuelle libération de son ancien sauveur, qu'il accuse aujourd'hui de tous les maux, notamment d'avoir utilisé des résidences de luxe dans le monde entier aux frais de la compagnie.

Pour le groupe nippon, qui a mené l'enquête pendant des mois en interne avant de transmettre les charges au parquet, "les preuves sont substantielles et convaincantes". "Nissan poursuit ses propres investigations, dont le champ continue de s'élargir", a-t-il insisté vendredi.



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commentaires (11)

Le manque de reaction de la France est effarant ! Ils veulent pas affronter le diable Nippon de face Cet acharnement va finir par tomber sur la tête de quelqu'un soit les accusateurs soit Carlos Ghosn ,,, et il est dans la gueule du loup

Zabal Jean Louis

22 h 52, le 21 décembre 2018

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Commentaires (11)

  • Le manque de reaction de la France est effarant ! Ils veulent pas affronter le diable Nippon de face Cet acharnement va finir par tomber sur la tête de quelqu'un soit les accusateurs soit Carlos Ghosn ,,, et il est dans la gueule du loup

    Zabal Jean Louis

    22 h 52, le 21 décembre 2018

  • J'écoutais la TV Francaise , il est emprisonné dans une petite pièce avec toutes leslumières et il doit dormir avec le corps tourne vers la porte pour que le gardien voit sa tête ça veut dire il ne peut pas se tourner c'est la torture japonaise

    Eleni Caridopoulou

    20 h 48, le 21 décembre 2018

  • Courage Carlos car les japs veulent tout garder et te jeter.

    L’azuréen

    20 h 21, le 21 décembre 2018

  • on se croirait au Liban ou ailleurs de bien pire encore. qu'est ce que c'est ces élucubrations ?

    Gaby SIOUFI

    15 h 48, le 21 décembre 2018

  • C'est ridicule après tout!! Sar badda Abas Ibrahim pour résoudre l'énigme et la situation Ghosn...?

    Wlek Sanferlou

    13 h 45, le 21 décembre 2018

  • Je vois l'ombre de l'uncle Sam en filigrane...Renault en Iran...

    Shou fi

    13 h 06, le 21 décembre 2018

  • Les retombees de cette triste affaire vont etre tres nefastes sur le monde International des affaires et des echanges commerciaux avec le Japon. L’ingratitude, la traitrise et le racisme ayant toujours ete les bases de la philisophie et de l’histoire nippone, rien de nouveau pour qui connait bien les rouages et les intrigues qui ont toujours regi le pays du Soleil Levant. Il devient de plus en plus evident que le parquet est de conivence avec Nissan et les gens de l’ombre qui veulent discrediter leur ancien bienfaiteur.

    Cadige William

    12 h 41, le 21 décembre 2018

  • On l'a vendu comme vient de faire trump-pète avec les kurdes en Syrie et en Irak. On s'en sert et on les jette. Ce côté du monde n'est pas fiable. KHAMENEI et Khomeyni l'ont TOUJOURS dit.

    FRIK-A-FRAK

    12 h 13, le 21 décembre 2018

  • LES JAPS VEULENT EN FINIR AVEC GHOSN POUR HISTOIRE DE PRESTIGE NIPPONE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 19, le 21 décembre 2018

  • Sans Carlos Ghosn, Nissan n’existerait même plus aujourd’hui !!! Le Japon est très loin d'être un pays démocratique et son système pénal me paraît pire que celui des dictatures les plus sauvages.

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 56, le 21 décembre 2018

  • Le parquet japonais agit comme un voyou. Tout est claire dans cette affaire. L'escroquerie est du côté des japonais, et leur metjode est totalement inacceptable. On à l'impression qu'on a affaire à une "justice" à la turque. Quels couillons... !

    Sarkis Serge Tateossian

    09 h 53, le 21 décembre 2018

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