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À La Une - Liban

Tension dans le Chouf : Wahhab et le PSP calment le jeu

Aoun met en garde contre les propos qui ont été "tenus ces derniers jours" et qui "portent préjudice" au pays et "ravivent le passé".


L'ancien ministre libanais druze Wi'am Wahhab prononçant un discours, le 2 décembre 2018, dans le village de Jahiliyé, lors des funérailles de l'un de ses gardes du corps. Photo REUTERS/ Ali Hashisho

L'ancien ministre Wi'am Wahhab et le Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt, ont tenté de calmer le jeu mardi, après plusieurs jours de tension dans la Montagne druze libanaise suite à la mort par balle du garde du corps de l'ex-ministre prosyrien lors d'une descente des forces de l'ordre, tandis qu'une violente polémique continuait à opposer M. Wahhab au Courant du Futur du Premier ministre Saad Hariri dans le contexte du bras de fer qui oppose ce dernier au Hezbollah autour de la formation du nouveau gouvernement.


Lors d'un point de presse avec des journalistes à Jahiliyé, M. Wahhab a assuré ne pas mettre en doute le travail des forces de l'ordre, expliquant qu'il n'a "pas dit qu'un service de sécurité sunnite a attaqué des druzes", en référence au service des renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI), réputé être proche du Premier ministre sunnite, Saad Hariri.
"Nous avons besoin de la voix de la raison, et les nerfs des Libanais ne peuvent pas supporter cette atmosphère", a affirmé M. Wahhab. "Nous avons dit deux mots contre M. Hariri au sujet de la corruption, on nous a alors accusés d'incitation contre les sunnites. J'ai dit que les sunnites sont une +oumma+, et que cette +oumma+ a besoin d'hommes (...)", a-t-il ajouté. Il a assuré que c'est le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, son allié, "qui a épargné le sang des druzes de la Montagne et de la force qui a attaqué. Nous ne nous mêlons plus de ça, car nous avons vaincu la sédition".

La justice libanaise a émis il y a quelques jours un mandat d'amener à l'encontre de Wi'am Wahhab en vertu duquel les Forces de sécurité intérieure se sont rendues samedi au domicile de l'ex-ministre, une intervention au cours de laquelle un garde du corps de M. Wahhab a été tué. Les forces de l'ordre voulaient recueillir son témoignage suite à une procédure judiciaire engagée contre lui après ses attaques frontales contre Saad Hariri dans le contexte du bras de fer qui oppose ce dernier au Hezbollah autour de la formation du nouveau gouvernement. L’unité des FSI n’avait toutefois pas trouvé M. Wahhab à son domicile, et l'intervention des forces de l'ordre avait provoqué la colère de ses partisans. Des heurts avaient aussitôt eu lieu entre ces derniers et les policiers, faisant plusieurs blessés. Le garde du corps de M. Wahhab, Mohammad Abou Diab, devait décéder des suites de ses blessures. Les FSI avaient par la suite publié un communiqué clarifiant et détaillant les incidents de Jahiliyé, affirmant qu'Abou Diab avait été blessé par des tirs à l'aveuglette provenant des partisans du leader druze après le départ des forces de l'ordre. M. Wahhab a été frappé d'interdit de voyage sur ordre du parquet.

Lundi, l'avocat de Wi'am Wahhab, Maan el-Assaad, a réclamé  que le procureur général près la cour de cassation, Samir Hammoud, qui avait émis le mandat d'amener en vertu duquel les FSI se sont rendues au domicile de l'ex-ministre druze, soit dessaisi de l'affaire.


(Lire aussi : À Jahiliyé, le pire a été évité... le décryptage de Scarlett Haddad)



"Raviver le passé"
Une délégation du Hezbollah, présidée par Hussein Khalil, conseiller politique du secrétaire général du parti, Hassan Nasrallah, s'est par ailleurs entretenue dans après-midi avec les anciens ministres Ghazi Aridi et Waël Bou Faour, responsables au sein du PSP. Une visite qui note une volonté d'apaisement, surtout que les contacts entre les deux parties étaient interrompus ces derniers temps. "Nous avons des divergences politiques mais notre préoccupation commune est de prémunir le Liban contre toute atteinte à sa sécurité (...)", a affirmé M. Khalil à l'issue de l'entretien. "Nous sommes convaincus qu'il faut toujours avoir recours à l'Etat, aux institutions et à la justice", a pour sa part affirmé M. Aridi.

Dans une première réaction au bras de fer qui oppose M. Wahhab à M. Hariri et aux récents événements dans le Chouf, le président Michel Aoun a mis en garde contre les propos qui ont été "tenus ces derniers jours" et qui "portent préjudice au Liban" et "ravivent le passé". "Les propos tenus ces derniers jours et les vagues de réactions qui en ont découlé n’ont pas porté atteinte à une personne, une communauté ou un groupe, mais ont bel et bien porté préjudice au Liban tout entier et à tous les Libanais sans aucune distinction. Ces événements ont failli raviver le passé, chose que nous ne tolérerons jamais", a déclaré M. Aoun dans un discours à l’inauguration du nouveau bâtiment de la bibliothèque nationale à Sanayeh. "La stabilité dont jouit le Liban ne pourra être visée par aucun parti politique ou partie prenante, d’autant plus que les institutions judiciaires et sécuritaires sont en mesure de mettre fin aux abus, par la parole ou par les actions, et sont déterminées à corriger les défaillances dans leur performance, et ce sous la houlette de la classe politique et conformément aux lois et règlements en vigueur, a-t-il ajouté.


"Wahhab est responsable"
Réagissant lui aussi à l'incident de Jahiliyé, le secrétaire général du Courant du Futur, Ahmad Hariri, a fait assumer la responsabilité de la mort de Mohammad Abou Diab à Wi'am Wahhab.
"Le Courant du Futur n'a jamais été la cause de l'exacerbation des tensions dans le pays, car le Premier ministre Saad Hariri a clairement décidé de protéger le Liban du brasier qui l'entoure", a affirmé Ahmad Hariri, après avoir reçu une délégation du Courant patriotique libre, présidée par le ministre sortant de l'Environnement, Tarek el-Khatib. "Celui qui est responsable du sang versé est celui qui a préparé cette embuscade, comme l'a avoué Wi'am Wahhab à la chaîne al-Jadeed, et nous laissons la justice s'occuper de cette affaire", a souligné Ahmad Hariri, avant de faire savoir que le Courant du Futur "s'oppose à ce que la Montagne druze soit le champ de bataille qui ramènera la discorde au Liban".

"S'en prendre aux symboles nationaux, notamment Rafic Hariri, est contraire aux valeurs politiques du CPL, et tous les Libanais sont d'accord sur cela", a pour sa part affirmé Tarek el-Khatib à l'issue de l'entretien. "Nous souhaitons que toutes les formations politiques fassent preuve de responsabilité et de modération", a-t-il ajouté. La délégation du CPL, qui avait présenté hier ses condoléances à Wi'am Wahhab à Jahiliyé, s'est rendue aujourd'hui à Clemenceau où elle a été reçue par le député Taymour Joumblatt, fils du chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt.

Quelques heures plus tard, le bloc parlementaire du Futur a violemment critiqué M. Wahhab sans la nommer. "Calomnier des morts et diffamer les vivants fait-il partie de la liberté d'expression ? Le crime qui consiste à raviver le feu de la discorde et à pousser les gens dans ce sens est-il devenu une prise de position politique ? Le crime qui consiste à menacer de mort le Premier ministre Saad Hariri, le juge Samir Hammoud et le général Imad Osman est-il devenu un défoulement ? Tendre une embuscade aux FSI est-il devenu source de fierté ? Le recours à la justice, pour dissuader l'agresseur, est-il devenu un abus de pouvoir ? Annoncer fièrement avoir donné l'ordre de déployer des éléments armés pour guetter les FSI n'est-il pas le même crime que former des groupes armés et agresser les forces de l'ordre ?", a martelé le bloc à l'issue de sa réunion hebdomadaire. Le bloc, en présentant ses condoléances à la famille du garde du corps de M. Wahhab, a en outre appelé à "laisser l'affaire entre les mains de la justice qui, seule, peut déterminer les responsabilités".
Dans l'après-midi, des partisans du Courant du Futur ont organisé une marche en soutien à M. Hariri à Tarik Jdidé, un quartier populaire sunnite de Beyrouth.


(Lire aussi : Le régime Assad utilise le Hezbollah pour consolider sa présence au Liban)


Condoléances à Jahiliyé
Parallèlement, plusieurs responsables alliés à M. Wahhab se sont rendus à Jahiliyé afin de lui présenter leurs condoléances. A leur tête, l'ambassadeur de Syrie au Liban, Ali Abdel Karim Ali.
"Je suis venu présenter mes condoléances. Au Liban il y a des sages qui veulent empêcher la sédition, c'est pour cela que nous sommes optimistes et nous pouvons dire que le sang de Mohammad Abou Diab a été versé pour le Liban", a affirmé l'ambassadeur syrien, lors d'un point de presse aux côtés de M. Wahhab, un allié du régime du président syrien Bachar el-Assad.  "Ceux qui s'en prennent au Liban et à la Syrie sont perdants. Nous adoptons une logique de fraternité, et nos alliés au Liban sont les vainqueurs. Le Liban et la Syrie font face aux mêmes défis, que ce soit de la part d'Israël ou du terrorisme", a-t-il ajouté.

Le député de Tripoli Fayçal Karamé, proche de M. Wahhab, a également présenté ses condoléances à ce dernier. "Nous attendons les résultats complets de l'enquête et les prétextes dans les médias et les fuites politiques ne suffisent plus. Le Liban a besoin de stabilité aujourd'hui', a-t-il martelé, avant d'assurer que "tout le monde respecte la loi et la justice".


Démenti saoudien
Sur le plan diplomatique, l'ambassade d'Arabie saoudite au Liban a démenti mardi à l'aube des allégations de Wi'am Wahhab selon lesquelles un diplomate saoudien aurait demandé aux services de renseignement libanais d'intervenir à Jahiliyé.

"L'ambassade du royaume d'Arabie saoudite au Liban dément les allégations de l'ancien ministre Wi'am Wahhab selon lesquelles un diplomate saoudien a demandé à la branche des Renseignements (des Forces de sécurité intérieure) de se rendre à Jahiliyé. Le but de ces allégations est connu de tous et l'ambassade du royaume rappelle son attachement constant à l'unité du Liban et sa stabilité", a écrit la mission diplomatique saoudienne sur son compte Twitter.



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commentaires (4)

Que l’ambassadeur de Syrie se rassure , il n’y pas eu d’atteinte à la Syrie dans cette affaire mais véritablement et encore une fois atteinte au Liban .

L’azuréen

00 h 13, le 05 décembre 2018

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Commentaires (4)

  • Que l’ambassadeur de Syrie se rassure , il n’y pas eu d’atteinte à la Syrie dans cette affaire mais véritablement et encore une fois atteinte au Liban .

    L’azuréen

    00 h 13, le 05 décembre 2018

  • Wow! Switch ON Switch OFF. Politique à la lebnéné

    Wlek Sanferlou

    18 h 59, le 04 décembre 2018

  • LES TRIBUS A L,OEUVRE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 45, le 04 décembre 2018

  • Cessons d'impliquer tel ou tel état sans preuve, dans cette intervention initiée par les pouvoirs publics, qui concerne une affaire purement judiciaire et et inter-libanaise. Si jamais un représentant d'un pays s'implique ou se croit avoir le droit d'intervenir dans les affaires libanaises, laissons le ou les, de s'imaginer ce qu'ils veulent, après tout ils ne feront que se ridiculiser. La Liban est un pays souverain et en aucun cas personne n'a le droit de s’immiscer dans ses affaires intérieures et personne n'est au-dessus des lois de notre république. Un justiciable, encore plus quand il s'agit des représentant du peuple doivent répondre de leurs actes devant la justice quand il y a des manquements de leur part. Serrons tous les coudes et restons unis autour de nos institutions libanaises. Libanais tous unis.

    Sarkis Serge Tateossian

    17 h 38, le 04 décembre 2018

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