«Gouverner c’est prévoir »… Un dicton populaire qui demeure vrai au-delà de l’espace et du temps et qui pourrait tout aussi bien s’appliquer au cas particulier de tout parti digne de ce nom, doté d’une vision d’avenir claire et d’un projet politique bien réfléchi. Exemple d’un tel parti : le Hezbollah…
Face aux grandes manœuvres dont le Moyen-Orient et, plus particulièrement, la Syrie sont aujourd’hui le théâtre, la tête de pont du régime des mollahs iraniens doit vraisemblablement scruter de très près l’évolution du contexte régional et international afin de déterminer dans quel sens le vent souffle. Car le Hezbollah n’ignore certainement pas qu’en politique rien n’est définitif, qu’un « empire », aussi puissant soit-il, finit tôt ou tard par s’écrouler, et que les rapports de force sont, par essence, mouvants. Le « parti de Dieu » ne saurait, de ce fait, exclure dans ses calculs l’éventualité d’un vaste package deal multilatéral qui pourrait se faire au détriment de la République islamique et, surtout, de ses proxy, l’objectif étant de stopper l’expansionnisme belliqueux des pasdaran.
À l’ombre de telles perspectives aux contours encore nébuleux, le Hezbollah doit certainement songer à ce que pourrait, ou devrait, être son avenir sur le terrain libanais au cas où il serait contraint d’abandonner son rôle régional et de se replier sur le Liban. Dans une telle hypothèse, il devrait sans doute modifier la nature même, l’approche, de son jeu politique interne, d’autant que, parallèlement au paramètre régional, la scène chiite locale sera dans un avenir plus ou moins proche le théâtre de changements à la portée non négligeable.
C’est dans cette conjoncture qui pourrait bien poindre à l’horizon qu’interviennent le bras de fer entre le Premier ministre désigné Saad Hariri et le Hezbollah autour de la formation du gouvernement ainsi que, plus particulièrement, les développements du week-end dernier dans le Chouf… Hasard et simple coïncidence ou plutôt fruit d’un plan minutieusement préétabli ? La réponse ne change rien à l’affaire…
L’obstination du parti pro-
iranien à vouloir imposer l’octroi d’un portefeuille ministériel à l’un des six députés sunnites qui lui sont inféodés a pour but évident d’affaiblir autant que faire se peut le leader du courant du Futur en créant un pôle sunnite antiharirien. Pour préparer l’avenir – la phase postpackage deal – et élargir encore davantage son envergure politique locale, le Hezbollah a besoin de concocter des alliances transcommunautaires. Cet apport que le courant aouniste lui assure depuis l’alliance de Mar Mikhaël, scellée en février 2006, s’est quelque peu distendu ces derniers mois du fait des impératifs que la fonction présidentielle impose à Michel Aoun, d’une part, et des calculs propres au chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil, d’autre part. La création d’un pôle sunnite opposé au courant du Futur fait ainsi d’une pierre deux coups : elle compense un peu l’attitude de distanciation (timide) adoptée par le courant aouniste et dans le même temps elle affaiblit la faction sunnite alliée à l’Arabie saoudite.
Tout aussi importants, sinon plus, sont les incidents du week-end dernier au Chouf, s’inscrivant dans le prolongement de la véritable guerre médiatique menée tous azimuts par Wi’am Wahhab contre Saad Hariri et Walid Joumblatt. D’aucuns y voient la main du régime des mollahs iraniens qui pourraient être tentés d’étendre à la scène libanaise leur champ de confrontation frontale avec les États-Unis et le royaume saoudien en remettant en question la toute relative stabilité sécuritaire dont jouit le Liban. Peut-être… Mais au plan strictement local, la carte Wi’am Wahhab vise surtout à déstabiliser aussi le leadership de Walid Joumblatt dans son propre fief ou de pousser la manœuvre jusqu’à tenter de créer – à l’instar du cas de figure sunnite – un autre pôle communautaire (aussi artificiel soit-il, comme pour les six députés pro-8 Mars) qui graviterait dans l’orbite du Hezbollah. Et pour parachever la boucle, il restera sans doute à trouver un satellite similaire en terrain chrétien.
Un tel scénario, conforté par les développements en cours, ne saurait être écarté à l’heure où la région et le Liban semblent avoir été entraînés dans une zone de fortes turbulences. Les chances d’affronter efficacement ce possible plan de noyautage communautaire sont aujourd’hui tributaires du degré de succès des sanctions économiques contre l’Iran. Et, surtout, de la capacité des parties souverainistes à présenter un front uni et solidaire face aux velléités anschlusiennes visant le Liban.
«Gouverner c’est prévoir »… Un dicton populaire qui demeure vrai au-delà de l’espace et du temps et qui pourrait tout aussi bien s’appliquer au cas particulier de tout parti digne de ce nom, doté d’une vision d’avenir claire et d’un projet politique bien réfléchi. Exemple d’un tel parti : le Hezbollah… Face aux grandes manœuvres dont le Moyen-Orient et, plus...
commentaires (5)
Je ne vois rien de nouveau . NOTHING excitant dans cet article . Par contre pendant que Mr Touma parle , le Liban se construit sur un autre socle. Les Hariri joumblatt etc.... C'est fini .
FRIK-A-FRAK
20 h 47, le 04 décembre 2018