Les six députés sunnites pro-8 Mars ont réaffirmé vendredi que "la seule et unique solution" au "noeud sunnite" qui fait obstacle à la naissance du gouvernement était de leur attribuer un portefeuille ministériel comme ils le réclament, appelant le président Michel Aoun, qui les a reçus au palais de Baabda, à essayer de convaincre le Premier ministre désigné Saad Hariri.
La semaine dernière, alors que la formation du nouveau gouvernement semblait imminente, la revendication des sunnites indépendants soutenus par le Hezbollah d'obtenir un portefeuille, avait mis à terme à tous les espoirs. Cette revendication est catégoriquement rejetée par Saad Hariri, à Paris depuis la fin de la semaine dernière, et qui a reçu sur ce point, le soutien tacite du chef de l'Etat.
"Nous demandons que l'un de nous soit représenté au sein du gouvernement. C'est la seule et unique solution", a déclaré le député Abdel Rahim Mrad au nom de la délégation, qui comprenait également Fayçal Karamé, Walid Succariyé, Kassem Hachem, Jihad Samad et Adnan Traboulsi, à l'issue de l'entretien avec le chef de l'Etat. "Le président Aoun comprend notre point de vue et a appelé à ce que cette question soit traitée dans le calme", a-t-il ajouté.
"Les six députés ont obtenu 30% des voix sunnites. Pourquoi Saad Hariri refuserait-il aux sunnites ce qu'il a accepté pour les autres ?", a encore demandé le député prosyrien. "Nous n'acceptons pas que l'on nous oppose le fait que nous ne formions pas un bloc parlementaire car l'émir Talal Arslane par exemple, qui s'est vu attribuer un portefeuille, a formé son bloc après le résultat des élections législatives", a-t-il affirmé.
"La solution est aux mains de M. Hariri et nous avons demandé au chef de l'Etat d'essayer de le convaincre de revenir sur sa position", a poursuivi M. Mrad, ajoutant qu'ils étaient en faveur d'une formation rapide d'un cabinet d'union nationale. Ils se sont également dit prêts à un entretien avec M. Hariri.
(Lire aussi : Entre dérobades et langue de bois, le nœud sunnite reste entier)
Abbas Ibrahim à Paris
Selon des médias locaux, le directeur général de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, habitué des médiations, s'est rendu à Paris pour s'entretenir avec M. Hariri, notamment du dossier du "noeud sunnite".
Mercredi, les députés sunnites avaient accusé Saad Hariri d'être responsable du blocage de la formation du gouvernement, lui reprochant de vouloir "accaparer la représentation de la communauté sunnite".
Le secrétaire général adjoint du Hezbollah, cheikh Naïm Kassem, avait une nouvelle fois rejeté jeudi la responsabilité du blocage dans la formation du gouvernement sur le Premier ministre désigné, auquel il demande d'intégrer dans son équipe un ministre sunnite qui ne lui soit pas affilié.
Le même jour, les six députés sunnites avaient été reçus par le mufti de la République, cheikh Abdellatif Deriane, qui a laissé entendre qu'il ne soutenait pas leur demande.
Réagissant aux déclarations du numéro 2 du Hezbollah, une source au sein du Courant du Futur avait estimé jeudi que "la balle n'est pas dans le camp de Saad Hariri, mais dans celui des saboteurs", soulignant que "tous les Libanais savent qui sont les responsables de ce sabotage". Le Premier ministre désigné a accompli "sa mission d'arrondir les angles", avait-on ajouté de même source.
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commentaires (7)
Il ne sont pas d’accord avec le gouvernement et la majorité sunnite et bien c’est simple, ils sont dans l’opposition ! il existe donc une autre solution à celle prétextée par ces députés perdus dans le paysage libanais: c’est celle de l’absence de participation au gouvernement . Leur rôle dans l’opposition et dans l’hémicycle sera plein et entier. C’est ça la démocratie parlementaire.
L’azuréen
19 h 37, le 09 novembre 2018