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Liban - Gouvernement

Le Liban s’installe dans l’impasse

Les députés sunnites prosyriens s’en prennent à Aoun et Hariri.

Un drapeau libanais, dans un ciel de coucher du soleil, à Beyrouth. REUTERS/Jamal Saidi

Le blocage gouvernemental est là pour durer. Mieux encore : le pays s’installe petit à petit dans l’impasse. C’est ainsi qu’il conviendrait de résumer l’état des tractations en vue de la formation de la future équipe ministérielle. L’appel lancé hier par les évêques maronites pour redynamiser le gouvernement d’expédition des affaires courantes en est une preuve éclatante. D’autant qu’il est intervenu quelques jours après l’annonce par le président de la Chambre Nabih Berry de la tenue d’une séance plénière la semaine prochaine au Parlement.

À cela s’ajoute, bien entendu, l’attachement des protagonistes concernés par l’obstacle de la représentation des députés sunnites prosyriens au sein du futur cabinet. Sauf que durant la journée d’hier, le ton est monté d’un cran entre les parlementaires en question et la Maison du Centre.

Lors d’une conversation à bâtons rompus avec quelques journalistes à l’occasion du deuxième anniversaire de son élection, le chef de l’État Michel Aoun avait, rappelle-t-on, ouvertement critiqué la demande des députés sunnites antihaririens de prendre part au cabinet, dans la mesure où ils font partie de groupes déjà représentés. Une semaine après cette prise de position, les députés en question se sont réunis au domicile de Abdel Rahim Mrad (Békaa-Ouest) pour réitérer leur attachement à ce qu’ils appellent leur « droit » à une représentation ministérielle. Étaient présents, outre M. Mrad, Fayçal Karamé (Tripoli), Adnane Traboulsi (Beyrouth), Jihad el-Samad (Denniyé), Kassem Hachem (Marjeyoun) et Walid Succariyé (Baalbeck-Hermel). L’occasion pour ces députés de s’en prendre violemment tant au président de la République qu’au Premier ministre désigné.


(Lire aussi : Iran vs US sur le terrain libanais, l'éclairage de Philippe Abi-Akl)


« Celui qui entrave (le processus gouvernemental) est le Premier ministre désigné, et celui qui le soutient dans cette campagne mensongère qui manque d’objectivité, et qui n’adopte pas des critères unifiés pour traiter avec les différentes composantes parlementaires », ont accusé les sunnites prosyriens dans un communiqué particulièrement virulent dont a donné lecture Abdel Rahim Mrad. Il a accusé le courant du Futur de « vouloir accaparer la représentation de la communauté sunnite ». « Notre demande de représentation n’est pas nouvelle, ce qui l’est, c’est que les responsables de la formation du gouvernement ne la prennent pas au sérieux, considérant qu’ils peuvent dépasser les parts qui leur sont allouées et les ententes passées », poursuivent les députés. Ils ont dans ce contexte indiqué que « pour faciliter les choses, nous considérons que le choix de n’importe lequel d’entre nous permet de représenter notre groupe ». Le communiqué reproche à M. Hariri, qui se trouve depuis la semaine dernière à Paris, d’avoir choisi « de bouder à l’étranger comme s’il n’était pas concerné par les dangers, économiques et autres », auxquels fait face le pays. En face, Fouad Makhzoumi, député de Beyrouth, a abordé ce sujet sous un angle un peu plus « calme ». S’exprimant à l’issue d’une rencontre avec Michel Aoun, il a reconnu en Saad Hariri « le représentant le plus fort des sunnites ». Mais il a toutefois souligné que « les résultats des législatives ont prouvé que les gens désirent le changement, et que le monopole (de la représentation) au sein des communautés n’est plus de mise ».

Face à la virulente attaque de ses adversaires, la Maison du Centre campe toujours sur ses positions : il n’est pas question que des proches de l’axe Damas-Téhéran fassent leur entrée au cabinet. Et Saad Hariri ne cédera pas au chantage du Hezbollah à ce sujet. Interrogé par L’Orient-Le Jour, un proche du Premier ministre désigné ne mâche pas ses mots : « Nous ne céderons pas. S’ils insistent pour inclure ces députés, qu’il désignent un autre chef de gouvernement. » « Ces députés constituent une provocation pour le public du Futur », dit-il, avant d’aller encore plus loin : « Saad Hariri ne reviendra pas avant que tous les obstacles entravant la naissance du cabinet ne soient aplanis. »


(Lire aussi : Nœud sunnite : les aounistes très en retrait par rapport à Aoun)


La relance des institutions

Sauf que le Hezbollah insiste toujours pour la représentation des sunnites pro-8 Mars, d’où la léthargie actuelle. Le cabinet semble donc reporté sine die. C’est ainsi qu’il conviendrait d’interpréter l’appel lancé par les évêques maronites à réactiver le gouvernement d’expédition des affaires courantes, « afin de régler les affaires de l’État et du citoyen (…) », comme on peut lire dans le communiqué publié à l’issue de la réunion mensuelle de cette assemblée à Bkerké. Stigmatisant « les ingérences étrangères » dans les tractations ministérielles, le texte appelle à « supprimer de toute urgence les obstacles se dressant devant la formation du gouvernement ».


(Lire aussi : Gouvernement : Hariri ne boude pas, mais « use du luxe du temps »)


Tout comme Bkerké, Aïn el-Tiné s’emploie à se montrer soucieux du bon fonctionnement des institutions en période d’inertie gouvernementale. À la faveur de cette logique, le président de la Chambre Nabih Berry a profité des audiences du mercredi pour défendre la tenue d’une séance parlementaire à l’ombre d’un cabinet démissionnaire. « Le Parlement est en session ordinaire et il est souverain », a affirmé Ali Bazzi, député Amal de Bint Jbeil, citant le président de la Chambre. Soulignant que le fait de légiférer est « nécessaire », M. Bazzi a déclaré sans détour : « Si certains veulent paralyser le pays, nous ne leur permettrons pas d’atteindre cet objectif. Et nous accomplirons nos devoirs constitutionnels et nationaux dans tous les domaines. »


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commentaires (13)

TROP D,ELEMENTS ABRUTIS ET A L,APPARTENANCE NON NATIONALE VONT MALHEUREUSEMENT FAIRE PARTIE DU GOUVERNEMENT QUI EST LIBANAIS ! NEFASTE DESTIN !

LA LIBRE EXPRESSION

20 h 18, le 08 novembre 2018

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Commentaires (13)

  • TROP D,ELEMENTS ABRUTIS ET A L,APPARTENANCE NON NATIONALE VONT MALHEUREUSEMENT FAIRE PARTIE DU GOUVERNEMENT QUI EST LIBANAIS ! NEFASTE DESTIN !

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 18, le 08 novembre 2018

  • ON EST ENTOURÉ ACHETÉ ET MANIPULÉ PAR TROIS PAYS DIABOLIQUES VIA LEURS MERCENAIRES. L'IRAN, L'ARABIE SAOUDITE ET ISRAEL. LE LIBANAIS N'EST PLUS CHEZ LUI. LA PEUR DE L,AUTRE.

    Gebran Eid

    20 h 08, le 08 novembre 2018

  • Calmement et avec sérénité ... j'ai envie de dire ceci et pourtant je n'ai jamais été communiste et cela ne m'intéresse pas. Même les communistes en France du début du siècle dernier jusqu'à nos jours...(y compris sous De Gaulle après la libération) ils se font appelés "PCF, parti communiste français" (à l'époque ils représentait une force politique très importante) Malgré le penchant des communistes français ouvertement pro URSS, ancien bloc soviétique, ils n'ont jamais, et en aucun cas, osé ou voulu se démarquer de la communauté nationale. le drapeau français ne partageait jamais celui de l'URSS dans les mairies ou départements dirigés par leur formation politique. La France était et reste sacré pour eux. Mieux encore, les communistes ont contribué très largement à la libération de la France en 45 et le conseil national de la résistance comptait parmi ses membres les plus éminents des communistes. L'affiche rouge et le groupe de Missak Manouchian en est une preuve parmi d'autres. Conclusion : Même avec une approche modérée on ne peut pas comprendre ce que signifie être pro-machin, pro-syrien, pro-saoudien ...ou autres. Aimer, apprécier un pays ami, privilégier les liens avec un voisin, ne signifie pas perdre son âme, ses valeurs et son patriotisme. NON, on ne peut pas mettre sur un même pied d'égalité la Syrie, l’Égypte, l'Arménie, l'Arabie ou même la France (pour l’exemple) et le LIBAN. Quand on est député libanais, on est libanais.

    Sarkis Serge Tateossian

    19 h 44, le 08 novembre 2018

  • Que ces candidats ministres pro syriens aillent faire un stage de 24 heures dans une prison syrienne, il reviendront vite au Liban et se déclareront immédiatement ministres libanais sunnites tout simplement...

    L’azuréen

    17 h 31, le 08 novembre 2018

  • Rien que d'être appelés "pro-syriens" est déjà honteux et humiliant. Où avez-vous lu que des députés français sont appelés pro-allemands ou pro-italiens ou pro-espagnols ? La seule exception était les députés communistes qui acceptaient fièrement l'appellation pro-soviétiques. Après la disparition de l'URSS en 1989, ils ont disparu avec. Du temps du général de Gaulle, les communistes prétendaient se situer "à gauche" ce qui a incité le Général à leur dire : Vous n'êtes pas "à gauche" mais "à l'Est". Nos Libanais pru-syriens ne sont pas Libanais, ils sont syriens et n'ont pas de place dans un gouvernement libanais siégeant à Beyrouth.

    Un Libanais

    16 h 21, le 08 novembre 2018

  • Ces fantômes resurgis du chapeau de je ne sais quel magicien, longtemps absent des débats et tout d'un coup secoués comme une marionnette aux mains bienveillantes, syriennes, iraniennes, palestiniennes.....quelles seraient la compétence de ces pro tout? Quel rôles joueraient ils afin d'améliorer la situation de nos concitoyens? S'ils étaient si utiles et si indispensables ça ce saurait non?

    Citoyen

    12 h 15, le 08 novembre 2018

  • "« Celui qui entrave (le processus gouvernemental) est le Premier ministre désigné, et celui qui le soutient dans cette campagne mensongère qui manque d’objectivité, et qui n’adopte pas des critères unifiés pour traiter avec les différentes composantes parlementaires », ont accusé les sunnites prosyriens dans un communiqué particulièrement virulent dont a donné lecture Abdel Rahim Mrad." Et celui qui le soutient, qui est-il? Un peu d'analyse logique svp...

    Georges MELKI

    10 h 50, le 08 novembre 2018

  • Il y a les pro-Syriens, Les pro-Iraniens, les pro-Égyptiens, les pro-Irakiens et puis quoi encore? Que tous ces Pro-quelconques aillent se présenter dans les pays dont ils sont les pro-machins, pas au Liban! Ils n'ont rien a faire ni au parlement, ni au gouvernement. Les traîtres sont soit en prison, soit en exil, soit six pieds sous terre! Qu'ils soient au gouvernement ou pas le pays est dans la merde car inutile de toutes les manières. Que le pays reste dans la mouise jusqu’à ce que le Hezbollah soit se retire de toutes activités politiques tant qu'il possède des armes, soit il les dépose et alors ont recommence tout, élections parlementaire, gouvernement, etc... suivant la constitution et les lois de l’état. Je doute fort alors qu'il puisse paralyser quoi que ce soit. Je me demande s'il lui restera autant de députés ou de présence politique!

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 55, le 08 novembre 2018

  • N avait on pas dit que ce sont les FL qui bloquaient la formation du gouvernement ?!?!? Et maintenant c est qui qui la bloque ?!?! Hakim tu es un génie !!

    Bery tus

    09 h 22, le 08 novembre 2018

  • CEUX QUI SONT RESPONSABLES DE LA NON FORMATION DU GOUVERNEMENT SACRIFIENT L,ECONOMIE LIBANAISE ET L,EXISTENCE MEME DU LIBAN QU,ON CONNAIT POUR LES INTERETS DE PAYS ETRANGERS PAR APPARTENANCE RELIGIEUSE UNIQUEMENT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 54, le 08 novembre 2018

  • Ces "députés" s'affichent sans aucune honte "pro-syriens"...et s'étonnent que nous Libanais pro-Liban n'en voulions pas ? Où étaient-ils jusqu'à présent, que faisaient-ils pour le pays, les villes, les villages où ils vivent ? Que leur a promis Bachar el-Assad pour organiser cette conspiration soudaine ? Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 33, le 08 novembre 2018

  • Que de reproches et de fausses accusations de mauvaise foi n’avait-on fait à tous ceux qui avaient prévu par la logique des choses cette impasse politique, carrément préparée et orchestrée par le Hezbollah pour arriver à ses fins: une mainmise totale sur la décision nationale et de l’aligner de force à l’axe syro-iranien! Et en cas de résistance à ses diktats, c’est simple: on paralyse tout dans le pays et on s’en fout des conséquences désastreuses et du pauvre citoyen! Plus machiavélique que ça, on ne fait plus! Et demandez au Président et à son gendre comment ils vont s’en sortir et s’ils en ont les moyens! Pauvre Libanais : résilient, fier, têtu, débrouillard, mais jusqu’à quand pourra-t-il tenir le coup?

    Saliba Nouhad

    02 h 28, le 08 novembre 2018

  • Intégrons ces sunnites dissidents au plus vite. Il ne pourra pas en être autrement.

    FRIK-A-FRAK

    01 h 09, le 08 novembre 2018

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