L'Arabie saoudite a assuré lundi à l'ONU que l'enquête sur le meurtre de Jamal Khashoggi serait "impartiale", après une nouvelle série de critiques internationales plus d'un mois après la disparition du journaliste.
Cette promesse a été faite alors que les membres de l'ONU procédaient à Genève à l'examen du respect des droits de l'Homme par l'Arabie saoudite. Cette procédure ordinaire, à laquelle doivent se soumettre régulièrement tous les membres des Nations unies, a pris une autre dimension avec l'affaire Jamal Khashoggi, dont le corps n'a toujours pas été retrouvé. Le parquet d'Istanbul a affirmé la semaine dernière que M. Khashoggi avait été tué dès son entrée dans le consulat le 2 octobre, et son corps démembré. Cette affaire a provoqué l'indignation à travers le monde et terni l'image de l'Arabie saoudite, notamment du prince héritier Mohammad ben Salmane.
Lundi à Genève, une multitude de pays, en majorité occidentaux, ont dénoncé, à l'instar des Etats-Unis, ce "meurtre commis avec préméditation" et demandé à Riyad de mener une enquête "transparente". L'Islande et le Costa Rica ont même demandé l'envoi d'experts internationaux, comme l'avait souhaité la Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Michelle Bachelet.
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L'ambassadeur britannique, Julian Braithwaite, a indiqué que son pays était "gravement préoccupé par la détérioration de la situation des droits de l'Homme en Arabie saoudite". Il a critiqué des "restrictions sévères de l'espace politique, des arrestations massives de défenseurs des droits humains, un recours accru aux tribunaux terroristes pour les dissidents politiques et un recours toujours plus fréquent à la peine capitale". "Mais le plus inquiétant est le meurtre de Jamal Khashoggi", a-t-il dit.
"Nous condamnons ce meurtre commis avec préméditation", a relevé le chargé d'affaires américain Mark Cassayre, demandant une enquête "approfondie et transparente". L'ambassadeur allemand Michael Freiherr von Ungern-Sternberg a quant à lui réclamé une "réponse complète" aux questions soulevées par la communauté internationale dans cette affaire.
Le chef de la délégation saoudienne, Bandar Al Aiban, président de la Commission des droits de l'Homme, n'a toutefois dédié que quelques minutes au "décès du citoyen Khashoggi", assurant que son pays "s'est engagé à mener une enquête impartiale" et que "toutes les personnes impliquées dans ce crime seront poursuivies". "L'enquête se poursuit conformément à nos lois nationales", a-t-il conclu, peu avant la fin de la réunion qui a duré une demi-journée.
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L'ambassadeur français François Rivasseau a ainsi demandé à l'Arabie saoudite de "garantir la sécurité des journalistes et des défenseurs des droits" et de "faire cesser immédiatement les emprisonnements et les arrestations arbitraires dont ils sont victimes". Un grand nombre de pays ont aussi recommandé aux autorités saoudiennes d'établir un moratoire sur la peine de mort, alors que le nombre d'exécutions dans le pays est croissant selon l'ONU.
L'Arabie saoudite est un des pays qui procède au plus grand nombre d'exécutions dans le monde. Meurtre, viol, vol à main armée, apostasie et trafic de drogue sont passibles de la peine capitale dans ce pays régi par une version rigoriste de la charia.
Beaucoup de pays ont loué la permission donnée aux femmes de conduire tout en demandant à Riyad de mettre plus globalement fin aux discriminations à l'encontre des femmes et d'abolir le système de tutelle masculine en place dans le royaume.
La guerre au Yémen, qui a fait près de 10.000 morts, a été évoquée par certains pays, comme l'Iran, mais sans accaparer les discussions. La guerre au Yémen oppose les forces pro-gouvernementales, soutenues par Riyad, aux rebelles houthis soutenus par l'Iran et qui se sont emparés en 2014 et 2015 de vastes régions du pays. Depuis, l'Arabie saoudite a été accusée à plusieurs reprises de bavures ayant coûté la vie à des centaines de civils et le Yémen est en proie à la pire situation humanitaire au monde.
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13 h 15, le 06 novembre 2018