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À La Une - Liban

Aoun célèbre ses deux ans à Baabda : Nous voulons un Premier ministre fort

"Je ne pense pas qu’un gouvernement majoritaire serait utile. Il est inacceptable d’imposer ses opinions aux autres", affirme le chef de l’État, lors d'une séance de questions-réponses avec quatre journalistes invités au palais de Baabda.

Le président libanais Michel Aoun (c), entouré de journalistes, le 31 octobre 2018 au palais de Baabda, à l'occasion du deuxième anniversaire de son accession à la magistrature suprême. Photo Dalati et Nohra

Le président libanais, Michel Aoun, a confié vouloir "un Premier ministre fort" , lors d'une séance de questions-réponses avec des journalistes qu'il a reçus au palais présidentiel de Baabda, à l'occasion du deuxième anniversaire de son accession à la magistrature suprême le 31 octobre 2016.

Les propos du chef de l’État interviennent au moment où le Premier ministre désigné Saad Hariri n'a toujours pas réussi à former son gouvernement depuis mai, date des dernières élections législatives.

"Nous sommes un pays démocratique, avec une diversité, plus qu’il n’en faut même, et cela impose un gouvernement d’union nationale. Voilà où réside le problème", a estimé le chef de l’État, lors d'une séance de questions-réponses en direct avec quatre journalistes, dont notre collègue Scarlett Haddad, au palais de Baabda.


(Lire aussi : Michel Aoun : deux ans après, un sexennat à la peine)


"Chaque minute de retard nous coûte cher"

"Nous avons fixé des critères concernant la représentation ministérielle. Si toutes les formations s’étaient contentées d’accepter une juste représentation, nous n’aurions pas de problèmes. Nous avons même concédé à certains une part plus grande que celle qui leur est due. Maintenant, un nouvel obstacle s’est posé : celui des indépendants (sunnites). Cela provoque du retard dans la formation du cabinet. Et les obstacles sont injustifiables. Instrumentaliser le retard en tant que tactique politique torpille la stratégie nationale dont nous avons grandement besoin. Chaque minute de retard nous coûte cher", a prévenu le président Aoun.

Prié de se prononcer sur la question des députés sunnites opposés à Saad Hariri et qui réclament un portefeuille ministériel, le chef de l’État a affirmé que "les indépendants sunnites sont des individus, ils ne forment pas un groupe. Ce n’est que récemment qu’ils se sont regroupés pour formuler des revendications. Mais à quoi cela va mener ? Nous ne voulons pas que le Premier ministre soit affaibli, nous le voulons fort, car il a des responsabilités à assumer. Chacun doit être conscient de la nécessité d’éviter de créer des brèches dans l’union nationale".

Saad Hariri s'était rendu mardi au palais de Baabda où il avait exposé au président de la République, lors d'une réunion tenue à l'écart de la presse, les obstacles entravant la formation du gouvernement, notamment la question de la représentation des sunnites pro-8 Mars. C'est sur cet obstacle que bute la formation du cabinet, alors que l'on semblait sur la voie du déblocage, lundi, avec l'annonce des Forces libanaises de leur participation au gouvernement. Selon notre correspondante à Baabda, Hoda Chedid, M. Hariri a fait part au président Aoun de son avis sur la question de nommer un ministre sunnite du 8 Mars et de son refus que cela se fasse aux dépens de sa part.


(Lire aussi : Gouvernement : Bassil chez Hariri, Aoun évalue la situation)


Toujours selon notre correspondante, le président Aoun est en train d'évaluer la situation et va effectuer des contacts pour trouver une solution conforme aux critères mis en place pour la formation du cabinet. "Il étudie chaque option et ses conséquences, et un compromis remettant les choses sur la bonne voie pourrait apparaître à tout instant", ajoute-t-elle.

Mardi, une délégation de ces députés sunnites pro 8-Mars avait effectué une tournée auprès de responsables du Hezbollah et du mouvement Amal, qui ont exprimé leur soutien à leurs revendications. Ces élus réclament un portefeuille au sein du prochain gouvernement, arguant qu'ils ont obtenu 40% des voix sunnites lors des dernières législatives de mai dernier. Or, selon le Courant du Futur, les votes préférentiels obtenus par ces députés ne représentent que 8,9% de la totalité des votes préférentielles sunnites.

Interrogé sur un éventuel gouvernement majoritaire, le président Aoun a clairement fait savoir qu'il "ne pense pas qu’un gouvernement majoritaire serait utile". "Il est inacceptable d’imposer ses opinions aux autres", a-t-il souligné.

Concernant la question du million et demi de réfugiés syriens que le Liban accueille depuis 2011, date du début du conflit en Syrie voisine, le président Aoun a appelé "les organisations qui s'occupent des déplacés syriens à leur apporter de l'aide en Syrie et non au Liban". "Nous aboutirons à une étape où nous traiterons la question des déplacés en accord avec la Syrie, et loin des organisations internationales", a affirmé le chef de l’État, au moment où les formations politiques libanaises hostiles au régime du président syrien Bachar el-Assad refusent tout dialogue avec ce régime.

Sur le plan économique, le président Aoun affirmé "avoir hérité d'un lourd fardeau qui ne peut être ôté du jour au lendemain, et l'une des premières mesures pour remédier à cette situation est l'attribution des marchés d'exploitation du pétrole et du gaz et mettre en place un plan économique".

En outre, le chef de l’État a abordé la question du secteur de production d'électricité qui souffre de déficiences chroniques depuis la fin de la guerre civile en 1990. "Certains projets ont besoin de deux ans pour porter leurs fruits, et le problème réside dans l'attente de la mise en place de centrales de production de courant. Ce temps d'attente doit être comblé (par des solutions temporaires). Nous espérons que le prochain gouvernement facilitera la tâche au niveau de ce dossier", a dit le président Aoun.

C’est en sa qualité de "représentant le plus fort" des chrétiens que Michel Aoun, député du Kesrouan entre 2005 et 2016, a mené sa campagne pour la présidentielle de 2014 à 2016. Il a accédé à la tête de l’État le 31 octobre 2016, à la faveur de l’accord de Meerab conclu en janvier 2016 avec les Forces libanaises et de l’entente scellée en octobre de la même année avec Saad Hariri, leader du Courant du Futur. Des ententes qui s’ajoutent à l’accord de Mar Mikhaël conclu avec le Hezbollah le 6 février 2006.


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commentaires (4)

"Nous voulons un Premier ministre fort". Comment serait-ce possible quand on lui impose la cohabitation avec la principale force destructrice du pays?

Yves Prevost

07 h 20, le 01 novembre 2018

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Commentaires (4)

  • "Nous voulons un Premier ministre fort". Comment serait-ce possible quand on lui impose la cohabitation avec la principale force destructrice du pays?

    Yves Prevost

    07 h 20, le 01 novembre 2018

  • Un PM fort dans un gouvernement de résistance, loin des loosers de bensaouds.

    FRIK-A-FRAK

    01 h 15, le 01 novembre 2018

  • INSTRUMENTALISER LE RETARD... AVANT C,ETAIT GENDRISSIMO-BEAUPERIENNE ET MAINTENANT HEZBOLLAHI... CAD TOUJOURS LES MEMES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    23 h 06, le 31 octobre 2018

  • Vraiment, réellement n'importe quoi.

    TrucMuche

    22 h 39, le 31 octobre 2018

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