Un communiqué publié hier par la Direction générale de la Sécurité de l’État, invitant toutes les personnes qui se sont fait tatouer dans l’un « des centres de beauté situés à la rue de Verdun et à Tallet el-Khayat où travaillait un Syrien, R.G., à se faire dépister pour le virus VIH », a semé un vent de panique dans le pays. À juste titre, puisque dans le texte, la Sécurité de l’État fait allusion à un possible risque de contamination par le VIH, d’autant que le tatoueur en question « en est porteur », ce qui constitue selon ce département « un danger pour la santé publique ». Elle signale en outre que « sur instruction du procureur près la cour d’appel à Beyrouth, Zaher Hamadé, le tatoueur a été arrêté et les centres de beauté fermés et mis sous scellés ». Une enquête est en cours.
Commentant la frayeur suscitée par ce texte, des infectiologues affirment qu’ « il n’y a pas lieu de paniquer ». Ils expliquent que « le virus ne peut être transmis que par une aiguille contaminée par du sang frais directement inoculé dans le corps de l’individu, parce que, une fois que le sang sèche, le virus meurt ».
(Pour mémoire : Le sida et la tuberculose, deux maladies liées aux problèmes de l’éducation et de la pauvreté)
Même son de cloche chez le ministère de la Santé qui, dans un communiqué, a tenu à « tirer au clair les informations fausses et incomplètes » qui circulent « sur la transmission du VIH, et ce pour éviter toute confusion ». Aussi, dans un communiqué, le ministère rappelle que le VIH se transmet « lors d’une relation sexuelle non protégée avec une personne séropositive (porteuse du VIH), par l’usage d’outils tranchants infectés par le virus, lors d’une transfusion sanguine par un sang contaminé, ainsi que de la mère à son enfant lors de la grossesse, de l’accouchement ou l’allaitement ». La prévention consiste ainsi, souligne le ministère, à utiliser un préservatif dans toutes les relations à risque, à s’assurer que les outils tranchants sont propres et stériles, à utiliser les seringues à usage unique (celles-ci doivent être ouvertes devant le client), à administrer à la femme enceinte séropositive le traitement approprié et à recourir aux méthodes sûres pour la transfusion sanguine. Le ministère insiste dans ce cadre que le sang dans toutes les banques de sang est bien contrôlé.
Par ailleurs, le ministère rappelle que le Programme national de lutte contre le sida (PNLS) a pour mission de sensibiliser à la maladie et d’assurer le traitement à toutes les personnes séropositives. « De plus, à travers ce programme, le ministère propose des tests de dépistage volontaires et anonymes, poursuit le texte. Le test est effectué aux frais du ministère et est offert à toute personne qui aurait été exposée à l’un des modes de transmission susmentionnés. » Et le ministère de la Santé d’affirmer que « les moyens de transmission du VIH sont connus et la prévention est simple : ce virus ne peut être transmis par d’autres moyens ni ne peut se propager rapidement comme d’autres maladies transmissibles », conclut le texte.
Pour plus d’informations, appeler le PNLS aux 01/566100, 01/566101. Courriel: wholeb_nap@inco.com.lb
Pour mémoire
Zoom sur la préexposition, une stratégie de prévention du VIH
Zoom sur la discrimination contre les personnes vivant avec le VIH
commentaires (4)
En semant la panique, la Direction générale de la Sécurité de l’État a peut-être voulu 'déconseiller' à la population une activité 'harām'... ? En tous cas, en arrêtant preventivement un séropositif, elle condamne socialement tous les malades... Heureusement que le ministère de la Santé se préoccupe davantage de prévention que de morale !
Georges Lebon
12 h 48, le 01 novembre 2018