Le président américain Donald Trump a signé jeudi soir (dans la nuit de jeudi à vendredi au Liban) un texte renforçant les sanctions contre le Hezbollah, deux jours après le 35e anniversaire marquant l'attentat au camion piégé qui avait visé une caserne américaine située à proximité de l’aéroport de Beyrouth, tuant 241 militaires et marines américains.
Donald Trump a signé la loi "Hezbollah International Financing Prevention Amendments Act (HIFPAA) of 2018", une version amendée (S.1595) d'une loi précédente, présentée en 2015 par les sénateurs Marco Rubio (républicain) et Jeanne Shaheen (démocrate) et qui avait été votée par le Sénat le 5 octobre 2017.
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"Sang américain sur les mains"
"Aucun groupe terroriste, à part el-Qaëda, n'a autant de sang américain sur les mains", a fustigé le président Trump en référence au Hezbollah, lors d'un discours à la Maison Blanche à l'occasion du 35e anniversaire de l'attentat de Beyrouth, selon le New York Times. Le Jihad islamique, prête nom à ce qui allait devenir le Hezbollah, avait revendiqué cet attentat. Un autre camion piégé conduit par un membre de ce groupe s'était également fait exploser contre l'immeuble du Drakkar, au sud de Beyrouth, tuant 58 parachutistes français.
"Le Hezbollah a kidnappé, torturé et tué des citoyens américains", rappelle également la Maison Blanche dans un communiqué publié jeudi. "Durant la dernière année, nous avons plus que jamais imposé des sanctions contre cette organisation", souligne également la Maison Blanche. "La loi signée aujourd'hui par le président Trump va isoler encore plus le Hezbollah du système financier international et réduire ses sources de financement. Ces sanctions vont viser des personnes et agences gouvernementales étrangères qui soutiennent le Hezbollah ainsi que des réseaux de drogue et autres crimes internationaux qui lui sont affiliés". "Nous allons viser, perturber et démanteler leurs nombreuses opérations et leurs efforts de financement... Nous n'oublierons jamais ce qu'ils ont fait à nos Marines à Beyrouth", a pour sa part martelé le président Trump durant son allocution, selon CNN.
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La S.1595 impose notamment des sanctions à toute personne, entité ou États étrangers aidant directement ou indirectement le parti pro-iranien. Elle avait été adoptée par le Sénat le 13 octobre, grâce au soutien des élus aussi bien républicains que démocrates.
Selon le site spécialisé GovTrack.us. qui suit les activités du Congrès américain, cet amendement modifie la loi de 2015 "pour imposer des sanctions spécifiques aux personnes étrangères qui, en connaissance de cause, aident ou soutiennent des activités de collecte de fonds ou de recrutement pour le Hezbollah; aux agences de gouvernements étrangers qui fournissent un soutien financier, des armes ou une autre assistance au Hezbollah; et au parti lui-même en raison de son trafic de stupéfiants et de ses activités criminelles transnationales importantes". La Chambre des représentants avait déjà adopté ce texte le 26 septembre dernier.
Le Sénat avait également voté une loi de "prévention des boucliers humains", présentée par le sénateur républicain Ted Cruz, qui impose des sanctions contre des groupes comme le Hezbollah, le Hamas palestinien ou el-Qaëda qui pourraient utiliser des civils comme boucliers humains en période de conflit. Ce projet supprime l'obligation pour le président américain de devoir en référer au Conseil national de sécurité des États-Unis afin que ce type de résolution soit pris sur ce sujet. Ce texte doit maintenant être voté par la Chambre des représentants. Si cette Chambre venait à voter cette loi, elle serait alors transmise au président US.
Le 15 octobre, le ministre américain de la Justice Jeff Sessions avait désigné cinq organisations, dont le Hezbollah, comme étant des organisations transnationales criminelles contre lesquelles les États-Unis vont mener des enquêtes approfondies et engager des poursuites.
Le 4 octobre dernier, le Bureau du contrôle des avoirs étrangers (Office of Foreign Assets Control – OFAC) du département américain du Trésor avait en outre sanctionné un Libanais et ses sept sociétés basées au Liban pour leur soutien au Hezbollah, considéré par les États-Unis comme un groupe terroriste.
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commentaires (7)
Rien de nouveau .
Antoine Sabbagha
19 h 54, le 26 octobre 2018