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Liban - Gouvernement

Dernière ligne droite vers la formation du cabinet ?

Une source ministérielle évoque à « L’Orient-Le Jour » « une amorce de déblocage, favorisée par une prise de conscience ».

Une vue de la réunion qui s’est tenue à la Maison du Centre entre le Premier ministre désigné Saad Hariri et les anciens chefs de gouvernement, Tammam Salam, Fouad Siniora et Nagib Mikati. Photo Dalati et Nohra

Le pays est en mode d’attente d’un gouvernement qui devrait incessamment se former. C’est ce que laissent croire les déclarations du ministre sortant de l’Information, Melhem Riachi, qui a affirmé hier que le cabinet pourrait être mis sur pied « dans les prochains jours ou un peu plus ». « Les choses s’orientent de manière positive », a ainsi indiqué M. Riachi à l’issue de sa réunion à la Maison du Centre avec le Premier ministre désigné Saad Hariri, soulignant que ce dernier « est optimiste et travaille d’arrache-pied » pour venir à bout de sa mission.

Les pourparlers, médiatisés ou non, qui ont été menés ces derniers jours à divers niveaux, viennent d’ailleurs conforter les propos de M. Riachi, selon qui on se trouve désormais sur la dernière ligne droite devant conduire à la mise sur pied du cabinet.

Si on ajoute à ces indications celles basées, d’une part, sur la promesse formulée il y a un peu plus de dix jours par le Premier ministre désigné Saad Hariri, que l’équipe gouvernementale devrait être mise sur pied dans un délai de dix jours – délai d’ores et déjà expiré – et, d’autre part, sur la volonté des différentes composantes politiques de mettre chacune de l’eau dans son vin pour aboutir à une solution, et enfin sur l’entretien que le chef de l’État Michel Aoun et le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil ont eu la semaine dernière avec le président français Emmanuel Macron, en marge du sommet de la francophonie à Erevan (Arménie), au cours duquel M. Macron a mis l’accent sur l’importance de la formation d’un nouveau cabinet, on serait convaincu que les difficultés entravant la formation du gouvernement devraient s’aplanir très bientôt.


(Lire aussi : Aoun : Macron souhaite, bien sûr, un gouvernement au Liban)


À la limite du sacrifice

Une source ministérielle confirme à L’Orient-Le Jour « l’amorce d’un déblocage », qui serait favorisée selon elle par une « prise de conscience » qu’ont manifestée hier « certaines parties politiques », et qui s’illustre par la nécessité de « former si possible et de préférence un gouvernement d’union nationale ». La source précise que ce « sursaut » émane du Parti socialiste progressiste, du Rassemblement démocratique et des Marada, sans citer ni le Courant patriotique libre, ni les Forces libanaises. À cet égard, M. Riachi a indiqué dans sa déclaration devant la Maison du Centre que les FL « ont déjà offert beaucoup de concessions », qu’il a décrites comme « touchant aux limites du sacrifice ».

Un cadre des Forces libanaises affirme dans ce sillage à L’OLJ que « le parti a déjà tout fait pour faciliter la tâche du chef du gouvernement ». « Désormais la balle est dans le camp du Courant patriotique libre (CPL) », ajoute-t-il, dénonçant « le fait que les FL sont accusées de torpiller le sexennat, alors qu’en réalité, c’est le CPL qui entrave la mission du président Aoun en refusant d’accorder la moindre concession pour parvenir à la formation du cabinet ».

Des propos que réfute un membre du bloc du Changement et de la Réforme, joint par L’OLJ. Il affirme que « ce n’est pas le CPL qui empêche le gouvernement de voir le jour », puisque « plus cette naissance a du retard, plus le régime enregistre des pertes », soutient-il. À noter que le sexennat aura deux ans le 31 octobre.

Concernant l’attribution définitive des portefeuilles, le cadre aouniste relève que celle-ci n’a pas encore été définie, sachant toutefois, précise-t-il, que la question a été réglée pour quelques-uns seulement. Ainsi, le CPL reprendrait les ministères des Affaires étrangères et de l’Énergie et de l’Eau, le ministère de la Défense irait à une personnalité proche du président de la République, et celui des Finances reviendrait au mouvement Amal. Le député fait en outre état d’une permutation qui conduirait à donner les Travaux publics au Hezbollah et la Santé aux Marada.

Selon des sources rapportées par notre correspondante Hoda Chedid, la question liée à la part du CPL et du chef de l’État n’a toujours pas été réglée. Ces sources affirment que le chef du CPL Gebran Bassil considère que cette part devrait être de onze ministres, alors que M. Hariri et les autres composantes politiques voient en cette demande un moyen d’obtenir le tiers de blocage. Quant aux FL, les mêmes sources affirment qu’elles devraient obtenir quatre sièges, sachant qu’elles exigent deux portefeuilles de services, refusant le portefeuille de l’Éducation s’il n’est pas assorti du ministère de la Justice.

Pour ce qui est du nœud druze, M. Hariri a convié le président du Parti démocrate Talal Arslane à la Maison du Centre afin de l’informer qu’il ne fera pas partie de l’équipe ministérielle, mais que la participation au gouvernement de la troisième personnalité druze aux côtés de deux ministres du PSP devra obtenir son aval. C’est ce qu’a affirmé à L’OLJ un membre du gouvernement sortant. À l’issue de la réunion, M. Arslane a affirmé qu’il refusera d’être hors d’un cabinet d’union nationale. « J’ai fait beaucoup de concessions pour la formation du gouvernement et je ne peux faire davantage de sacrifices », a-t-il ajouté, indiquant qu’il s’est désisté de sa participation personnelle au gouvernement, puis de celle d’un partisan de sa formation, avant de proposer cinq noms parmi ses sympathisants. Une proposition, qui, semble-t-il, a également été rejetée.

Par ailleurs, une réunion a rassemblé hier le Premier ministre désigné et les anciens chefs de gouvernement, Tammam Salam, Fouad Siniora et Nagib Mikati. Selon un membre du gouvernement joint par L’OLJ, ceux-ci auraient été conviés par M. Hariri aux fins d’obtenir d’eux une « caution morale » concernant les décisions qu’il serait prochainement amené à prendre.


(Lire aussi : Gouvernement : le temps des manœuvres est révolu


Entretien Nasrallah-Bassil

Notons en outre que dans la nuit de vendredi à samedi, M. Bassil s’est longuement entretenu au sujet du dossier gouvernemental avec le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Celui-ci aurait insisté sur la nécessité de mettre fin au vide institutionnel qui menace désormais le pays, à l’ombre des développements locaux et régionaux.

Pour étoffer l’espoir qu’un gouvernement voie bientôt le jour, on cite aussi l’information sur une visite prochaine que ferait M. Hariri à M. Aoun, afin de lui présenter la dernière répartition des portefeuilles et éventuellement une liste des noms des personnes qui prendraient en charge ces postes ministériels. Cette réunion potentielle avait été évoquée avant le départ du chef de l’État à Erevan par divers milieux politiques qui ont indiqué qu’elle aurait lieu dès le retour de M. Aoun, rentré pourtant à Beyrouth il y a trois jours. Selon des sources proches de Baabda, aucun rendez-vous n’a encore été fixé, mais les contacts ont cours et les efforts se poursuivent pour aplanir les difficultés.

À noter que lors de la réunion entre Emmanuel Macron, Michel Aoun et Gebran Bassil, il a été question de la formation du gouvernement. Un proche du CPL tient à préciser à L’OLJ qu’il n’y a pas eu à proprement parler de pression exercée par le président français, mais plutôt d’un rappel des conditions exigées par la conférence de Paris (CEDRE).

Des observateurs cités par notre correspondante Hoda Chedid, estiment qu’outre la volonté française de sauvegarder les effets de cette conférence, d’autres échéances poussent à activer la mise sur pied du gouvernement. Ils mentionnent notamment les sanctions américaines contre l’Iran et le Hezbollah, qui devraient entrer en application dès le 5 novembre, et les répercussions découlant des relations tendues entre les États-Unis et l’Arabie saoudite au sujet de la disparition du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. Cela sans oublier les considérations internes liées notamment à une situation monétaire difficile.



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Le pays est en mode d’attente d’un gouvernement qui devrait incessamment se former. C’est ce que laissent croire les déclarations du ministre sortant de l’Information, Melhem Riachi, qui a affirmé hier que le cabinet pourrait être mis sur pied « dans les prochains jours ou un peu plus ». « Les choses s’orientent de manière positive », a ainsi...

commentaires (6)

« Le vide institutionnel qui menace désormais le pays » ...ça y est ? Réveillés ?

L’azuréen

09 h 15, le 16 octobre 2018

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • « Le vide institutionnel qui menace désormais le pays » ...ça y est ? Réveillés ?

    L’azuréen

    09 h 15, le 16 octobre 2018

  • ENFIN ! ESPERONS QUE C,EST VRAIMENT ENFIN ! QUE LA CONSCIENCE, LA LOGIQUE ET LE DEVOIR ONT EU RAISON DE L,ABRUTISSEMENT..

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 44, le 16 octobre 2018

  • "...les FL ont déjà offert beaucoup de concessions...touchant aux limites du sacrifice..." Ouauuuuuh...préparons leur sanctification ! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 43, le 16 octobre 2018

  • Comme on dit à Aubagne : on n'est pas dans la merde....lol.

    FRIK-A-FRAK

    08 h 07, le 16 octobre 2018

  • Notons en outre que dans la nuit de vendredi à samedi, M. Bassil s’est longuement entretenu au sujet du dossier gouvernemental avec le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Celui-ci aurait insisté sur la nécessité de mettre fin au vide institutionnel qui menace désormais le pays, à l’ombre des développements locaux et régionaux. TOUT EST DIT AUCUN COMMENTAIRE N'EST NECESSAIRE LA VOIX DE SON MAITRE A PARLE

    LA VERITE

    05 h 22, le 16 octobre 2018

  • Vivement la formation du gouvernement dans le respect des intérêts de tous. Il était temps.

    Sarkis Serge Tateossian

    00 h 34, le 16 octobre 2018

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