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Culture - Art contemporain

À Beyrouth, Laure Prouvost en a secoué plus d’un...

La « Fontaine à seins » de Laure Prouvost, au Palais de Tokyo à Paris. Photo DR

Invitée dans le cadre de l’exposition Fleeting Exits, au musée Sursock, Laure Prouvost posait les pieds pour la première fois sur le sol libanais. L’artiste, qui portera la bannière de la France à la 58e Biennale internationale de Venise, a présenté trois de ses vidéos phares au public beyrouthin et a secoué l’auditorium du musée Sursock avec une « conférence-performance » sur le thème « Nous irons loin ». Artiste en vogue dans le milieu de l’art contemporain, Laure Prouvost a fait honneur à sa réputation, maniant autodérision et poésie.

Dans Wantee – œuvre qui lui a valu le prestigieux prix Turner en 2013 –, l’artiste propose un montage de plusieurs vidéos, additionnées frénétiquement, et filme une pratique traditionnelle de la terre cuite. « Son travail mêle les faits, la fiction, l’histoire de l’art et les technologies modernes », avait expliqué le jury du Turner.

Dans l’œuvre lauréate, elle a imaginé le personnage de Grandpa, artiste britannique incompris, exilé en Allemagne et intime du fantaisiste dadaïste Kurt Schwitters. Un récit familial fictionnel, mixant histoire de l’art, invention personnelle et humour burlesque. Dans cette vidéo, on peut voir Laure Prouvost déambuler dans la vieille demeure de ses aïeux, celle-là même où le grand-père avait creusé un trou pour rejoindre l’Afrique, directement depuis son salon. Problème : l’homme a disparu durant « son ultime œuvre conceptuelle ».

Venu le moment des questions, Laure Prouvost répond à l’assemblée beyrouthine que son grand-père lui manque : « On est très inquiets. D’ailleurs, si vous voyez quelqu’un avec de la peinture sur le visage, prévenez-moi, c’est peut-être lui. » L’artiste mêle ainsi performance et fabulation, face à un public libanais attentif. Car raconter des histoires sur elle-même, qu’elles soient vraies ou fausses, fait partie intégrante de sa pratique artistique. Clou du spectacle, Laure Prouvost distribue une mixture, à base de thé et de gin, à tout l’auditorium du musée Sursock. Un hommage à l’ami de son grand-père, dont c’était la boisson de prédilection et qui n’a cessé de répéter « Want tea ? » après sa disparition. D’où le titre de Wantee…

Laure Prouvost poursuit ainsi sa volonté de s’affranchir de l’univers cloisonné et rigide du musée comme pour sa dernière exposition immersive, « Ring, Sing and Drink for Trespassing », qui vient de se terminer au Palais de Tokyo, à Paris. L’artiste y invitait les visiteurs à déambuler dans un univers psychédélique, entre framboisiers et objets loufoques. Sans oublier la pièce maîtresse : une « fontaine à seins », dans laquelle l’artiste aimerait que les gens « osent batifoler ».

Naviguant entre les univers culturel et linguistique, Laure Prouvost s’est exilée en Belgique, après son bac, pour suivre des études d’arts plastiques à l’Institut Saint-Luc de Tournai. Mais c’est le très réputé Saint Martins College of Arts and Design de Londres, qu’elle rejoint en 1999, qui marquera sa carrière. Elle y fera la connaissance du peintre Jon Lathman, souvent qualifié de « doux dingue » par la presse, et deviendra son assistante. Une rencontre qui influencera son travail. Admirative des cinéastes de la nouvelle vague, Laure Prouvost est obsédée par le langage et la manière de raconter une histoire. À rebours de la société actuelle, l’artiste revendique une forme de flou : « Aujourd’hui, on cherche la vérité à tout prix. Qu’est-ce qui est vrai ? faux ? Je pense qu’il faut complexifier. Laisser l’imaginaire entrer dans la norme. » De quoi décomplexer les spectateurs qui n’auraient pas tout compris.


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