Le ministre libanais sortant de l'intérieur, Nohad Machnouk, a démenti lundi avoir donné son accord à l'attribution du nom de Moustapha Badreddine, cerveau présumé de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, le 14 février 2005, à une rue du quartier de Ghobeiry, dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah.
"Je n'accepte pas l'attribution de ce nom à la rue. Par conséquent, la décision de la municipalité de Ghobeiry a été rejetée par le ministère de l'Intérieur", a affirmé M. Machnouk, indiquant que son refus de la signer ne peut être considéré comme "une autorisation tacite" notamment lorsqu'il s'agit d'un différend politique de nature confessionnelle et sécuritaire qui est susceptible de troubler l'ordre public. Le ministère de l'Intérieur adressera mardi à la municipalité une lettre administrative dans laquelle il l'ordonne de retirer les panneaux, a indiqué M. Machnouk.
La deuxième semaine des déclarations de clôture devant le TSL s'est ouverte ce lundi avec les déclarations de la défense. Lors de la première semaine, c'est l'accusation qui avait exposé son mémoire de clôture. L'objectif des conseils de la défense est de démontrer que l'accusation n'a pas prouvé sa thèse à l'encontre des accusés au-delà de tout doute raisonnable. Dans la journée, la défense a souligné que le procès se tenant en l’absence des accusés, leur silence ne peut être utilisé contre eux.
M. Badreddine, le principal accusé décrit comme le "cerveau" de l'attentat par les enquêteurs, a été tué en syrie en 2016 depuis et ne sera donc pas jugé. Reste Salim Ayyache, 50 ans, accusé d'avoir été à la tête de l'équipe qui a mené l'attaque. Deux autres hommes, Hussein Oneissi, 44 ans, et Assad Sabra, 41 ans, sont notamment poursuivis pour avoir enregistré une fausse cassette vidéo qui revendiquait le crime au nom d'un groupe fictif. Le dernier accusé, Hassan Habib Merhi, 52 ans, fait également face à plusieurs chefs d'accusation, tels que complicité de perpétration d'un acte de terrorisme et complot en vue de commettre cet acte.
La semaine dernière, l'accusation avait centré son réquisitoire sur la nature politique de l’attentat du 14 février 2005, insistant, à travers un examen des données téléphoniques, sur le lien entre les accusés et le Hezbollah. Elle avait effectué un exposé technique afin de montrer la fiabilité, selon elle, des éléments de preuve basés sur les données téléphoniques. Puis l'accusation s'est concentrée sur l'attribution des lignes téléphoniques, utilisées dans le cadre de l'attentat, à chacun des quatre accusés.
Rafic Hariri, Premier ministre jusqu'à sa démission en octobre 2004, a été tué le 14 février 2005, lorsqu'un kamikaze a fait exploser une camionnette bourrée d'explosifs au passage de son convoi blindé sur le front de mer de Beyrouth. L'attaque a coûté la vie à 21 autres personnes et a fait quelque 226 blessés.
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commentaires (4)
Dans la Banlieue Sud trônent partout les portraits du Guide suprême iranien et d'autres idoles du parti divin...alors que changerait une rue au nom de Moustapha Badreddine ? C'est avec de telles actions que le Hezbollah distrait ses partisans, comme on donne un bonbon à un enfant pour le faire patienter, et il sait trop bien que ça marche. Pauvres moutons-suiveurs-bêleurs, ils nous font vraiment pitié, et perdre tout espoir que notre pays change un jour...! Irène Saïd
Irene Said
10 h 32, le 18 septembre 2018