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Lifestyle - Anniversaire

Georgina Rizk, belle de toujours

47 ans, jour pour jour, après son couronnement à Miss Univers, le 24 juillet 1971, l’icône libanaise se confie en exclusivité à « L’Orient-Le Jour ».

Georgina Rizk reste un mythe qui aime l’ombre. Photo Ayla Hibri

Il serait vain de présenter Georgina Rizk. Non pas parce que tout aurait été dit, écrit, lu, à propos d’elle. Au contraire. Elle ne s’est nullement exprimée dans la presse, si ce n’est à la faveur d’un seul et unique portrait brossé par Carla Henoud pour notre quotidien en 2000, car, insiste-t-elle, « j’ai un lien particulier, presque spirituel avec L’Orient-Le Jour ». Elle a fait de son mutisme prolongé, de son absence, de sa réputation d’éternelle « portée disparue » les ingrédients de son halo d’icône nationale jamais ternie, dont le culte n’a cessé de croître avec le début de la guerre civile, alors même qu’elle s’est complètement éclipsée depuis cette période. Cela explique sans doute pourquoi, Feyrouz mise à part, elle est la seule « star » libanaise majeure que nous n’avions plus jamais rencontrée. Le 47e anniversaire de son couronnement à Miss Univers, le 24 juillet 1971, a donc été le prétexte rêvé pour combler ce manque.



« Un produit du hasard »
Georgina Rizk reçoit à domicile, comme une vieille amie, que l’on n’a pourtant jamais réellement connue, étrange sentiment, dans un appartement aux fenêtres desquelles Beyrouth semble se déployer et sur laquelle elle promène un regard écarquillé de rimmel, en soupirant : « Comme c’était bien avant. Je crois surtout que c’est la classe et l’élégance qui manquent cruellement. J’ai l’impression que le raffinement est devenu une honte. » Elle fait son entrée, chevillée à cette même démarche altière de top model qu’on dirait jamais retraitée, cette classe silencieuse, mais déstabilisante, qui cambriole, avec une puissance intacte, tous les regards. Et cet attendrissant besoin de réassurance, « la pause comme ça, ça va ? », que l’on n’imaginait pas appartenir à celle qui a coiffé la couronne de la plus belle femme de l’univers.


(Georgina Rizk : Une si belle nostalgie)


Si Georgina Rizk trame son propos de « tout a changé, tout est désormais différent », elle refuse de se positionner en nostalgique amère du passé. À propos de son expérience à Miss Univers, elle jure : « Je ne prenais pas tout cela au sérieux. J’étais mannequin depuis l’âge de 15 ans, j’étais habituée aux podiums, j’avais défilé pour Ted Lapidus entre autres et après avoir décroché le titre de Miss Télévision, puis Miss Liban, j’avais été à Miami pour Miss Univers suite à un job à Houston. Tout cela était comme le prolongement d’un contrat de travail. » Et de poursuivre : « Je suis un produit du hasard et de la chance, comme tout dans ma vie. Quand je cherche quelque chose, je ne le trouve jamais. Les choses me viennent toujours quand je les attends le moins. » On connaît la suite : ses tenues qu’elle voulait « grandioses, préparées par Pierre Katra et ma sœur Felicina Rossi », sa réponse d’un naturel pas feint en anglais, trébuchant sur du français, qui aimantera le jury, puis la consécration, la fonte en larmes, l’infini bonheur qu’elle ramènera au faîte de sa couronne à Beyrouth, où elle sera aussitôt assaillie par une marée de gens, dès le tarmac de l’aéroport.


(Cinq choses que vous ne saviez (peut-être) pas sur l’élection de Georgina Rizk)

Des vies
Ensuite, bien qu’ayant prêté sa plastique de rêve à trois films libanais, « c’était uniquement pour faire plaisir à un ami », précise-t-elle, le retour de Georgina Rizk à Beyrouth coïncidera avec « un sentiment de basculer brutalement dans quelque chose de très dur, et de rentrer dans la vie réelle ». Quoi que à demi-mot, on comprend que la belle au bois dormant fait allusion à la guerre, évidemment, mais aussi et surtout à son mariage avec Ali Salamé qui « tournera en expérience insupportable, au moment où il a été assassiné sous la maison en 1979. Ce n’est que la naissance de mon fils Ali qui m’a permis de passer de la tristesse à l’espoir », confie celle qui semble ne pas se soucier des bienséances quand elle rajoute : « Cette idylle d’ailleurs avait fait beaucoup parler d’elle. Déjà parce que c’était un mariage interreligieux et que mon mari représentait une figure emblématique de la cause palestinienne. Mais j’ai toujours été très libre et avant-gardiste, sans doute grâce à mon père qui était ouvert d’esprit. J’ai toujours fait des choix de cœur, la tête a suivi. » Depuis cet incident, le cœur a donc choisi de traverser de la lumière vers l’ombre, de distribuer des « non » aux opportunités hollywoodiennes qui lui sautaient au cou, et ainsi passer du statut d’amazone vaporeuse à celui de mère de famille (elle est mère de Ali Hassan Salamé, de Walid Jr et Nour Toufic), son « plus bel accomplissement », retirée dans « une vie simple et normale » qu’elle partage avec le chanteur Walid Toufic depuis 1990.
Si le moindre de ses battements de cils laissant supposer un prochain retour fut observé à la loupe, Georgina Rizk a pourtant préféré définitivement s’envelopper de sa trempe de créature opaque, indomptable et légendaire. De celles qui, comme tous les mythes, se laissent caresser et effleurer sans qu’on ne puisse jamais s’en emparer.


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commentaires (6)

L'important c'est qu'elle soit heureuse et elle l'est. Donc bravo.

Eddy

10 h 28, le 30 juillet 2018

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Commentaires (6)

  • L'important c'est qu'elle soit heureuse et elle l'est. Donc bravo.

    Eddy

    10 h 28, le 30 juillet 2018

  • Il y a 47 ans , on écoute et voit dans le vidéo que la reine de beauté répondait en français sur une question en anglais, je pense que maintenant 47 ans plus tard la position de l'anglais au Liban (et dans le monde) est plus forte.

    Stes David

    11 h 43, le 25 juillet 2018

  • Une union inter religieuse Du courage Et compréhension respectable des familles Signé avant coureur de "tolérance libanaise" Que l'on aimerait voir se développer en ces temps "clivants"

    Chammas frederico

    11 h 11, le 24 juillet 2018

  • Quel charme...quelle beaute ...reflet du createur...

    Soeur Yvette

    10 h 52, le 24 juillet 2018

  • Et la vie continue .Georgina Rizk, belle de toujours restera belle mais le Liban beau de 1971 n 'est plus.

    Antoine Sabbagha

    09 h 39, le 24 juillet 2018

  • ""Et de poursuivre : « Je suis un produit du hasard et de la chance, comme tout dans ma vie. Quand je cherche quelque chose, je ne le trouve jamais. Les choses me viennent toujours quand je les attends le moins. »"" C’est sûr, la chance est très souvent la clé du succès. Merci Georgina, et quel charme encore…

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    01 h 59, le 24 juillet 2018

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