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À La Une - Liban

Électricité : pour sa dernière réunion, le gouvernement lance une nouvelle procédure

Les employés des hôpitaux gouvernementaux, qui manifestaient en marge de la réunion du cabinet, pour réclamer l'application de la grille des salaires, ont eu gain de cause. 

Le Conseil des ministres présidé par le chef de l’État, Michel Aoun (centre), le 21 mai 2018. Photo Dalati et Nohra

Le gouvernement libanais a profité lundi de sa dernière réunion pour prendre une série de décisions relatives à de nombreux dossiers en suspens, notamment ceux de l'électricité et de la grille des salaires pour les fonctionnaires. 

A l'expiration du mandat du Parlement, cette nuit à minuit, le gouvernement devra se limiter à expédier les affaires courantes.


Électricité
En ce qui concerne le dossier de l'électricité, le ministre de l'Information, Melhem Riachi, a annoncé que l'Éxécutif a "décidé de mettre un terme à l'appel d'offres actuel" pour la production de 850 mégawatts (MW) de courant "et de lancer une nouvelle procédure, avec un cahier des charges modifié, dans lequel ont été ajoutées les remarques de la Direction des adjudications". Pour le moment, la production par la société publique Électricité du Liban (EDL, qui détient le monopole de la production) atteint près de 1.800 MW, pour une demande allant de 3.000 à 3.200 MW.
Le ministre de l’Éducation, Marwan Hamadé, et les ministres du mouvement Amal ont souhaité une révision de ce cahier des charges avant publication.  

M. Riachi a également annoncé, à l'issue de la réunion, qu'une "éventuelle prolongation de trois ans du contrat passé avec la société turque Karadeniz" (à laquelle l’État libanais loue deux navires-centrales, NDLR) a été proposée et qu'elle sera conditionnée par "les négociations menées par le ministre de l’Énergie, César Abi Khalil, pour que Karadeniz baisse ses tarifs actuels". Il a ajouté que les négociations portent sur "la possibilité pour l’État libanais de casser son contrat avec Karadeniz sans pénalité financière". "Si ces conditions ne sont pas acceptées, nous ne prolongerons le contrat que pour un an, et pas trois", a-t-il poursuivi.

Lors d'un point presse à l'issue de la réunion, le ministre de l’Énergie a pour sa part souligné avoir négocié avec la société de location des centrales flottantes et être "parvenu à faire baisser leur prix pour les trois prochaines années". "Nous nous sommes également mis d'accord sur un moyen de recevoir 200 MW d'électricité gratuitement, qui assureront environ deux heures de courant supplémentaires par jour", a-t-il annoncé. Selon la chaîne de télévision locale LBCI, César Abi Khalil se serait mis d'accord avec la société Karadeniz pour louer, pendant un mois, un troisième navire-centrale, afin de produire gratuitement ces 200 MW de courant supplémentaires. La même source indique que M. Abi Khalil compte négocier avec la société turque afin de faire baisser le prix de l'électricité fournie à 5 centimes de dollars le KW. 

La semaine dernière, le gouvernement avait décidé de ne prolonger que d'un an le contrat entre l’État et la société turque. Fin avril, le gouvernement s'était opposé à la reconduction pour trois ans du contrat des deux navires-centrales, et à la location de deux autres. Le projet de location de nouveaux navires-centrales avait fait l'objet d'un appel d'offres lancé en avril – amendé en cours de route, mais le dossier avait ensuite été saisi par le procureur financier. Plusieurs composantes gouvernementales s’étaient ouvertement opposées à ce projet, notamment les Forces libanaises, le Parti socialiste progressiste, les Marada (de Sleiman Frangié) et le tandem Amal-Hezbollah, contestant le coût de ce plan ainsi que la méthode d'attribution du contrat.


(Pour mémoire : La location de navires-centrales définitivement enterrée ?)


L'Exécutif a également approuvé la modification du contrat établi avec la société en charge de la construction de la centrale électrique de Deir Ammar (au Liban-Nord), afin d'en faire un contrat BOT (Build-Operate-Transfer), permettant de confier la gestion de cette centrale à l'entreprise privée pour une durée de 20 ans, avant qu'elle ne soit reprise par l’État.

"Les décisions prises lors de cette séance et les trois précédentes prouvent que tout ce qui a été dit sur l'électricité était de simples paroles en l'air", a lancé le ministre César Abi Khalil, à l'issue de la réunion, critiquant de façon indirecte les formations politiques qui se sont opposées, au cours des derniers mois, à son plan de production de l'électricité. Il a accusé ces formations politiques d'avoir critiqué les propositions du ministère de l’Énergie "à des fins électorales". "Maintenant que les élections sont finies, nous allons pouvoir assurer la production de courant", a-t-il ironisé. 

Le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, prédécesseur de M. Abi Khalil, s'est lui aussi félicité des décisions du gouvernement. "Les élections ont eu lieu et les surenchères se sont envolées... Comme je vous l'avais dit, ils ont opté pour les navires, Deir Ammar et le gaz après les élections", a-t-il écrit sur son compte Twitter. "Lors de ces deux dernières séances, le Conseil des ministres a approuvé tout ce que nous réclamions depuis le début sur le dossier de l'électricité car c'est cela, la solution... Ah, s'ils n'avaient pas parlé", a-t-il ajouté, en référence aux critiques formulées par certaines formations politiques sur ce dossier.



De son côté, le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, a salué une "victoire". "Notre logique l'a emporté même si beaucoup de temps a été perdu", a-t-il écrit sur son compte Twitter, indiquant avoir voté contre les navires-centrales.




(Lire aussi : Électricité : le Liban réamorce sa transition vers le gaz)



Grille des salaires
Pour ce qui est de l'application de la grille des salaires, réclamée par les salariés de plusieurs administrations publiques, le gouvernement a approuvé l'octroi de cette grille aux employés des hôpitaux gouvernementaux. Ces derniers observaient des grèves et des sit-in depuis plusieurs semaines pour obtenir gain de cause. Lundi encore, ils ont une organisé une manifestation, bloquant temporairement la route menant au palais présidentiel. Aucune indication n'a été donnée quant à la deuxième revendication des protestataires, à savoir le passage à une semaine de travail de 35 heures.  

Par ailleurs, le Premier ministre, le chef de l’État et les ministres concernés ont signé un décret pour la création d'un conseil d'arbitrage qui sera chargé de trancher les différends entre les parents d'élèves et administrations scolaires, notamment en ce qui concerne les augmentations des frais de scolarité dues à l'augmentation des salaires des enseignants selon la grille des salaires. Les enseignants du secteur privé protestent depuis plusieurs mois contre la non-application de la loi 46 sur la nouvelle grille des salaires pour la fonction publique et les écoles privées, faisant l'objet d'un bras de fer avec leurs employeurs. 


(Pour mémoire : La grève des enseignants de la MLF, signe du chaos à l’école privée)


Conseil de la fonction publique     
Le ministre de l’Éducation a en outre annoncé que les droits des candidats ayant réussi le concours d'expert comptable du Conseil de la fonction publique seraient respectés et que leur réussite au concours ne serait pas invalidée après deux ans. Réagissant à cette annonce, les experts-comptables concernés ont estimé que "cela ne suffit pas". "Le plus important, c'est que nous soyons nommés", ont-ils ajouté, accusant le gouvernement de "pousser les jeunes à s'expatrier". Ces personnes réclament depuis plusieurs mois que les décrets de leur nomination à des postes au sein de l'administration publique soient publiés et ont manifesté à plusieurs reprises afin de faire entendre leurs revendications.  

Le ministre de l'Information, Melhem Riachi, a de son côté annoncé la création d'un comité ministériel qui sera en charge de suivre les négociations avec la société de télédistribution Sama concernant la retransmission des matches de la Coupe du Monde sur la chaîne de télévision publique Télé Liban.

Pour ce qui est des nominations, le gouvernement a reconduit pour quatre ans le directeur général de l'Établissement public de l'habitat (EPH), Rony Lahoud, à la tête de cette institution. Le général de brigade Malek Chamas a pour sa part été nommé au sein du Conseil de défense. 


Les "accomplissements du gouvernement"
A l'entame de la séance, le président de la République, Michel Aoun, a remercié les ministres pour leur travail et les a appelé à continuer à exercer leurs fonctions en expédiant les affaires courantes "de manière responsable afin de répondre aux besoins des citoyens et faciliter les procédures administratives".

M. Aoun a passé en revue les grands dossiers qui ont été traités avec succès par le gouvernement, notamment l'adoption de deux budgets de l’État, l'approbation de la loi électorale et sa mise en application lors du scrutin du 6 mai, les nominations judiciaires et administratives et la mise sur pied du projet d'exploration et d'exploitation des hydrocarbures offshore. Avant le Conseil, le chef de l’État s'est entretenu avec le Premier ministre, Saad Hariri, à qui il a demandé de préparer un "rapport sur les accomplissements du gouvernement" afin de le présenter aux citoyens.  

Le chef de l’État a par ailleurs tenu les ministres au courant de sa rencontre avec le directeur pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient au sein du ministère français des Affaires étrangères, Jérome Bonnafond, soulignant que "la plupart des prises de positions exprimées lors de cette réunion concernant la question des réfugiés, soutiennent positivement le Liban et ne se basent pas sur ce qui avait été publié à l'issue de la conférence de Bruxelles". "Cette position française démontre que le point de vue libanais concernant le retour des réfugiés en Syrie commence à trouver un accueil positif" auprès de la communauté internationale. M. Aoun avait rejeté les décisions de la conférence internationale d'aide aux réfugiés syriens, dont près d'un million sont enregistrés au Liban auprès de l'ONU, tenue à Bruxelles les 24 et 25 avril, et qui estimait qu'une solution politique en Syrie devait précéder leur retour dans leur pays. Le président Aoun et le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil réclament un retour des réfugiés dans les zones pacifiées tenues par le régime syrien, alors que la communauté internationale estime un tel retour prématuré.      



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commentaires (3)

Le scandale des navires flottants (dollars flottants à coup d'or massif 18 karadeniz)..... Perdure et de plus belle, en noyant le poisson et de quelle manière et simplicité! Peuple libanais qu'a-t-on fait de toi ? Quel J'en pleure.

Sarkis Serge Tateossian

22 h 40, le 21 mai 2018

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Commentaires (3)

  • Le scandale des navires flottants (dollars flottants à coup d'or massif 18 karadeniz)..... Perdure et de plus belle, en noyant le poisson et de quelle manière et simplicité! Peuple libanais qu'a-t-on fait de toi ? Quel J'en pleure.

    Sarkis Serge Tateossian

    22 h 40, le 21 mai 2018

  • Ce que Mr Abi Khalil a oublier de mentionner c'est que le contrats établis par lui a ete modifier pour y inclure les demandes et revendications initialement demander par les partis qui étaient contre depuis le debut ET QUE SURTOUT MAINTENANT LA CONSTRUCTION D'UNE CENTRALE fait parti du paysage .. avant il y faisait parti mais juste en image

    Bery tus

    20 h 05, le 21 mai 2018

  • POURTANT TROUVER UNE SOLUTION SUR UN PROJET STABLE ET SANS JETER L,ARGENT SUR LES BARGES FERRAILLES TABA3 3ABBI EL JEYBÉ EST SIMPLE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 48, le 21 mai 2018

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