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À La Une - élections

Compétition entre Moqtada Sadr et des chiites pro-iraniens pour gouverner l'Irak

Le chef nationaliste chiite a tendu la main à de nombreuses forces politiques chiites, sunnites, laïques et kurdes. Il a toutefois exclu le deuxième dans ce scrutin, Hadi al-Ameri, chef de la puissante organisation Badr soutenue et armée par l'Iran, ainsi que l'ex-Premier ministre Nouri al-Maliki.

Le chef nationaliste chiite Moqtada Sadr se recueillant sur la tombe de son père à Najaf, en Irak, le 14 mai 2018. REUTERS/Alaa al-Marjani

Le chef nationaliste chiite Moqtada Sadr et des listes chiites proches de l'Iran sont entrés en compétition pour former des alliances leur permettant de gouverner l'Irak durant les quatre prochaines années.

En s'abstenant en masse et en plaçant en tête, selon des résultats quasi-définitifs, la liste du populiste Moqtada Sadr allié aux communistes et à des technocrates, les Irakiens ont envoyé un message clair: il faut du "changement", des "nouvelles têtes" au pouvoir.

Moqtada Sadr, qui a reçu des félicitations pour sa première place de la part de plusieurs de ses concurrents, semble donc tout désigné pour décider de la forme que prendra le futur gouvernement, mais il y a loin de la coupe aux lèvres.

"Si on veut changer les choses, il faut que le Premier ministre soit issu de +La marche pour les réformes+", la liste qu'il emmène, affirme à l'AFP Salah Jamal, 24 ans, dans le quartier déshérité de Sadr City, bastion du mouvement sadriste à Bagdad.
Selon son porte-parole, Salah al-Obeïdi, Moqtada Sadr a porté son choix sur Ali Dawaï, l'actuel gouverneur de la province méridionale de Missane, dont le bilan positif est unanimement reconnu. Mais pour empêcher tout retour à la dictature, l'Irak de l'après-Saddam Hussein a mis un point d'honneur à calibrer un système complexe qui parcellise le Parlement. 

Chaque élection législative est ainsi suivie de longues tractations pour former une majorité gouvernementale et, en 2010, la liste du laïc Iyad Allawi, honnie par Téhéran, arrivée en tête, avait été écartée par le jeu des alliances. 


(Lire aussi : Un populiste et un ex-chef de guerre, outsiders des législatives en Irak)



Bête noire de Washington et Téhéran 
Lundi sur Twitter, Moqtada Sadr a tendu la main à de nombreuses forces politiques chiites, sunnites, laïques et kurdes. Il a toutefois exclu le deuxième dans ce scrutin, Hadi al-Ameri, chef de la puissante organisation Badr soutenue et armée par l'Iran, ainsi que l'ex-Premier ministre Nouri al-Maliki. 

Les négociations s'annoncent d'autant plus compliquées que les deux puissances agissantes en Irak, les Etats-Unis et l'Iran, sont à couteaux tirés du fait du retrait américain de l'accord sur le nucléaire iranien.

En outre, la personnalité et le parcours de Moqtada Sadr posent autant problème à Washington qu'à Téhéran. Les Américains se rappellent en effet de sa puissante milice, avec laquelle ils avaient croisé le fer dans la foulée de l'invasion de 2003. 
Les Iraniens n'oublient pas les positions antagonistes que ce descendant d'une lignée de dignitaires religieux, opposants respectés, a régulièrement prises, comme sa visite chez l'ennemi juré de l'Iran, l'Arabie saoudite. Pour lui barrer la route, les Iraniens ont déjà entamé des rencontres avec différents partis. Un participant a indiqué à l'AFP que l'influent général iranien Qassem Soleimani tentait à Bagdad de rassembler les partis chiites conservateurs et d'autres petites formations. 


(Pour mémoire : Pour les législatives, beaucoup d'Irakiens veulent de nouvelles têtes



Abadi-Ameri-Maliki
Lundi soir, il a réuni le Premier ministre sortant Haider al-Abadi, Nouri al-Maliki et Hadi al-Ameri, qui fait valoir qu'avec d'autres sur sa liste du Hachd al-Chaabi, il a risqué sa vie au front pour battre le groupe Etat islamique (EI) à un moment où de nombreux Irakiens accusent leurs dirigeants de rechercher davantage la richesse personnelle que l'intérêt général. Il leur a demandé de s'allier et de convaincre des petites listes ou des candidats indépendants de se joindre à eux pour obtenir la majorité au Parlement. 

Le responsable militaire iranien a opposé son veto à une alliance avec la liste La marche pour les réformes de Moqtada Sadr, le mouvement Hikma du chiite Ammar al-Hakim, le vice-président sunnite Oussama al-Noujaïfi et le Parti démocratique du Kurdistan (PDK, de Massoud Barzani).

Pour ce premier scrutin depuis la victoire proclamée sur l'EI, la participation a été de 44,52%, la plus basse depuis la chute de Saddam Hussein. Les résultats définitifs du scrutin n'ont pas encore été annoncés mais le dépouillement qui se poursuit encore par endroits n'aura plus d'incidence sur les résultats partiels dévoilés, indique une source à la commission électorale. 

Mardi soir, la commission a annoncé les résultats partiels des deux dernières provinces où les scores faisaient l'objet de débats. A Dohouk, au Kurdistan, le PDK l'a emporté sans surprise. Et à Kirkouk, gouvernorat multi-ethnique où Arabes et Turkmènes ont un temps contesté les résultats, l'Union patriotique du Kurdistan (UPK, fondé par le président défunt Jalal Talabani) est en tête avec près de 40% des votes et plus de 100.000 voix d'écart devant les listes arabe et turkmène qui la suivent. 

Les noms des députés élus seront annoncés dans les jours à venir et les candidats pourront interjeter appel sous trois jours, a ajouté la commission.



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