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À La Une - Irak

"Toujours les mêmes têtes" aux élections, s'indignent des Irakiens

"Depuis combien de temps Ibrahim al-Jaafari, Iyad Allaoui, Haider al-Abadi ou Nouri al-Maliki sont-ils au pouvoir? Tantôt députés, tantôt ministres". 



Le Premier ministre irakien, Haider al-Abadi, lors de la campagne électorale, le 28 avril 2018. REUTERS/Ako Rasheed

Dix ans après les premières élections multipartites, beaucoup d'Irakiens sont désabusés: pour eux, si le dictateur Saddam Hussein a disparu, il a été remplacé par une caste de politiciens inamovibles qui se partage le pouvoir pour leur unique profit.

"Depuis combien de temps Ibrahim al-Jaafari, Iyad Allaoui, Haider al-Abadi ou Nouri al-Maliki sont-ils au pouvoir? Tantôt députés, tantôt ministres", remarque Midane al-Hamadani, en référence au chef de la diplomatie, au vice-président, à l'actuel Premier ministre et à son prédécesseur. "Il s'agit toujours des mêmes partis, des mêmes personnes qui détiennent le pouvoir, qu'on le veuille ou non", dit ce quadragénaire, alors que les Irakiens doivent se rendre aux urnes le 12 mai pour des élections législatives.

Ce sentiment est renforcé par la corruption ambiante, souvent impunie, et surtout par le fait que les citoyens ne bénéficient pas des services de base, tels que l'eau potable, l'électricité, les routes, les transports publics alors que la production et les prix du pétrole, principal revenu du pays, n'ont cessé d'augmenter.

Sur les panneaux publicitaires, les façades des immeubles ou mêmes les arbres, les affiches des candidats ont envahi les villes et les bourgades, remplaçant parfois même les posters à la mémoire des "martyrs" des forces irakiennes, qui ont lutté contre le groupe Etat islamique (EI).

Dans une rue animée du centre de Bagdad, Haidar al-Chamri, 35 ans, laisse exploser sa colère: "Ce sont toujours les mêmes têtes, leur seule préoccupation est de s'enrichir toujours plus et non de servir le peuple!".

Cette exaspération est ressentie dans le reste du pays, notamment à Mossoul, en grande partie détruite lors des combats pour la reconquête de l'ancienne capitale de l'EI et dont la reconstruction n'a toujours commencé, faute d'argent de l'Etat.

"Que signifie le changement alors? Il faudrait que les têtes changent au moins! On est fatigué de leurs mensonges", s'exaspère Oum Youssef, 54 ans, originaire de cette ville martyre envahie de gravas et d'explosifs non désamorcés.

Une rumeur tenace veut que la Marjaïya, la plus haute autorité religieuse chiite, a demandé que tous les politiciens en poste actuellement ne soit pas réélus. L'AFP, qui a interrogé cette institution, n'a pas eu de confirmation.


(Lire aussi : Trois chiites favoris pour diriger l’Irak de l’après-EI)


"Rien n'a changé"

Pourtant, la réalité est différente. Selon la commission électorale, sur les 7.000 candidats, plus de 20% sont de nouveaux visages qui affirment vouloir changer les choses.

Fonctionnaire au ministère de la Santé, Hala Karim se présente pour la première fois car, dit-elle, "rien n'a changé en quinze ans (depuis la chute de Saddam Hussein) si ce n'est de mal en pis".

"Dans ce berceau de la civilisation, nous assistons à un confessionnalisme croissant et à une détérioration de la situation. Nous devons changer ça", assure cette trentenaire, candidate sur la liste indépendante "Tahalouf Bagdad "(Coalition de Bagdad).

Selon elle, la calomnie déversée sur les nouvelles têtes montre que leur présence gêne les vieux politiciens. "Les grands requins ne pensent qu'à nous diffamer pour rester au pouvoir", dit-elle, faisant allusion à plusieurs nouvelles candidates salies par des vidéos les montrant supposément dans des situations compromettantes.


(Lire aussi : Législatives en Irak : les votants, les candidats, le système)


Haidar al-Bizani a tiré la leçon de l'élection précédente, où il s'était présenté sur une liste indépendante. Pour financer sa campagne, il avait vendu un terrain et avait démissionné de son poste d'instructeur militaire, en pure perte car il n'avait pas été élu.

"Un candidat indépendant ne peut absolument pas gagner. La loi défavorise les listes sans moyens financiers, c'est pour cela que je me présente cette fois sur la liste de Hikma", dirigée par le politicien chiite Ammar al-Hakim.

Dans le centre de Bagdad trône une statue de Kahramana, figure féminine inspirée du conte Ali Baba. Dans Les mille et une nuits, c'est elle qui verse de l'huile bouillante dans 40 jarres où se cachent des voleurs.

La poétesse et militante Aya Mansour a récemment publié sur son compte Twitter une photo de cette statue, entièrement camouflée par d'énormes pancartes électorales, avec ce message sarcastique: "Où est Kahramana? Derrière les 40 voleurs!"


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Dix ans après les premières élections multipartites, beaucoup d'Irakiens sont désabusés: pour eux, si le dictateur Saddam Hussein a disparu, il a été remplacé par une caste de politiciens inamovibles qui se partage le pouvoir pour leur unique profit."Depuis combien de temps Ibrahim al-Jaafari, Iyad Allaoui, Haider al-Abadi ou Nouri al-Maliki sont-ils au pouvoir? Tantôt députés, tantôt...

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Welcome to Lebanon.

LeRougeEtLeNoir

11 h 44, le 29 avril 2018

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  • Welcome to Lebanon.

    LeRougeEtLeNoir

    11 h 44, le 29 avril 2018

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