Rechercher
Rechercher

Liban - Législatives 2018 - Polémique

Sylvana Lakiss claque la porte de la Commission de supervision des législatives

La présidente de l’Union des handicapés du Liban et membre de la commission d’observation des élections législatives, Sylvana Lakkis, a démissionné hier de ses fonctions au sein de la commission. Photo Hassan Assal

Sylvana Lakkis, l’un des onze membres de la Commission indépendante de supervision des élections, a démissionné de ses fonctions. Lors d’une conférence de presse tenue hier au siège du Legal Agenda, Mme Lakkis, qui représente la société civile au sein de la commission en sa qualité de présidente de l’Union des handicapés au Liban, a énuméré les motifs qui l’ont poussée à rendre le tablier, dénonçant principalement le dévoiement de la mission de la commission.
 « Je refuse d’être un faux témoin face à l’impuissance de la commission à s’acquitter de ses tâches », a lancé Mme Lakkis qui dit avoir renoncé à poursuivre sa fonction par loyauté envers le serment qu’elle a prêté, qui est celui d’œuvrer à assurer le bon déroulement des élections et leur transparence en toute indépendance.
Prévue par la nouvelle loi électorale, la commission est chargée de surveiller le déroulement des opérations en prévision des élections et de s’assurer de leur transparence et de l’intégrité du processus dans son ensemble.
Égrenant les raisons qui ont motivé sa démarche, Mme Lakkis a dénoncé « le manque de ressources mises à la disposition de la commission, l’atteinte à son indépendance, justifiée par l’obligation de coordination avec le ministère de l’Intérieur, et enfin la réduction des prérogatives de cette instance du fait d’une lecture restrictive et biaisée de la loi ».

Les outsiders sous surveillance
Selon Mme Lakkis, l’action de la commission a été, jusqu’à ce jour, sélective et partielle, puisque « seules les petites listes avec des candidats peu connus ont fait l’objet d’une supervision assidue », une sélectivité qui, selon elle, fait dévier les objectifs de cette commission, notamment celui de s’assurer du principe d’équité parmi les candidats.
En contrepartie, a-t-elle dit, la commission ne pouvait même pas adresser « des reproches ou des mises en garde en cas de violation commise par les ministres candidats sous prétexte de l’immunité dont ils bénéficient ». Et d’ajouter que « la commission a été privée de la possibilité de signaler des irrégularités majeures attribuées aux listes qui représentent des parties influentes au sein de l’État ».
Parmi les critiques adressées au ministère de l’Intérieur, le fait que ce dernier « s’est attelé à mettre la main sur certaines prérogatives qui revenaient de droit à la commission, comme par exemple la sensibilisation des électeurs aux rouages de la loi ». Mme Lakkis a en outre dénoncé l’application « extensive » du principe de coordination avec le ministère qui, au final, « s’est traduit par une reddition de comptes au ministre qui se porte lui-même candidat, la moindre décision ou formalité devant nécessairement passer par lui ».


(Lire aussi : Au Liban, « rien n’a été fait » pour rendre les bureaux de vote accessibles aux handicapés)

« Pas les moyens de son ambition »
Mme Lakkis a en outre évoqué la lenteur dans la mise en place des moyens logistiques financiers et humains dont avait besoin la commission, évoquant le retard mis notamment pour faire parvenir les équipements mais aussi pour voter le budget nécessaire à son fonctionnement.
 « De deux choses l’une : soit les autorités concernées avaient l’intention de mettre des bâtons dans les roues de la commission, soit elles n’ont pas pris sa tâche au sérieux, la considérant comme un simple décor dans le paysage électoral », en a déduit l’intervenante. « J’ai eu l’impression d’avoir été désignée à ce poste non pas pour représenter la société civile et plus précisément les personnes handicapées, mais plutôt dans le but d’occulter leurs droits », a-t-elle ironisé. Mme Lakkis faisait clairement allusion à l’ignorance de sa requête auprès des autorités pour installer des rampes pour handicapés les habilitant à accéder aux bureaux de vote, lesquelles n’ont jamais vu le jour.
Interrogée par L’Orient-Le Jour, une source qui suit ce dossier de près a souligné que les doléances de Mme Lakkis sont « justifiées à la nuance près que cette commission n’a pas les moyens de son ambition, ses prérogatives étant extrêmement limitées ». Commentant à son tour les accusations d’empiétement du ministère de l’Intérieur sur les fonctions de la commission, l’ancienne secrétaire générale de la LADE (l’Association pour la démocratie des élections), Zeina Hélou, a pointé du doigt « la contradiction évidente entre l’indépendance dont doit jouir la commission et la nécessité de coordonner avec le ministère de l’Intérieur, la définition et les limites de la coordination n’ayant pas été précisées dans le texte ».

Conférence de presse lundi
Dans la soirée, le ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, a réagi à la démission de Mme Lakkis. Insistant sur l’« importance » de la commission d’observation, il a indiqué que son ministère n’était pas responsable du retard de l’allocation des crédits destinés à l’instance, pointant du doigt « certaines administrations au sein des ministères concernés », sans préciser de quels ministères il s’agit. Assurant que le ministère de l’Intérieur a adopté une politique de « neutralité » depuis le début de la campagne électorale, M. Machnouk a déclaré qu’il respectait la société civile dont est issue Sylvana Lakkis, demandant à cette dernière de revenir sur sa décision.
Le président de la commission, le juge à la retraite Nadim Abdel Malak, a annoncé qu’il tiendra une conférence de presse lundi prochain pour clarifier certains points ainsi que les conditions dans lesquelles opèrent les membres de la commission.
L’affaire de la démission de Mme Lakkis a été par ailleurs au centre de l’entretien qu’a eu hier le ministre de la Justice, Salim Jreissati, avec une délégation de la commission de l’Union européenne pour l’observation des législatives.


Lire aussi

La LADE pointe des « abus » en matière de financement électoral

Législatives : la commission de supervision répertorie les infractions des candidats

Harb met en garde contre la poudrière du vote des Libanais de l’étranger


Dans le Commerce du Levant

Le triomphe de l'argent

Temps de parole à vendr

Sylvana Lakkis, l’un des onze membres de la Commission indépendante de supervision des élections, a démissionné de ses fonctions. Lors d’une conférence de presse tenue hier au siège du Legal Agenda, Mme Lakkis, qui représente la société civile au sein de la commission en sa qualité de présidente de l’Union des handicapés au Liban, a énuméré les motifs qui l’ont poussée à...

commentaires (4)

C'est bizar que c'est le sujet d'un entretien avec "la délégation de la commission de l’Union européenne pour l’observation des législatives". Je trouve un peu louche que l’Union européenne participe à cette initiative d'observation. L'observation et le contrôle sont importantes, certainement, mais c'est aux Libanais de faire cela. Ce n'est pas la tâche de l’Union européenne de se mélanger là-dedans. L'union européenne ferait mieux de sponsorer et donner de l'argent à des initiatives qui sont plus directes dans notre interêt européen, comme par exemple donner de l'argent aux enseignants libanais qui enseignent une langue européenne, comme le français ou l'anglais ou l'italien, l'espagnol et l'allemand etc.

Stes David

15 h 29, le 21 avril 2018

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • C'est bizar que c'est le sujet d'un entretien avec "la délégation de la commission de l’Union européenne pour l’observation des législatives". Je trouve un peu louche que l’Union européenne participe à cette initiative d'observation. L'observation et le contrôle sont importantes, certainement, mais c'est aux Libanais de faire cela. Ce n'est pas la tâche de l’Union européenne de se mélanger là-dedans. L'union européenne ferait mieux de sponsorer et donner de l'argent à des initiatives qui sont plus directes dans notre interêt européen, comme par exemple donner de l'argent aux enseignants libanais qui enseignent une langue européenne, comme le français ou l'anglais ou l'italien, l'espagnol et l'allemand etc.

    Stes David

    15 h 29, le 21 avril 2018

  • Rare initiative s,il en faut. Heureusement que les fonctionnaires integres ne sont pas foule car alors l,administration ce serait presque videe.. Ah mais que dis je? c,aurait ete inespere.

    Gaby SIOUFI

    11 h 28, le 21 avril 2018

  • Pays de fumistes....

    Tabet Karim

    10 h 19, le 21 avril 2018

  • Des élections démocratiques et transparentes, ce n'est pas encore pour cette année.

    Yves Prevost

    07 h 06, le 21 avril 2018

Retour en haut