Boutros Harb, député de Batroun et candidat au siège maronite de la circonscription du Liban-Nord III (Zghorta-Bécharré-Koura-Batroun), a appelé hier le chef du législatif, Nabih Berry, à convoquer les parlementaires pour une séance plénière au cours de laquelle seraient examinées la question du vote des Libanais de la diaspora et la réglementation des élections législatives à l’étranger.
« J’appelle le président de la Chambre, Nabih Berry, à tenir une séance d’urgence pour trancher la question du vote des émigrés à travers l’insertion d’une disposition qui confirmerait leur droit au vote », a déclaré hier M. Harb, dans un entretien à la chaîne al-Mayadine, soulignant qu’un tel texte « éviterait les moyens de recours en invalidation des élections ». Le député de Batroun a en outre mis l’accent sur « la nécessité pour le ministère de l’Intérieur de mettre en place un mécanisme de surveillance du processus électoral dans les pays de la diaspora, dans lequel il serait éventuellement fait appel à des institutions internationales dignes de confiance ».
La demande du député de Batroun s’inscrit dans une atmosphère de défiance à l’égard des conditions de vote à l’étranger, entretenue par nombre de personnalités politiques, notamment des candidats au scrutin du 6 mai. Mercredi dernier, le sujet a été évoqué lors de la réunion du gouvernement, certains ministres ayant exprimé leurs doutes quant aux modalités supposées assurer la transparence tant au niveau des votes que des résultats.
Voter à partir de 2022
Joint par L’Orient-Le Jour, M. Harb a affirmé qu’il compte adresser demain une lettre écrite à M. Berry pour officialiser sa requête, précisant qu’il entreprend sa démarche non dans un but de saboter la possibilité pour les émigrés de participer aux élections, mais plutôt dans une volonté de garantir l’exercice régulier de ce droit. « Dans la loi actuelle, il n’existe aucune disposition accordant aux Libanais résidant à l’étranger le droit de vote, fait-il observer, soulignant qu’ils ne seront en mesure de participer au scrutin qu’à partir de 2022. »
Le député de Batroun indique au passage à L’OLJ qu’« en vertu de cette loi, les émigrés devront alors choisir des représentants faisant partie eux-mêmes de la diaspora, et non pas participer au vote dans le cadre des circonscriptions situées sur le territoire libanais ». Notant que « tous les États appliquent une telle règle, sauf lorsqu’il s’agit d’élections présidentielles », il s’indigne contre le fait qu’au Liban, c’est comme si, pratiquement, « chaque candidat se présente dans une circonscription qui a la taille du monde ». « Comment une personne qui brigue un siège pourrait-elle communiquer avec ses compatriotes éparpillés sur les cinq continents ? » se demande-t-il ainsi, soulignant qu’« une telle possibilité ne s’offre qu’aux gens du pouvoir qui utilisent les deniers publics pour faire leur propagande électorale », dans une claire allusion au ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, qu’il avait d’ailleurs cité lors de son entretien télévisé. « Gebran Bassil a eu l’opportunité d’effectuer sa campagne électorale sous le couvert des congrès de la diaspora », avait déploré M. Harb, estimant qu’il s’agit d’« une violation du principe d’égalité entre les candidats ».
Au plan du déroulement du scrutin, M. Harb a précisé à Mayadine que « la loi actuelle stipule que la charge de la surveillance du processus électoral incombe au ministère des Affaires étrangères ». « Or, a-t-il poursuivi, nous n’avons aucune confiance dans ce ministère, d’autant qu’il a désigné des consuls honoraires qui sont des membres du parti du ministre des Affaires étrangères pour superviser les élections ».
À L’OLJ, le député de Batroun affirme qu’il compte réclamer l’adoption d’un texte de loi imposant la participation du ministère de l’Intérieur à la mission de supervision pour empêcher les fraudes, s’indignant que « le ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, a récemment déclaré que, pour des raisons financières, il était impossible d’envoyer des équipes d’inspection dans les pays de la diaspora ». Et interrogé sur l’inscription des électeurs auprès des consulats, M. Harb a affirmé que même sur ce plan, la politique du deux poids, deux mesures est observée. « Nous avons eu des informations selon lesquelles des sympathisants du Courant patriotique libre avaient pu s’inscrire sans présenter les documents requis, alors que les demandes non accompagnées de documents et soumises par d’autres électeurs ont été rejetées. »
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15 h 25, le 12 avril 2018