L'ambassadeur de Syrie à l'ONU, Bachar el-Jaafari, le 13 avril 2017 à New York. Photo REUTERS/Eduardo Munoz
Les Occidentaux passaient en revue leurs options militaires vendredi pour punir le régime syrien qu'ils accusent d'avoir perpétré l'attaque chimique présumée de Douma, malgré les mises en garde répétées de Moscou et du patron de l'ONU.
Après avoir évoqué des frappes de missiles imminentes en milieu de semaine, le président américain Donald Trump n'avait toujours pas pris de "décision finale" vendredi, selon l'ambassadrice des Etats-Unis auprès de l'ONU, Nikki Haley.
Et bien que se disant convaincus de la responsabilité du régime de Bachar el-Assad dans l'attaque qui aurait fait plus de 40 morts samedi près de Damas, les Occidentaux semblaient temporiser face aux craintes d'une "escalade militaire totale" en Syrie, selon les termes du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, surtout après les menaces de riposte de la Russie.
Soutien indéfectible du régime de Bachar el-Assad, le président russe Vladimir Poutine a mis en garde vendredi son homologue français Emmanuel Macron contre tout "acte irréfléchi et dangereux" en Syrie, qui pourrait avoir des "conséquences imprévisibles".
La Syrie a de son côté averti à l'ONU qu'elle n'aurait "d'autre choix" que de se défendre si elle était attaquée.
Dans le but de "ramener la paix et la stabilité" en Syrie, Emmanuel Macron a dit à Vladimir Poutine lors d'un entretien téléphonique souhaiter que la concertation "s'intensifie" entre Paris et Moscou selon l'Elysée.
(Lire aussi : Syrie : des frappes tardives auront-elles toujours un sens ?)
Des atermoiements, pour Nikki Haley, qui s'est impatientée vendredi lors d'une réunion du Conseil de sécurité convoquée à la demande de Moscou.
"A un moment donné, vous devez faire quelque chose", a-t-elle lancé. "Vous devez dire: +c'en est assez+", a-t-elle ajouté en évoquant les nombreux veto russes à l'ONU pour enquêter sur le recours aux armes chimiques et la poursuite de l'utilisation de celles-ci par le régime syrien.
Mais le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est inquiété "des tensions de plus en plus vives".
"L'incapacité à trouver un compromis pour établir un mécanisme d'enquête menace de conduire à une escalade militaire totale", a-t-il averti, en appelant les membres du Conseil de sécurité "à agir de manière responsable dans ces circonstances dangereuses".
Jeudi, l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassily Nebenzia, avait affirmé que la priorité était "d'éviter le danger" d'une confrontation militaire directe entre les Etats-Unis et la Russie, cette dernière maintenant des troupes en Syrie.
"Nous cherchons à arrêter le massacre d'innocents", avait de son côté expliqué jeudi le ministre américain de la Défense Jim Mattis, en évoquant devant le Congrès la perspective de frappes imminentes de la part des Américains, des Français et peut-être des Britanniques.
Toutefois, "sur un plan stratégique, la question est de savoir comment nous évitons une escalade hors de contrôle, si vous voyez ce que je veux dire", a-t-il ajouté.
Dans un contexte de relations tendues avec l'Occident par l'affaire de l'ex-espion Sergueï Skripal, empoisonné en Angleterre, l'armée russe a accusé le Royaume Uni d'avoir participé à "la mise en scène" de l'attaque chimique.
Le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov a aussi mis en garde contre une hausse de la pression migratoire sur l'Europe consécutive à d'éventuelles frappes occidentales. "Même d'insignifiants excès provoqueront de nouvelles vagues de migrants en Europe", qui peuvent "réjouir ceux qui sont protégés par un océan", a-t-il dit, dans une référence transparente aux Etats-Unis.
(Lire aussi : Frappes en Syrie : le risque d'un clash entre Russes et Américains fait frémir)
Après avoir annoncé des frappes à plusieurs reprises en début de semaine des frappes, Donald Trump a poursuivi jeudi soir les discussions avec ses alliés, comme la première ministre britannique Theresa May.
Londres reste prudent sur sa participation à d'éventuelles représailles militaires, préférant s'en remettre à la "coordination d'une réponse internationale" sur une question qui divise profondément l'opinion et la classe politique du Royaume-Uni.
Jeudi, le président français Emmanuel Macron était resté évasif sur le calendrier d'une éventuelle intervention militaire, tout en assurant avoir "la preuve" de l'implication du régime de Bachar el-Assad dans l'attaque.
La chancelière allemande Angela Merkel a elle jugé "évident" que le régime syrien disposait encore d'un arsenal chimique, tout en soulignant que Berlin ne participerait pas à des actions militaires contre Damas.
L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), qui doit se réunir lundi, a annoncé que ses experts étaient en route pour la Syrie et commenceraient leur travail samedi.
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21 h 17, le 13 avril 2018