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À La Une - syrie

Attaques chimiques contre Douma : comment peuvent réagir Washington et Paris

Si l’attaque de samedi est confirmée, la ligne rouge de Washington et de Paris aura cette fois-ci été réellement franchie, même en cas d’utilisation du chlore et non du gaz sarin.

La ville de Douma, dans la Ghouta orientale, aurait été la cible d’une nouvelle attaque chimique samedi 7 avril 2018, selon des ONG proche de l’opposition syrienne. Sur la photo, des chars des troupes syriennes avancent dans une rue dévastée de cette poche rebelle. AFP / STRINGER

Les faits

La ville de Douma, dans la Ghouta orientale, aurait été la cible d’une nouvelle attaque chimique samedi, selon des ONG proche de l’opposition syrienne. Les Casques blancs affirment que 48 personnes ont péri dans cette attaque aux « gaz toxiques » et font état de « plus de 500 cas, la plupart des femmes et des enfants », qui présentent « les symptômes d'une exposition à un agent chimique ». Les patients souffrent de « difficultés respiratoires », de « brûlures de la cornée », et dégagent « une odeur semblable à celle du chlore ». Le régime syrien est accusé d’être à l’origine de ces attaques. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a dit ne pas être en mesure de confirmer ou infirmer ces informations.

Le contexte politique

Douma est la dernière ville de la Ghouta orientale qui échappe encore aux forces loyalistes. Elle est dominée par Jaich al-Islam, un groupe de tendance salafiste proche de l’Arabie saoudite, mais qui n’est pas présent en dehors de la Ghouta orientale. Damas a annoncé dimanche qu’il avait trouvé un accord avec Jaich al-Islam pour l’évacuation des combattants, comme ce qui s’est fait dans les autres bastions rebelles, ce que le groupe n’a pas confirmé.

L’attaque, si elle est confirmée, a un triple avantage pour le régime et ses parrains russe et iranien.

Un : elle a un effet psychologique important, puisqu’elle permet de démoraliser un peu plus les combattants rebelles et les civils qui vivent encore dans la ville pour accélérer leur défaite et leur retrait.

Deux : elle a un aspect symbolique tout aussi important, puisque ce n’est pas la première fois que la Ghouta est la cible d’une attaque chimique, la plus dévastatrice ayant eu lieu à l’été 2013, et que les grandes puissances n’ont jamais frappé le régime en retour, malgré le « dépassement de ligne rouge » qu’ils avaient eux-mêmes fixé. Le message est clair : « Nous pouvons faire ce que nous voulons, personne ne viendra à votre secours ».

Trois : elle permet de tester les Occidentaux et d’affaiblir leur crédibilité - comme un énième bras d’honneur au droit international. Notons que sous l’impulsion de la France, 9 des 15 pays membres du Conseil de sécurité de l’Onu ont demandé la réunion en urgence de cette instance, ce lundi 9 avril.


(Lire aussi : La perte de la Ghouta, pire défaite des rebelles en Syrie)



Les réactions

Damas : Le régime syrien a réfuté dimanche « les allégations d'utilisation (d'armes) chimiques qui sont devenues une rengaine ennuyeuse et pas convaincante, si ce n'est pour quelques pays qui (...) soutiennent le terrorisme en Syrie », a indiqué une source du ministère des Affaires étrangères, cité par Sana.

Moscou : « Nous démentons fermement cette information », a déclaré le général Youri Evtouchenko, chef du Centre russe pour la réconciliation des parties en conflit en Syrie, selon des propos rapportés par les agences russes. « Nous sommes prêts, une fois que Douma sera libérée, à envoyer immédiatement des spécialistes russes en défense nucléaire, chimique et biologique pour recueillir les données qui confirmeront que ces assertions sont montées de toutes pièces », a-t-il ajouté.


Iran : « De telles allégations et accusations par les Américains et certains pays occidentaux sont le signe d'un nouveau complot contre le gouvernement et le peuple syriens, et un prétexte pour une action militaire, qui va certainement compliquer davantage la situation dans ce pays et la région », selon un communiqué du ministère iranien des Affaires étrangères.

Washington : « De nombreux morts, y compris des femmes et des enfants, dans une attaque CHIMIQUE insensée en Syrie », s'est alarmé Donald Trump  dans une série de tweet. « La zone des atrocités est confinée et encerclée par l'armée syrienne, la rendant totalement inaccessible au reste du monde. Le président Poutine, la Russie et l'Iran sont responsables pour leur soutien à l'Animal Assad. Il faudra payer le prix fort », a-t-il poursuivi, sans dire clairement qui devra payer quel prix.

Paris : « La France assumera toutes ses responsabilités »,  a déclaré dimanche le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. Pour l'heure, « la France s'emploie activement, en liaison avec ses alliés et les organisations internationales concernées, à vérifier la réalité et la nature de ces frappes » supposées, a-t-il ajouté dans son communiqué.

Ankara : « Nous condamnons avec vigueur l'attaque et nous soupçonnons fortement qu'elle ait été menée par le régime (de Bachar el-Assad), dont les antécédents en matière de recours aux armes chimiques sont connus par la communauté internationale », a déclaré le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué.


(Lire aussi : Il y a un an, l'attaque au gaz sarin contre Khan Cheikhoun)


Les possibles conséquences

Washington et Paris ont répété à plusieurs reprises ces derniers mois que l’utilisation d’armes chimiques constituait une ligne rouge susceptible d’entraîner des frappes punitives. Les deux capitales ont toutefois fait comprendre, à demi-mots, que la ligne rouge concernait une attaque chimique de grande ampleur et qu’ils étaient moins sensibles à l’utilisation du chlore qu’à celui du sarin. Le régime aurait en effet été à l’origine de plusieurs attaques chimiques au chlore de petite ampleur ces derniers mois, sans que les Occidentaux ne réagissent. La  difficulté de réunir assez de preuves pour justifier l’opération est généralement avancé comme principal argument de l’absence de réaction occidentale.

Si l’attaque de samedi est confirmée, la ligne rouge de Washington et de Paris aura cette fois-ci été réellement franchie, même en cas d’utilisation du chlore et non du gaz sarin.

Au delà de l’aspect moral, le régime est censé s’être débarrassé de son stock d’armes chimiques depuis l’été 2013, suite à un accord américano-russe. La question des armes chimiques, qui sont interdites par le droit international, est extrêmement sensible, notamment pour Israël qui craint que le Hezbollah ou d’autres obligés de l’Iran mettent la main dessus. Pour Washington et Paris, c’est avant tout une question de crédibilité. Au delà du cas syrien, c’est leur capacité à faire respecter les lignes rouges qu’ils imposent qui est ici en jeu. Le leader nord-coréen, Kim Jong un, qui se prépare à une rencontre historique avec Donald Trump, va ainsi observer la réaction américaine de très près.

Si les Occidentaux décident de régir et de mener des frappes punitives, il existe au moins deux scénarios possibles.

Le premier serait une réaction similaire à l’attaque américaine contre la base d’al-Chaayrate il y un an, au lendemain de l’attaque chimique contre Khan Cheikhoun qui avait fait plus de 80 morts. 59 missiles de croisière Tomahawk avaient été tirés par deux navires américains sur des cibles du régime syrien, selon le Pentagone. Ces frappes avaient fait six morts, des blessés et d'importants dégâts matériels selon l'armée syrienne, mais elles étaient surtout symboliques. Les Russes avaient été prévenues à l’avance et les cibles choisies pour éviter toute escalade. Grand coup médiatique, les frappes n’ont eu aucun impact sur la suite du conflit. Pour Washington elles avaient pour avantage de conserver sa crédibilité à moindre coût. Et pour inconvénient le fait que le message n’est pas totalement reçu, puisque cela ne permet pas vraiment de dissuader son adversaire, à moyen terme.

Le second serait une attaque d’une plus grande ampleur, avec tous les risques que cela comporte alors que la Russie contrôle l’espace aérien en Syrie. Contrairement à la volte-face de Barack Obama en 2013, cette attaque ne serait pas de nature à modifier le rapport de force dans le conflit, mais pourrait mettre en danger les soldats occidentaux présents dans l’est syrien, qui deviendraient des cibles de choix pour le régime et ses alliés. Il paraît peu probable que Washington et Paris opte pour cette option, sauf s’ils souhaitent envoyer un message qui dépasse le cadre syrien, alors que les relations entre les Occidentaux et les Russes sont envenimées par l’affaire Skripal.


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commentaires (3)

ILS N,ONT QU,A BOMBARDER LES FORCES DU REGIME ET SES ALLIES ET LEUR DONNER UNE LECON INOUBLIABLE !

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 25, le 09 avril 2018

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Commentaires (3)

  • ILS N,ONT QU,A BOMBARDER LES FORCES DU REGIME ET SES ALLIES ET LEUR DONNER UNE LECON INOUBLIABLE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 25, le 09 avril 2018

  • Les Américains pourraient être tentés par un coup de maître: ils profitent du prétexte pour faire mourir Bachar sous un bombardement, une généreuse salve de missiles, et, oh, hasard, l'un tombe sur lui, car ils savent où il est. Russes et Iraniens se retrouvent gros-jean comme devant, et les Turcs aussi qui étaient entrés dans leur association de partage. L'atout envolé, la table renversée, toutes les cartes dans la poussière, et Trump, et l'Amérique avec elle, par un retournement de situation historique, se retrouvent adulés par le monde sunnite.Intéressant kriegspiel...

    Emmanuel Pezé

    00 h 40, le 09 avril 2018

  • Pourquoi les occidentaux Amérique et israel perdent ils leur temps ? Ces excuses d'attaques chimiques ça ne marche plus. Qu'ils attaquent Moscou Téhéran Pékin Pyongyang Damas et Bagdad le même jour à la même minute demain matin. Sinon les lignes rouges qu'ils se les mettent autour du cou , ou ailleurs .

    FRIK-A-FRAK

    22 h 56, le 08 avril 2018

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