Le destroyer lance-missiles américain USS Arleigh Burke prêt au départ de la station navale du Norfolk, en Virginie, vers le Moyen-Orient, le 11 avril 2018. U.S. Navy/Mass Communication Specialist 2nd Class Justin Yarborough/via REUTERS
Des frappes occidentales contre le régime syrien à la suite d'une attaque chimique présumée sont imminentes. Mais des questions subsistent sur les cibles potentielles, les risques que ces frappes représentent pour les Etats-Unis et les moyens à la disposition de Washington.
Quelles cibles possibles ?
Les Occidentaux ont fait savoir qu'ils viseraient des infrastructures syriennes pouvant abriter des fabriques d'armes chimiques.
Or plusieurs bases aériennes syriennes ont déjà été identifiées comme source d'approvisionnement possible en armements chimiques, notamment la base militaire d'Al-Chaayrate, près de Homs. Visée l'an dernier par 59 missiles Tomahawk en représailles à une attaque au gaz sarin, elle pourrait de nouveau être prise pour cible.
Par ailleurs, l'armée israélienne a visé par le passé une branche du Centre de recherches et d'études scientifiques de Syrie (SSRC) près de Mesyaf, dans la région de Tartous. Cet organisme est accusé par Washington et Israël d'aider à développer du gaz sarin.
Pour Jennifer Cafarella, une analyste de l'Institute for the Study of War, une des cibles potentielles pourrait être l'aéroport militaire de Doumair, à une quarantaine de kilomètres au nord-ouest de Damas, d'où l'attaque chimique de la semaine dernière pourrait avoir été lancée.
La base aérienne T-4, dans la province centrale de Homs, a été endommagée lundi par une frappe aérienne attribuée à Israël. Elle abrite des forces syriennes et iraniennes, et les Etats-Unis pourraient être tentés de la frapper de nouveau "mais cela ne répondrait pas directement à l'attaque à l'arme chimique", ajoute Mme Cafarella.
(Lire aussi : Les enjeux d’une frappe occidentale en Syrie sans l’aval de l’ONU )
Quels risques pour les Etats-Unis ?
Les Etats-Unis veulent imposer des mesures de rétorsion au régime syrien, mais ils cherchent à éviter une attaque frontale avec la Russie, qui pourrait conduire à une escalade militaire qu'il serait difficile de contrôler.
"Les Etats-Unis doivent faire très attention à ne pas frapper des cibles russes ou tuer des conseillers russes, ce qui limite considérablement le nombre de leurs options car les Russes sont très souvent intégrés aux troupes syriennes", explique à l'AFP Ben Connable, un expert du centre de réflexion Rand.
Moscou dispose de deux bases aériennes sur la côte syrienne équipées de défense anti-aérienne sophistiquée, celles de Tartous, non loin de la frontière libanaise, et de Hmeimim, au nord de Lattaquié.
Hmeimim est protégée par les très modernes batteries de défense antiaérienne S-400 et des moyens mobiles de défense antiaérienne (Pantsir et Tor M1).
A Tartous, où l'armée russe dispose d'installations portuaires depuis plusieurs décennies, des batteries de défense antiaérienne S-300 ont aussi été mises en place.
D'autre part, selon la chaîne américaine NBC, citant des responsables américains non identifiés, la Russie a réussi à brouiller les communications des drones américains de surveillance survolant la Syrie. Ces drones sont plus petits et moins résistants que les drones Predators et Reapers qui peuvent être armés de missiles, mais ces brouillages "très sophistiqués" inquiètent les responsables américains cités par NBC.
(Lire aussi : La présence militaire russe et son arsenal en Syrie)
Quels moyens ?
Une frappe aérienne contre le Syrie sera vraisemblablement menée à l'aide de missiles, comme cela a été le cas l'an dernier. Il est probable que les Etats-Unis choisissent de lancer simultanément un grand nombre de missiles, ce qui augmentera les chances de franchir les défenses antiaériennes de la Syrie et de ses alliés.
L'USS Donald Cook, un destroyer de la classe Arleigh Burke équipé de missiles Tomahawk, se trouve dans la Méditerranée orientale, de même que l'Aquitaine, une frégate française multi-missions (FREMM) équipée de missiles de croisière. Ces deux bateaux, qui pourraient être aidés par un sous-marin américain ou britannique, pourraient jouer un rôle dans cette opération. Mais des bombardiers furtifs B-2, qui volent à haute altitude, pourraient aussi être utilisés comme cela a été le cas en janvier 2017 dans une frappe contre le groupe Etat islamique (EI) en Libye.
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16 h 38, le 12 avril 2018