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Liban - Décryptage

Conférence de Rome : des questions en suspens et des attentes limitées

La conférence de Rome pour aider les forces armées libanaises se tient cet après-midi alors que le choc de l’affaire Ziad Itani n’a pas encore été totalement absorbé. S’il est vrai que les Libanais sont plutôt soulagés d’apprendre que l’acteur populaire n’est pas et n’a jamais été enrôlé par les Israéliens, beaucoup de questions sans réponses continuent de les hanter.

Comment un tel imbroglio a-t-il pu se dérouler ? Comment croire que pour un simple tweet, une colonelle du service de renseignements des FSI (en l’occurrence Suzanne Hajj) a pu inventer une affaire aussi grave et se venger ainsi d’une personne qui n’est en réalité pas celle qui a repris le tweet incriminé (il y aurait eu une confusion entre deux personnes portant le même nom) ? Comment la Sécurité de l’État a-t-elle pu être dupe, ainsi que le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire ? Comment encore justifier le fait que le dossier a brusquement été rouvert par le juge d’instruction militaire à la veille des élections législatives, alors que Itani était arrêté depuis près de quatre mois et qu’il appartient à une importante famille beyrouthine qui menaçait de boycotter le scrutin ? Mais le plus grave réside dans le fait que la colonelle Hajj, qui était responsable du département de la lutte contre les cyberattaques au sein des SR des FSI, a été responsable de nombreux dossiers de piratage électronique. Si les accusations de fabrication du dossier de Itani sont vérifiées, comment ne pas douter d’autres dossiers que la colonelle Hajj a traités ? S’il est aussi simple de fabriquer des conversations téléphoniques, ou à travers les réseaux sociaux, comment ne pas douter désormais de ce qu’on appelle les données téléphoniques qui sont à la base de l’accusation portée contre le Hezbollah dans le dossier de l’assassinat du Premier ministre Rafic Hariri ? C’est donc toute la crédibilité du travail de ce département des FSI et des services sécuritaires en général qui est ainsi remise en cause, sans oublier le fait qu’il s’agit d’un précédent grave... En réalité, nul ne se fait trop d’illusions sur la possibilité d’obtenir des réponses claires à toutes ces questions, d’autant que, rapidement, un autre dossier viendra supplanter celui-là et suscitera d’autres questions toujours sans réponses... Mais il est certain que cette affaire tombe mal au moment où le Liban souhaite obtenir, dans le cadre de la conférence de Rome, des crédits sur le long terme pour renforcer ses forces armées dans toute leur diversité.


(Lire aussi : Ziad Itani : « C’est un crime qui ne me ressemble pas »)



Pourtant, jusqu’à cette incroyable histoire, le Liban pouvait se déclarer satisfait du travail des différents services de renseignements et de leur coordination efficace qui a permis de démanteler de nombreux réseaux terroristes ainsi que des cellules d’espionnage. Les réunions du Conseil supérieur de la défense qui se sont déroulées au palais de Baabda visaient justement à marquer la coordination entre les différents services et les institutions sécuritaires et militaires, sur l’impulsion du président de la République et du Premier ministre. La dernière réunion qui a eu lieu la semaine dernière avait d’ailleurs un double objectif : d’abord empêcher l’affaire Itani de dégénérer en guerre entre les services, notamment la Sécurité de l’État et les SR des FSI, ensuite préparer un plan commun à présenter à la conférence de Rome.

Apparemment, le Liban devrait justement présenter un plan quinquennal d’aide aux forces armées pour leur permettre de sécuriser les frontières terrestres et maritimes du pays, tout en appliquant les dispositions de la résolution 1701 (qui prévoit un important déploiement de l’armée dans la région au sud du fleuve Litani) et en assurant la sécurité interne. Le montant général serait de près de 600 millions d’euros. D’ailleurs, non seulement le commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, participe à cette conférence, mais aussi le directeur des FSI, le général Imad Osman, et le directeur de la Sûreté générale Abbas Ibrahim, ainsi que les autres responsables sécuritaires et militaires du pays, avec les ministres de l’Intérieur, de la Défense et des Affaires étrangères, sachant que la délégation libanaise est présidée par le Premier ministre.

Cette conférence est d’ailleurs la seconde du genre, la première ayant aussi eu lieu à Rome en 2014 en présence du ministre de la Défense de l’époque Samir Mokbel. Elle avait ainsi constitué un appui international à l’armée libanaise, mais la situation a beaucoup changé depuis. En effet, il y a eu entre-temps la guerre du jurd, et les victoires remportées par l’armée libanaise et les différents services contre les groupes terroristes. Il y a eu aussi les instructions claires données à l’armée libanaise de riposter à toute agression israélienne. Mais en même temps, le grand problème aux yeux de la communauté internationale reste la présence des armes du Hezbollah. D’ailleurs, à la suite de la crise avec l’Arabie saoudite après ce qu’on appelle « la démission de Riyad », les autorités saoudiennes avaient menacé de boycotter la conférence de Rome et, avec elles, les Émirats arabes unis se seraient abstenus d’y participer. Mais à la suite de la dernière visite du Premier ministre Saad Hariri à Riyad, le différend aurait été réglé avec la promesse de remettre sur le tapis l’examen d’une stratégie nationale de défense après les législatives. Les Saoudiens devraient donc participer à cette conférence, mais les attentes restent limitées... D’une part, parce que la communauté internationale a de moins en moins d’argent à donner ou même à prêter, et, d’autre part, parce que, au Liban, beaucoup de questions restent en suspens...


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La conférence de Rome pour aider les forces armées libanaises se tient cet après-midi alors que le choc de l’affaire Ziad Itani n’a pas encore été totalement absorbé. S’il est vrai que les Libanais sont plutôt soulagés d’apprendre que l’acteur populaire n’est pas et n’a jamais été enrôlé par les Israéliens, beaucoup de questions sans réponses continuent de les hanter....

commentaires (5)

Et voila. Le ton est donne . Sans ridicule ou fausse honte. Le titre du papier n a rien a voir avec la vraie portee desiree: les resultats du tribunal attendus bientot ne valent que dalle. ZERO pr leur fiabilite. On repart au " square 1".... oufff! Wuelque uns vont respirer?

Gaby SIOUFI

20 h 00, le 15 mars 2018

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Commentaires (5)

  • Et voila. Le ton est donne . Sans ridicule ou fausse honte. Le titre du papier n a rien a voir avec la vraie portee desiree: les resultats du tribunal attendus bientot ne valent que dalle. ZERO pr leur fiabilite. On repart au " square 1".... oufff! Wuelque uns vont respirer?

    Gaby SIOUFI

    20 h 00, le 15 mars 2018

  • "comment ne pas douter désormais de ce qu’on appelle les données téléphoniques qui sont à la base de l’accusation portée contre le Hezbollah dans le dossier de l’assassinat du Premier ministre Rafic Hariri ?" Insinuation brève et insidieuse pour innocenté, à la façon Libano/syrienne, ceux accusés par le tribunal international. La colonelle en question était sûrement responsable du dossier Hariri en 2005 ainsi que de tous ceux assassinés après ça ou ceux affectés comme May Chidiac et Hamadé. Lors de l'assassinat de Pierre Gemayel un ami, proche du 8 Mars, m expliquait que ce sont les gens du 14 Mars qui s'auto-assassinent pour mieux incriminé le 8 Mars... Bon je vais me jeter du balcon et en finir de ces ...

    Wlek Sanferlou

    17 h 17, le 15 mars 2018

  • Avec Scarlett c'est simple , on comprend très facilement les situations qu'elle expose à notre intelligence . Merci Madame , vous avez toujours été égale à vous même.

    FRIK-A-FRAK

    16 h 37, le 15 mars 2018

  • Merci pour l'article objectif et clair...

    Soeur Yvette

    09 h 41, le 15 mars 2018

  • UN ARTICLE TRES OBJECTIF DE LA TRES CHERE MADAME SCARLETT HADDAD QUI DECRIT LES CHOSES TELLES QUELLES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    04 h 13, le 15 mars 2018

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