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Liban - Affaire Ziad Itani

Ziad Itani : « C’est un crime qui ne me ressemble pas »

Après la libération du dramaturge, le premier juge d’instruction militaire, Riad Abou Ghida, a émis un mandat d’arrêt contre Suzanne Hajj.

Ziad Itani portant un portrait de Saad Hariri. Photo Anwar Amro/AFP

Ziad Itani a recouvré hier sa liberté au terme de plus de trois mois de captivité, après avoir été accusé à tort de collaboration avec Israël. Le premier juge d’instruction militaire, Riad Abou Ghida, a requis hier la remise en liberté du dramaturge, demande approuvée par le parquet militaire. Parallèlement, il a émis un mandat d’arrêt contre Suzanne Hajj, ancienne directrice du bureau de lutte contre la cybercriminalité aux Forces de sécurité intérieure, accusée d’avoir fabriqué de fausses preuves contre le comédien.

C’est en héros que le dramaturge enfin blanchi a été accueilli dans son quartier de Tarik Jdidé. L’heure était à la fête. Quelque temps après l’annonce de sa remise en liberté, les habitants ont commencé à se rassembler devant sa maison. Des portraits du ministre de l’Intérieur Nouhad Machnouk ont été collés sur la porte de l’immeuble, comme sur les murs d’en face. Un portrait du comédien sur lequel on peut lire « Beyrouth est fidèle » est également hissé dans les ruelles menant à sa maison. Des chansons patriotiques de Feyrouz, Ahmad Kaabour et Julia Boutros résonnent dans l’air.

« C’est à Beyrouth qu’est née la première résistance contre Israël, affirme Mohammad Assi. Cette ville qui a lutté contre l’invasion israélienne en 1982 refuse que l’un de ses fils soit accusé de collaboration avec l’ennemi. » Même son de cloche chez Muhieddine Osta qui affirme que « dès le premier instant, nous étions convaincus de l’innocence de Ziad ». « C’est un patriote et c’est le fils de Beyrouth » , ajoute-t-il.

Malak Itani est membre de l’Association des familles Itani. Elle affirme que dès le départ, « la famille était convaincue de l’innocence de Ziad ». « En tant que famille, nous étions solidaires les uns envers les autres, poursuit-elle. Nous attendions que la justice suive son cours. »


(Pour mémoire : Élie Ghabache puis Suzanne el-Hajj devant le juge d’instruction militaire)


« J’ai été torturé après mes soi-disant aveux »
Vers 18h, Ziad Itani arrive à Tarik Jdidé. Il est porté à bout de bras, au milieu des youyous des femmes. Des feux d’artifice éclatent dans l’air. Deux moutons sont égorgés pour célébrer la libération du dramaturge. Sur les balcons, les femmes lancent du riz. « J’ai été injustement accusé du crime le plus horrible », lance Ziad Itani, tout ému. « C’est un crime qui ne me ressemble pas », poursuit-il, avant d’interrompre son discours pour enlacer longuement sa fille, Lynn, qu’il n’a pas revu depuis son arrestation. Quelques minutes plus tard, il reprend : « C’est ici que mes parents sont morts pour défendre la région contre Israël. Nous sommes la résistance. Celle-ci a commencé à Beyrouth. »

Dans la maison du dramaturge, il y a foule. « Dans ma cellule, j’avais perdu complètement espoir dans le pays », dit-il aux médias. « J’ai senti que chaque Libanais peut être victime de cette même injustice (…), mais j’ai regagné l’espoir après mon passage devant la justice et le service des renseignements (des FSI) », ajoute-t-il, affirmant que « plusieurs personnes sont responsables des erreurs » commises envers lui.

Soulignant qu’il s’en remet à la justice pour « révéler ce qui s’est passé », le dramaturge raconte qu’il a été torturé après ses soi-disant aveux. Que compte-t-il faire ? « Je n’ai jamais souffert d’un problème de santé, répond-il. Aujourd’hui, je sors de prison avec un diabète, une hypertension artérielle et des problèmes du système nerveux. » « J’ai besoin de temps avant de remonter sur les planches » , précise-t-il, exprimant son désir, « si les juges le permettent, de transformer (son) histoire en pièce de théâtre ».

Dans le salon, la mère du comédien, Randa, tire sur une énième cigarette. Elle discute calmement avec les amis venus lui transmettre leurs vœux. « Je ne veux pas qu’on me félicite parce que mon fils a été blanchi, confie-t-elle. Je savais qu’il était innocent. Nous sommes passés par des moments très durs. Je veux oublier cet épisode. Aujourd’hui, je considère que mon fils est né de nouveau. »


(Pour mémoire : Affaire Itani : Suzanne el-Hajj et le pirate informatique en état d'arrestation)


« L’État a corrigé son erreur »
M. Machnouk est la première personnalité venue féliciter Ziad Itani. Devant les journalistes, il affirme avoir « commis des erreurs et connaître l’injustice ». « J’ai présenté mes excuses » lorsque cela était nécessaire, avance-t-il, appelant « les personnes ayant commis des erreurs » à faire de même. Tammam Salam, ancien Premier ministre, est lui aussi venu présenter ses vœux au dramaturge.

À peine libéré, Ziad Itani avait lancé un tweet à ses amis, leur disant qu’ils lui ont manqué. « Qu’est-ce que vous attendez ? Apportez des pâtisseries et des jus de fruits et retrouvez-moi à Tarik Jdidé », a-t-il écrit. À sa sortie de prison, sa première visite a été à la Maison du centre où il a été reçu par Saad Hariri. « Aujourd’hui, justice a été faite, a déclaré M. Hariri. Il n’y a pas de doute qu’il y a eu une injustice à votre encontre, mais l’État a montré, avec ses services, son système judiciaire et la façon dont il a opéré que la justice est possible dans ce pays. Certaines erreurs sont survenues et nous commettons tous des erreurs. Il y a eu injustice à votre encontre et vous avez le droit de savoir ce qui s’est passé. Mais le plus important pour moi est que l’État a corrigé par lui-même l’erreur commise. »

Suzanne Hajj nie les accusations
Plus tôt dans la matinée, Suzanne Hajj avait été interrogée par Riad Abou Ghida en présence de son avocat, l’ancien ministre Rachid Derbas. Durant l’audition, elle a été confrontée au pirate informatique présumé, E.G., qui fait aussi l’objet des mêmes poursuites et qu’elle aurait embauché dans le cadre de cette affaire. Ce dernier serait passé aux aveux et aurait reconnu avoir agi à la demande de Mme Hajj et confirmé les accusations portées contre lui. M. Derbas a affirmé que sa cliente a nié durant son interrogatoire toutes les accusations qui pèsent contre elle, assurant qu’il n’y a pas de « preuves tangibles » qui pourraient l’inculper.

Le procureur du gouvernement près le tribunal militaire, Peter Germanos, a autorisé l’avocat Ziad Hobeiche à rendre visite à son épouse, Suzanne Hajj, à raison de trois fois par semaine.



Pour mémoire
Pas de poursuites contre les juges dans l’affaire Itani-Hajj

Affaire Itani : des accusations en justice et en politique

Ziad Itani a recouvré hier sa liberté au terme de plus de trois mois de captivité, après avoir été accusé à tort de collaboration avec Israël. Le premier juge d’instruction militaire, Riad Abou Ghida, a requis hier la remise en liberté du dramaturge, demande approuvée par le parquet militaire. Parallèlement, il a émis un mandat d’arrêt contre Suzanne Hajj, ancienne directrice du...

commentaires (2)

exemple et preuve par mille combien nocives les nouvelles recoltees par les medias-sans fondement, sans verifications,sans enquete appropriee,souvent se fondant sur les reseaux sociaux, ALORS QUE la moindre des choses aurait ete d'attendre des eclaircissements OFFICIELS emanant des autorites concernees. un cafouillis abominable, des fuites inadmissibles, et voila le grand cirque qui continue.

Gaby SIOUFI

12 h 47, le 14 mars 2018

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Commentaires (2)

  • exemple et preuve par mille combien nocives les nouvelles recoltees par les medias-sans fondement, sans verifications,sans enquete appropriee,souvent se fondant sur les reseaux sociaux, ALORS QUE la moindre des choses aurait ete d'attendre des eclaircissements OFFICIELS emanant des autorites concernees. un cafouillis abominable, des fuites inadmissibles, et voila le grand cirque qui continue.

    Gaby SIOUFI

    12 h 47, le 14 mars 2018

  • CETTE AFFAIRE EST ENCORE LOUCHE ET TROP D,ENCRE Y COULERA !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 42, le 14 mars 2018

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