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À La Une - Liban

Nouvelles poursuites judiciaires contre Hicham Haddad, cette fois par le Conseil supérieur de la magistrature

"Il semble que les choses se dirigent vers davantage de répression", regrette le comédien.

L'humoriste libanais Hicham Haddad, poursuivi par la justice pour trois sketchs télévisés tournant en dérision le prince héritier saoudien, Mohammad Ben Salmane, le Premier ministre libanais, Saad Hariri, et le directeur de son cabinet Nader Hariri, était en tenu de prisonnier lors de la dernière émission de son show télévisé. Capture d'écran LBCI

L'humoriste libanais Hicham Haddad, qui défraie la chronique depuis la semaine dernière en raisons des poursuites judiciaires dont il fait l'objet, était à nouveau dans le viseur de la justice jeudi, en raison de la dernière émission de son programme satirique, rapporte l'Agence nationale d'information (Ani, officielle).

Le Conseil supérieur de la magistrature a ainsi saisi aujourd'hui le parquet général lui demandant de "faire le nécessaire jusqu'à enclencher l'action publique (...)", peut-on lire dans un communiqué du Conseil. La cause : le dernier épisode de l'émission de M. Haddad, "Lahon w Bass".

"Le Conseil supérieur de la magistrature a examiné le contenu de l'émission de M. Haddad, datée du 30 janvier, dans laquelle il s'en prend à la personne du procureur général près la Cour de cassation (Samir Hammoud) qui faisait son devoir en vertu de la loi", explique le conseil dans son communiqué. "Il est inacceptable d'être laxiste avec ce genre de comportement qui représente une atteinte au pouvoir judiciaire et à sa réputation (...)", ajoute le communiqué.

Le Conseil supérieur de la magistrature a également demandé au Conseil national de l'audiovisuel de "suivre cette affaire et d'assumer ses responsabilités, face au niveau atteint par cette émission". Il a également prévenu qu'il "ne sera pas indulgent face à toute atteinte, indépendamment de la partie qui en est responsable".

C'est en tenue de prisonnier que Hicham Haddad avait choisi de présenter son émission ce mardi, près d'une semaine après les poursuites engagées à son encontre pour trois sketchs télévisés tournant en dérision le prince héritier saoudien, Mohammad Ben Salmane, le Premier ministre libanais, Saad Hariri, et le secrétaire général du courant du Futur Ahmad Hariri.

"Je suis venu ainsi vêtu pour vous dire, chers téléspectateurs, que la liberté de la presse est en danger. Ils m'ont interpellé pour trois vidéos : en somme je ne dois pas dire à Mohammad ben Salmane de réduire sa consommation de fast food, je ne dois pas dire que le Premier ministre Saad Hariri ressemble à un DJ sur une de ses photos et je ne peux pas dire que la meilleure chanson de l’année est celle chantée par Ahmad Hariri....", avait lancé l'humoriste avec ironie.

Durant cet épisode, Hicham Haddad avait aussi repris une chanson arabe populaire, "Jari ya Hammouda" (Mon voisin Hammouda), en modifiant le titre et les paroles de sorte à s'adresser au juge Hammoud. "Juge Hammouda, qui t'a dit d'engager des poursuites contre moi? Les déchets sont déversés, tu ne crois pas que cela mérite des poursuites judiciaires? Les navires (centrales pour la production de courant supplémentaire) sont où? Nous n'avons jamais su ce qu'ils sont devenus. Juge Hammouda, tu oublies que c'est toi qui a fait sortir (la chanteuse syrienne) Assala", a chanté M. Haddad.

Il faisait allusion à la crise des déchets qui se poursuit dans le pays, à la polémique autour du plan du ministre de l'Energie, César Abi Khalil, qui prévoit de louer des navires centrales pour produire davantage de courant électrique. Hicham Haddad revenait enfin sur la libération d'Assala, quelques heures seulement après son arrestation alors qu'elle était en possession de deux grammes de cocaïnes à l'aéroport de Beyrouth en juin 2017. Le juge Hammoud s'était à l'époque défendu contre tout traitement de faveur.




Réagissant à ces nouvelles poursuites, Hicham Haddad  a écrit le message suivant sur sa page Twitter : "Il semble que les choses se dirigent vers davantage de répression. La justice ne voit que Hicham Haddad et son émission "Lahon w Bass", elle ne voit pas que des personnes veulent enterrer d'autres au nom de la religion, ou que les rues sont pleines de gens qui tirent les uns sur les autres. Tout ce que la justice voit, c'est un comédien libanais qui porte atteinte au prestige de l'Etat".






Dans la première émission qui avait valu à M. Haddad des poursuites judiciaires, il avait tourné en dérision les prévisions pour 2018 du voyant Michel Hayek, lui faisant dire qu'il conseillait au prince héritier saoudien de "manger moins de fast food" avant de commenter: "Avec tout ce qui passe dans la région, il lui conseille de manger moins de hamburgers? Je lui conseille de mettre un terme aux campagnes, aux arrestations, aux frappes militaires...."

La semaine dernière, le ministre de la Justice, Salim Jreissati, s’était empressé de démentir avoir lui-même demandé au parquet de se mobiliser contre l’humoriste. Il avait affirmé que cette affaire était du ressort du parquet.


Hicham Haddad avait été radié en août 2016 du Courant patriotique libre, selon le site web d'an-Nahar. Cette mesure était motivée par des commentaires effectués sur sa page personnelle sur Facebook, et en raison d'une émission de son programme durant laquelle l'humoriste avait tourné en dérision Gebran Bassil, qu'il avait affublé du sobriquet de "Joujou".

Mercredi, l'ONG Reporters sans frontières (RSF) s'est dite "inquiète de la recrudescence des procédures judiciaires engagées contre les médias critiques des autorités libanaises ou de leurs alliés". "Reporters sans frontières dénonce ces poursuites disproportionnées. Les journalistes ne devraient pas être traduits devant la justice militaire ni poursuivis en diffamation pour des propos informatifs recueillis ou tenus dans le cadre de l’exercice de leur profession et ce, quel que soit le contexte politique", peut-on lire dans un communiqué publié par l'ONG qui rappelle "l’importance du pluralisme pour le bon fonctionnement d’une société démocratique."

En effet, ces dernières semaines, plusieurs affaires, dont les poursuites judiciaires contre le journaliste vedette de la chaîne LBCI Marcel Ghanem, ont défrayé la chronique, faisant craindre aux yeux de nombre de Libanais un contrôle abusif par le pouvoir exécutif des libertés publiques. Au cours de son émission  Kalam el-Nass , M. Ghanem avait fait parler deux journalistes saoudiens, Ibrahim el-Merhi et Adwan el-Ahmari, qui se sont livrés en direct à une critique virulente des plus hautes autorités libanaises. Au lendemain de cet épisode télévisé, le ministre de la Justice, Salim Jreissati, avait saisi le parquet, lui demandant d'enquêter sur ce qui s'était passé durant l'émission.

Quant à la journaliste et analyste politique libanaise Hanine Ghaddar, qui travaille actuellement au Washington Institute for Near East Policy aux États-Unis et qui est connue pour son opposition à la ligne politique du Hezbollah, elle a été condamnée la semaine dernière par contumace à six mois de prison par le tribunal militaire pour "atteinte à l’armée libanaise" lors d’un discours prononcé en mai 2014, dans le cadre d’une conférence internationale organisée par le Washington Institute dans la capitale américaine.

Et dimanche, le quotidien libanais ad-Diyar a affirmé sur son site internet qu'il faisait l'objet de poursuites par la justice libanaise pour "insulte à l'Arabie saoudite".

Aujourd'hui, une jeune Libanaise a été incarcérée après avoir critiqué le président du Parlement, Nabih Berry, sur Facebook,


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commentaires (5)

Je suis violemment hostile à toute restriction de la liberté d'opinion. Cela dit, j'ai regardé cette vidéo : c'est carrément vulgaire, le texte est d'une pauvreté affligeante et la gestuelle (je n'ose pas dire: gesticulations) est à l'avenant.

Marionet

20 h 54, le 01 février 2018

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Commentaires (5)

  • Je suis violemment hostile à toute restriction de la liberté d'opinion. Cela dit, j'ai regardé cette vidéo : c'est carrément vulgaire, le texte est d'une pauvreté affligeante et la gestuelle (je n'ose pas dire: gesticulations) est à l'avenant.

    Marionet

    20 h 54, le 01 février 2018

  • ET QU,EN EST-IL DES BELLIGERANTS BALTAGIQUE ET GOUPILIOTE QUI ONT POUSSE LE PAYS PRESQUE AU BORD D,UNE GUERRE CIVILE ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 56, le 01 février 2018

  • Les bensaouds n'ont rien à faire dans notre démocratie. Qu'ils s'occupent à s'ouvrir chez eux .

    FRIK-A-FRAK

    18 h 36, le 01 février 2018

  • ATTENTION L'HUMOUR NE SURVIVRA PAS A L'INTOLERANCE Le rouleau compresseur se met en marche ....et le Liban commence à se "distancier" de ses valeurs de tolérance et de respect des libertés individuelles et collectives. On a l'impression qu'un vent d'intolérance souffle sur le pays .. Ce n'est pas comme ça que le Liban maintiendra les ponts entre ses enfants (par millions) de la diaspora et le pays. L'un a besoin de l'autre et c'est vital aux deux.

    Sarkis Serge Tateossian

    18 h 19, le 01 février 2018

  • Voila l'exemple type de la republique bananiere qu'est devenu le Liban. On s'insulte a qui mieux mieux a la tete e l'Etat, les rues sont envahis par des baltagiyyeh et tout ce que la "justice" (elle ne merite pas de J Majuscule) trouve a faire c'est de chercher des poux aux comediens et autres gens de presse qui osent dire tout haut ce que les gens disent tout bas. BRAVO ya chabeb, continuez comme ca....

    IMB a SPO

    18 h 13, le 01 février 2018

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