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Liban - Liberté d’expression

Hicham Haddad à « L’OLJ » : Y a-t-il un lien entre mon émission avec Mireille Aoun et ces poursuites ?

L’humoriste a assuré qu’il sera encore plus virulent dans ses prochains programmes.

L’humoriste Hicham Haddad lors de son émission « Lahon w Bass ». Photo tirée de sa page Facebook

Le ministre de la Justice, Salim Jreissati, s’est empressé de démentir avoir lui-même demandé au parquet de se mobiliser contre l’humoriste Hicham Haddad pour un sketch télévisé tournant en dérision le prince héritier d’Arabie, Mohammad ben Salmane. Le ministre a affirmé que cette affaire était du ressort du parquet. « Lorsque le ministre de la Justice demande au parquet général d’engager des poursuites (...), il le fait ouvertement et ne s’en cache pas », a-t-il souligné.

« C’est le parquet général qui a engagé des poursuites contre Hicham Haddad car certains propos qu’il a tenus constituent une offense et une diffamation (à l’encontre du prince héritier saoudien) et portent atteinte aux relations du Liban avec un autre pays », a affirmé de son côté le procureur général près la Cour de cassation, le juge Samir Hammoud, à la chaîne LBCI.

Des sources proches de l’ambassade d’Arabie ont pour leur part assuré à la LBCI que le royaume n’était pas à l’origine de ces poursuites. Une autre source proche du Premier ministre a également affirmé à la même chaîne que ni Saad Hariri ni son entourage n’avaient réclamé de telles poursuites, quand bien même M. Hariri était également tourné en dérision dans l’un des sketchs de M. Haddad, dans le cadre du même épisode incriminé.


(Lire aussi : Le haha et le hi-han, l'éditorial de Issa GORAIEB)


Haddad dubitatif
L’humoriste, lui, reste songeur quant aux raisons précises pour lesquelles ces poursuites ont été engagées contre lui. Joint au téléphone par L’Orient-Le Jour, l’animateur de l’émission Lahon w Bass s’attarde ainsi sur le timing des poursuites engagées à son encontre.

« Il y a moins de deux semaines, j’ai accueilli sur mon plateau Mireille Aoun Hachem (fille et première conseillère du président de la République, NDLR) lors d’une émission qui a révélé au grand public l’entente mutuelle et l’amitié qui nous lient », rappelle-t-il. Au cours de cette émission, l’humoriste affirme avoir abordé avec son invitée un ensemble de sujets « délicats », parmi lesquels l’affaire des membres radiés du Courant patriotique libre (CPL) sous le mandat de son chef actuel, Gebran Bassil. M. Haddad affirme avoir également demandé sans détour à son interlocutrice son avis sur l’actuelle gestion du CPL. « De telles interrogations sont légitimes et prêtent à réflexion », affirme-t-il.

L’animateur avait rejoint, en août 2016, la liste des noms des membres radiés du CPL, après Ziad Abs, Antoine Nasrallah, Naïm Aoun et Paul Abi Haïdar. Cette mesure était motivée par des commentaires effectués sur sa page Facebook personnelle, et en raison d’une de ses émissions durant laquelle il avait tourné en dérision Gebran Bassil, qu’il avait affublé du sobriquet de « Joujou ». L’humoriste a par ailleurs assuré qu’il sera encore plus virulent dans ses prochaines émissions.


(Lire aussi : Marcel Ghanem, un quart de siècle au service de la liberté d’expression)


Pierre Daher
De son côté, le PDG de la LBCI, Pierre Daher, affirme à L’OLJ qu’« il existe depuis le mouvement de la société civile en 2015 une sorte de modus vivendi entre les partis politiques au pouvoir, selon lequel ils sont tous prêts à se soutenir l’un l’autre, même entre rivaux, contre tout ce qui pourrait menacer cette classe politique ». « Ces poursuites engagées contre deux présentateurs de la LBCI interviennent quelques mois avant les élections législatives dans le but d’affaiblir les médias capables d’influencer l’opinion publique », précise-t-il.

Réactions
L’ancien ministre Wi’am Wahhab, l’un des premiers politiques à afficher son soutien à Hicham Haddad, a appelé hier « le président de la République Michel Aoun et le gouvernement à démettre de ses fonctions le procureur général », affirmant que « le juge Hammoud, depuis son arrivée à son poste, a paralysé le parquet général, et, lorsqu’il s’active, il le fait au mauvais endroit ».

Le député Hassan Fadlallah, affilié au Hezbollah, a lui aussi pris la défense de M. Haddad. « Ce qui est étonnant, c’est la rapidité des poursuites engagées contre un humoriste qui ne mérite pas cette décision injuste qui doit être revue immédiatement », a-t-il affirmé, dans des propos rapportés par la LBCI. « Cette politique des deux poids, deux mesures est inacceptable. Nous vivons au pays de la diversité et des libertés responsables », a-t-il ajouté.

Dans un entretien accordé à LBCI, le ministre de l’Information, Melhem Riachi, a également apporté son soutien à l’humoriste. « Les libertés de la presse sont sacrées. Toutes les plaisanteries ne doivent pas devenir prétexte à polémique », a-t-il déclaré, ajoutant que cette affaire était une « publicité gratuite » offerte à M. Haddad.   « Je le remercie de son soutien, mais il est bizarre que les responsables politiques apportent leur soutien alors qu’ils sont au pouvoir », a aussitôt rétorqué l’humoriste.

De son côté, le député Boutros Harb a condamné les poursuites engagées contre M. Haddad, qui constituent, selon lui, « une nouvelle atteinte à la liberté d’expression et une tentative de réduire au silence (...) un humoriste dont le but est de faire rire les Libanais et d’atténuer leurs souffrances au quotidien ». Il a dénoncé la « politique de répression » du gouvernement, « notamment celle du ministère de la Justice », qui « surveille les responsables politiques et les journalistes qui ne lui prêtent pas allégeance ».

Le président du Rassemblement de l’Option libanaise, Ahmad el-Assaad, a quant à lui affirmé dans un communiqué « son rejet de toutes les campagnes de répression qui visent la liberté d’expression », estimant que « le Liban se caractérise par la liberté, la diversité, l’ouverture et la démocratie ».



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commentaires (6)

Entre humour , politique , et publicité, tout se confond avec une justice vraiment bizarre .

Antoine Sabbagha

12 h 46, le 27 janvier 2018

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Commentaires (6)

  • Entre humour , politique , et publicité, tout se confond avec une justice vraiment bizarre .

    Antoine Sabbagha

    12 h 46, le 27 janvier 2018

  • L'émission de Hicham Haddad, Qu'elle soit bonne ou mauvaise, là n'est pas le sujet, d'ailleurs c'est le public qui en décide et les dirigeants des télés en tiennent comptent. C'est la sacro-sainte de la liberté de parole, de l'expression artistique, (l'humour pro en est un exemple), et de la liberté d'expression tout court qu'il est question. La liberté de parole est la chose la plus précieuse dans notre société Elle doit restée intouchable Au vu des écrits ce Monsieur n'a pas déshonoré le prince, il n 'a fait que son travail d'humoriste. D'ailleurs les politiques (simples députés ou monarques) doivent s'attendre à des attaques verbales cela fait partie du lot et ils le savent. Si c'était uniquement pour récolter des honneurs il aurait été trop facile comme "job" !

    Sarkis Serge Tateossian

    12 h 18, le 27 janvier 2018

  • aimer ou ne pas aimer cette emission , approuver ou desapprouver les poursuites judiciares tout cela est juste un jeu democratique . ce qui est inqiuetant c'est le niveau culturel non pas des politiques.... mais bien celui de certains qui s'attaquent a de de telles emissions non pour leur qualite "intellectuelle", mais pour des raisons soit disant "legalistes"

    Gaby SIOUFI

    11 h 48, le 27 janvier 2018

  • JE TIENS A FELICITER TRES CHALEUREUSEMENT MONSIEUR ISSA GORAIEB POUR SON SUPERBE EDITORIAL DE CE JOUR ! FORMIDABLE L,EXPRESSION DE SA LIBRE ANALYSE !!!

    LA LIBRE EXPRESSION. LA PATRIE EST EN DANGER.

    11 h 24, le 27 janvier 2018

  • Il est assez surprenant devoir le Hezbollah intervenir en faveur de la liberté d'expression! Il est vrai qu'ici, la personne visée par l'humoriste est son ennemi, MBS. on aurait aimé de sa part une semblable ouverture d'esprit lorsque, il y a quelques année, l'objet de moquerie était son chef. On se souvient qu'alors, le "Parti de Dieu" avait réclamé la fermeture de la LBC, ou à tout le moins, la mise à pied du journaliste incriminé.

    Yves Prevost

    09 h 02, le 27 janvier 2018

  • il doit jubiler le hisham, il entre dans le debat politique alors que son show est d'une idiotie abrutissante...je regarde son show pendant 30 minutes, je ne decroche pas un sourire. Lui et adel karem sont ce qu'il y a de plus mauvais a la tele, je prefere encore yvonna, c'est dire...

    George Khoury

    07 h 03, le 27 janvier 2018

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