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Liban - Rapport

Human Rights Watch dénonce les restrictions à la liberté d’expression au Liban

HRW souligne que « les autorités libanaises ont continué à arrêter et inculper des personnes pour avoir publié des critiques contre les responsables du gouvernement sur les réseaux sociaux ». Photo bigstock

C’est un bilan peu reluisant sur la liberté d’expression au Liban que dresse Human Rights Watch (HRW) dans son rapport mondial 2018, rendu public hier. L’ONG déplore ainsi « le renforcement des restrictions de la liberté d’expression » en 2017 « dans un contexte de paralysie des réformes sur les droits, malgré certains progrès législatifs sur la torture et les droits des femmes ».

HRW souligne, dans le chapitre concernant le Liban, que « les autorités libanaises ont continué à arrêter et inculper des personnes pour avoir publié des critiques contre les responsables du gouvernement sur les réseaux sociaux ». « En juin, des soldats ont été filmés en train de donner coups de pied et de poing à des manifestants qui s’étaient réunis pour protester contre une troisième prolongation du mandat du Parlement », peut-on lire dans le document. L’ONG met en outre l’accent sur la comparution « de civils, y compris d’enfants, devant des tribunaux militaires », et ce « en violation de leurs droits à une procédure régulière et du droit international ».

En ce qui concerne la torture, HRW déclare avoir « continué d’établir des rapports documentés sur la torture perpétrée » par les forces de sécurité. Rappelant que la Chambre a voté en octobre dernier une loi pour la lutte contre la torture, HRW constate que bien qu’il s’agisse « d’une mesure positive », cette loi « est loin de respecter les obligations du Liban en vertu du droit international ». Elle rappelle ainsi le communiqué publié en juillet par le commandement de l’armée faisant état du décès « de quatre Syriens en détention après des raids massifs à Ersal ». « Un médecin spécialisé dans la documentation de la torture a examiné les photos de trois de ces hommes, fournies par les avocats de leurs familles à Human Rights Watch, et a observé des blessures “cohérentes avec les traumatismes infligés dans le cadre de tortures physiques », affirme l’ONG. « L’armée a déclaré que les hommes étaient décédés de causes naturelles, mais n’a pas diffusé publiquement les résultats de sa propre enquête », ajoute-t-elle.


(Lire aussi : Victime d’une agression, Ahmad el-Ayoubi dénonce « un climat propice »)


Droits de la femme
Se penchant sur les droits de la femme, HRW a salué l’abrogation par la Chambre de l’article 522 du code pénal qui permettait à un violeur d’échapper aux poursuites judiciaires s’il épousait sa victime. Elle a toutefois relevé « des lacunes » qui persistent à ce niveau, puisque les effets de cet article ont été maintenus dans le cas d’une relation sexuelle « consentie » ou « non consentie, mais avec promesse de mariage » avec une mineure âgée entre 15 et 18 ans. Le mariage, dans ces cas, suspendrait les poursuites.

Par ailleurs, « le Liban n’a pas fait de progrès dans des domaines-clés comme la protection des droits des travailleurs et travailleuses domestiques migrant(es), l’interdiction du mariage des enfants, l’amélioration des conditions pour les réfugiés syriens et l’avancement de la justice pour les personnes disparues pendant les quinze années de guerre civile », constate HRW. « Le gouvernement n’a pas encore établi d’institut national des droits humains, conformément à ce qui a été prévu par une loi de 2016 », regrette-t-elle

« Malgré quelques réformes attendues de longue date, nous sommes profondément préoccupés par ce qui semble être une fermeture de l’espace d’expression au Liban », a déclaré Lama Fakih, directrice adjointe de la division Moyen-Orient chez HRW. Elle souligne que « les autorités libanaises ont la possibilité en 2018 d’améliorer les conditions dans le pays en adoptant des réformes concernant les droits humains paralysées depuis longtemps ».

Le chapitre intégral du rapport de HRW sur le Liban peut être consulté en cliquant ici



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