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Moyen Orient et Monde - Yémen

Les Sudistes prennent le dessus à Aden, mais ne veulent pas la sécession

Les combats semblaient s’être calmés à la faveur d’une médiation menée par la coalition arabe.

Des combattants sudistes faisant le signe de la victoire, à Aden, hier. Saleh al-Obeidi/AFP

Le Conseil de transition du Sud (STC) a pris hier le dessus sur les forces gouvernementales à Aden, deuxième ville du Yémen, après trois jours de combats meurtriers, mais n’a pas l’intention de proclamer la sécession du Sud, selon des sources proches de cette instance.

Les combattants du STC sont parvenus aux portes du palais présidentiel à Aden, ancienne capitale du Yémen du Sud, mais les combats semblaient s’être calmés en fin de journée, à la faveur d’une médiation menée par la coalition arabe entre les belligérants, selon les mêmes sources.
Le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi est lui-même réfugié en Arabie saoudite, mais son Premier ministre Ahmad ben Dagher et des membres du gouvernement étaient jusqu’à lundi au palais présidentiel de Maachiq à Aden. Des sources sudistes ont affirmé à L’OLJ que M. ben Dagher et ses ministres avaient été évacués par bateau par la coalition arabe vers Breiqa, ou Little Aden, mais cette information n’a pas pu être confirmée de source indépendante.

Les forces gouvernementales ont perdu la plupart de leurs positions-clés dans et autour de la ville.
Le brigadier Saleh al-Sayyed, qui dirige des troupes combattant depuis dimanche avec les Sudistes, a annoncé à l’AFP que ses unités avaient pris le contrôle de la 4e brigade qui inclut la garde présidentielle à Aden.
Les combats ont fait au moins 36 morts et 185 blessés depuis dimanche, selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Soutenus par les Émirats
La coalition sous commandement saoudien, qui intervient militairement au Yémen depuis 2015, a appelé dans la nuit à un cessez-le-feu immédiat. Jusqu’ici, les principales composantes de la coalition – émiraties et saoudiennes – ne sont pas intervenues militairement pour faire cesser les combats.
Les Émirats, élément-clé de la coalition dirigée par Riyad, soutiennent le Conseil de transition du Sud créé par les séparatistes, comme ils ont entraîné et appuient une force appelée « Ceinture de sécurité » dans le sud du pays.
Dimanche soir, le ministre d’État émirati pour les Affaires étrangères Anwar Gargash assurait dans un tweet que la position de son pays était « claire dans son soutien au leadership saoudien de la coalition ».

L’Arabie saoudite soutient théoriquement pour sa part le président Hadi, mais s’est gardée de prendre position dans cette affaire. Lors d’un point de presse lundi soir à Riyad, le porte-parole saoudien de la coalition au Yémen, le colonel Turki al-Maliki, a appelé les Sudistes à « la retenue et à parler avec le gouvernement légitime ». Dans le même temps, a-t-il ajouté, « nous appelons le gouvernement légitime à examiner les demandes du mouvement social et politique » des séparatistes.
Mais M. Hadi s’est montré inflexible, rejetant lors d’une réunion à Riyad avec ses conseillers et des responsables politiques « le coup de force (séparatiste) et les actions terroristes à Aden », selon l’agence officielle Saba.

Les séparatistes étaient précédemment alliés à M. Hadi, mais la relation s’est tendue après le limogeage en 2017 du gouverneur d’Aden, Aidarous al-Zoubaïdi, qui a formé le Conseil de transition du Sud, une autorité parallèle dominée par des séparatistes. Le STC avait fixé un ultimatum la semaine dernière à M. Hadi, exigeant le départ du Premier ministre Ahmed ben Dagher et « des changements au gouvernement », accusé de « mauvaise gestion » et de « corruption ». Il reproche en outre au président d’être sous la coupe des islamistes du mouvement al-Islah.
Cet ultimatum a expiré dimanche matin et des combats ont aussitôt éclaté en ville, aboutissant à la prise du siège transitoire du gouvernement et d’autres installations par les séparatistes.


(Lire aussi : Des séparatistes s’emparent du siège du gouvernement à Aden)


Revendications sudistes
Pour le moment, le STC « ne réclame pas la sécession, mais uniquement la démission du gouvernement », a assuré une source de cette instance à L’OLJ. Le mouvement sudiste était auparavant divisé entre partisans d’une sécession du Yémen du Nord et adeptes d’une forme de fédéralisme dans le cadre du Yémen unifié.
Seul État marxiste du monde arabe, le Yémen du Sud était un État indépendant – avec l’ancienne colonie britannique Aden pour capitale –
depuis sa création en 1967 jusqu’à l’unification avec le Yémen du Nord en 1990 sous la présidence du Nordiste Ali Abdallah Saleh.

Mais quatre ans plus tard, les Sudistes décident de se rebeller contre l’hégémonie du Nord, et une guerre qui oppose le Nord et le Sud de mai à juillet 1994 se termine par l’écrasement des Sudistes. Les Nordistes pénètrent alors en vainqueurs à Aden et le ressentiment de la population ne s’est depuis cette date pas atténué.
Dans le chaos ayant suivi le départ du président Ali Abdallah Saleh, après le soulèvement populaire de 2011, les Sudistes ont apporté un soutien conditionnel au président Abd Rabbo Mansour Hadi, lui-même originaire de la province sudiste d’Abyan. Le chef de l’État, fuyant les rebelles qui ont pris Sanaa, s’était réfugié en 2015 à Aden qu’il avait proclamée capitale provisoire.

Attentat à Chabwa
Dans la province de Chabwa (Sud), 14 personnes, dont des soldats, ont été tuées hier lors d’un « attentat-suicide » perpétré contre une cible militaire, a indiqué une source haut placée au sein de l’armée dans la région. L’attentat a visé un point de contrôle d’une force soutenue par les Émirats dans l’est de la ville d’Ataq, chef-lieu de la province, a précisé cette source ayant requis l’anonymat. Selon elle, l’attentat est le fait de jihadistes.
La guerre au Yémen a fait plus de 9 200 morts et près de 53 000 blessés depuis mars 2015 et aucune solution n’est en vue. Selon l’ONU, le pays est le théâtre de « la pire crise humanitaire du monde ».


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