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Liban - Trois questions à...

Farès Souhaid : Le Hezbollah risque de rafler les prochaines législatives

À quelques mois des législatives, l'ambassadeur d'Arabie saoudite s'active à entreprendre des contacts auprès des alliés de Riyad au Liban, quand bien même ceux-ci sont pris dans l'engrenage du compromis de la présidentielle. Une rencontre prochaine serait envisagée entre le Premier ministre, Saad Hariri, et le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, à la suite d'efforts saoudiens dans ce sens. Faut-il y voir les signes d'une alliance électorale en gestation face au Hezbollah ? L'ancien député Farès Souhaid se veut pessimiste. L'Arabie aurait compris que le compromis a neutralisé le discours souverainiste et que ses effets semblent à ce stade irréversibles.

Y a-t-il une initiative politico-diplomatique saoudienne visant à raviver les anciennes alliances autour d'un discours souverainiste ?
Il est erroné de parler d'une initiative saoudienne qui viserait à rétablir l'ancien 14 Mars, ni les vieilles alliances. Il s'agit plutôt d'une prise de conscience de la part de l'Arabie du risque évident que le Hezbollah remporte les prochaines législatives – c'est d'ailleurs pour cette raison que les législatives ont peu de chances d'être reportées, en dépit de mises en garde politiques contraires.
La prise de conscience saoudienne d'un risque de défaite face au camp iranien au Liban vaut aussi pour l'Irak, surtout qu'il y a coïncidence entre la date des législatives libanaises (le 6 mai) et irakiennes (le 12 mai). C'est toute la région qui risque de basculer dans le giron iranien, et l'Arabie l'a compris.

 

(Lire aussi : Relations libano-saoudiennes : en voie de normalisation..., le décryptage de Scarlett HADDAD)

 

Est-il possible pour Riyad de « se rattraper » à travers des démarches concrètes au Liban ?
Je ne pense pas qu'il soit possible de créer une opposition claire au Hezbollah qui affaiblisse l'éventualité de sa victoire aux législatives. Du moins pas avant les élections. Et cela en grande partie à cause d'un changement respectif de positions de la part de Saad Hariri et de Samir Geagea.
Le premier est pris au piège d'un sentiment de reconnaissance à l'égard de Michel Aoun, du Hezbollah et d'Amal pour leurs efforts de le « libérer » de l'Arabie lors de l'épisode de sa démission. La querelle autour du décret de la promotion de 1994 l'a encore enfoncé dans un sentiment d'embarras, étant donné que c'est sa signature qui a servi d'élément déclencheur de la polémique. Le second, lui, reste l'otage de la surenchère chrétienne dont Michel Aoun s'est fait maître. Preuve en est qu'il continue de faire le distinguo entre le président Michel Aoun dont il a assuré l'ascension à Baabda, d'une part, et le Courant patriotique libre, c'est-à-dire les pratiques de Gebran Bassil, de l'autre.
Leurs positions respectives sont grisâtres et donc peu propices à faire contrepoids au Hezbollah. Il faut dire toutefois que les deux entretiennent de bons rapports avec l'Arabie, auxquels tient d'ailleurs Saad Hariri. Mais le compromis de la présidentielle a déclenché un glissement progressif vers le camp du Hezbollah, si bien qu'il est désormais impossible de rétablir une opposition plurielle et consistante à la mainmise iranienne.

À quoi servent donc les contacts menés par l'Arabie au Liban, si la bataille semble perdue d'avance ?
L'Arabie saoudite sait que des opposants au Hezbollah se maintiennent tant bien que mal, notamment parmi les indépendants. C'est sur eux qu'elle parie pour créer un noyau dur d'opposition. Je maintiens moi-même mes efforts de mener un combat souverainiste aux prochaines législatives, même si je sais que la victoire sera difficile. Pour ce qui est des anciennes composantes politiques du 14 Mars, l'Arabie se contentera, il me semble, de déblayer le chemin d'une opposition postérieure aux législatives.

 

 

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commentaires (3)

LORSQU,ON DONNE SON ACCORD A UNE MAUVAISE LOI POUR LES ELECTIONS ON SUBIT LES CONSEQUENCES !

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 39, le 11 janvier 2018

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Commentaires (3)

  • LORSQU,ON DONNE SON ACCORD A UNE MAUVAISE LOI POUR LES ELECTIONS ON SUBIT LES CONSEQUENCES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 39, le 11 janvier 2018

  • "Le Hezbollah risque de rafler les prochaines législatives". Bien entendu, puisque la loi électorale a été faite exprès pour ça!

    Yves Prevost

    06 h 56, le 11 janvier 2018

  • Un pessimisme un peu déplacé, Mr Souhaid. Vous semblez baisser les bras trop vite: un défaitisme précoce comme si la bataille était perdue d’avance... Dommage: vous reconnaissez donc que le Hezbollah a gagné la mise et qu’après les élections le pays serait entre ses mains à tous points de vue. Qui blâmer? Si je comprends bien, entre les lignes: la couardise de Mr Hariri, devenu marionnette entre leurs mains et les faux calculs des Forces Libanaises? Si c’est bien ça, il faudrait cesser de parler de nationalisme Libanais: c’est de la rigolade pour des idéalistes et intellectuels naïfs et rêveurs... Pourvu que le pays ne finisse pas entre les mains d’une dictature théocratique et regretter l’ère de la tutelle syrienne!

    Saliba Nouhad

    02 h 10, le 11 janvier 2018

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