« Des motifs politiques se tiennent derrière le débat actuel. Celui-ci ne porte pas sur les droits des militaires. » C'est par ces propos que le président de la République, Michel Aoun, a expliqué la polémique observée entre Baabda et Aïn el-Tiné au sujet du décret accordant une année d'ancienneté aux officiers de la promotion 1994.
À l'heure où des proches de Baabda soulignent que le chef de l'État considère qu'il s'agit d'une question strictement technique que certains veulent politiser, une source parlementaire va beaucoup plus loin. Elle établit un lien direct entre la position du président de la Chambre Nabih Berry (qui estime que le décret dépourvu du contreseing du ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, constitue une atteinte à la Constitution et à l'accord de Taëf) et quatre propositions de loi portant sur le pétrole.
Il s'agit d'un texte évoquant la mise en place d'un Fonds souverain pour le pétrole et d'un autre prévoyant la création d'une « Chambre nationale pour le pétrole » au sein du ministère des Finances. Il y a aussi la proposition de loi concernant la création de la Compagnie nationale de pétrole (élaborée par le député Yassine Jaber appartenant au mouvement Amal), ainsi que la législation concernant la prospection pétrolière sur le territoire.
Selon la même source parlementaire, les quatre propositions de loi font l'objet de réserves formulées par les aounistes. Cela explique les derniers propos de Michel Aoun tenus devant une délégation du commandement de l'armée.
(Lire aussi : Polémique Aoun-Berry : les bénéfices du Hezbollah)
Outre l'opposition du Courant patriotique libre, les quatre projets berrystes se heurtent au veto du courant du Futur, par le biais du chef de son bloc parlementaire, Fouad Siniora. Ce dernier avait clairement fait savoir, lors des réunions des commissions parlementaires conjointes, que les propositions de loi de M. Berry relèvent de la compétence du Conseil des ministres, ajoute-t-on de même source, avant de faire valoir que le commandement de l'armée s'est rallié à la position de Michel Aoun concernant le décret de la promotion 1994. D'autant que, selon les mêmes sources, ce commandement a fait savoir au ministre des Finances qu'il est favorable à la publication du décret en question.
Face à ce tableau, l'ambassadeur de l'un des pays membres du Groupe de soutien international au Liban insiste sur la nécessité de mettre fin à la querelle entre MM. Aoun et Berry dans la mesure où elle menace la stabilité politique, qui devrait renforcer la stabilité sécuritaire.
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commentaires (4)
Walaw! Chou bada sou'él?
Wlek Sanferlou
15 h 40, le 30 décembre 2017